Choléra : tueur de pauvres


Publié le: Modifié:

Paris (AFP)- Le choléra, qui a fait un retour en Haïti trois ans après une épidémie dévastatrice, est une maladie bactérienne d’origine hydrique très contagieuse qui peut tuer en quelques heures.

La maladie touche principalement les personnes en situation de pauvreté et après des années de déclin, elle se propage à nouveau.

L’Organisation mondiale de la santé a mis en garde le mois dernier contre une « augmentation inquiétante » du nombre d’épidémies de choléra et a noté qu’elles étaient de plus en plus meurtrières.

Voici cinq choses à savoir sur un tueur qui peut être facilement arrêté dans son élan avec un assainissement et des médicaments appropriés.

Quelles sont les causes?

Le choléra est une infection diarrhéique aiguë causée par une bactérie en forme de virgule appelée vibrion cholérique, transmise par l’eau ou les aliments contaminés par des matières fécales humaines.

Elle touche principalement les personnes vivant dans l’extrême pauvreté ou dans les zones de conflit, avec peu ou pas d’accès à l’eau potable et à l’assainissement.

Le changement climatique alimente une résurgence, avec un nombre croissant d’inondations, de cyclones, de sécheresses et d’autres phénomènes météorologiques extrêmes réduisant l’accès à l’eau potable, créant un environnement idéal pour la propagation du choléra.

L’Organisation mondiale de la santé estime qu’il y a entre 1,3 et 4,0 millions de cas de choléra dans le monde chaque année, causant jusqu’à 143 000 décès.

Les trois quarts des personnes infectées ne présentent aucun symptôme, mais dans 10 à 20 % des cas, elles provoquent une diarrhée et une déshydratation sévères qui peuvent tuer en quelques heures si elles ne sont pas traitées.

Il est généralement traitable avec des solutions de réhydratation orale (sachets dissous dans l’eau), mais dans les cas plus graves, les patients ont besoin de liquides intraveineux et d’antibiotiques.

D’où est ce que ça vient?

Jusqu’au 19e siècle, le choléra n’existait que dans le delta du Gange en Inde.

Puis en 1817, il s’est propagé à d’autres régions d’Asie, ainsi qu’au Moyen-Orient et à l’Afrique de l’Est, marquant le début de la première pandémie de choléra.

Des millions de personnes ont été tuées dans six pandémies ultérieures, qui ont toutes commencé en Asie puis se sont propagées aux quatre coins du globe.

Jusqu’à présent cette année, 29 pays ont signalé des épidémies, contre moins de 20 pour les cinq années précédentes combinées, selon l’OMS.

Outre Haïti, où 33 décès dus au choléra ont été enregistrés depuis début octobre, la maladie se propage également rapidement en Syrie déchirée par la guerre et au Liban voisin en crise.

La guerre au Yémen a provoqué l’une des plus grandes épidémies de choléra de l’histoire moderne, les agences d’aide estimant en décembre 2017 le nombre de cas à un million.

Qui est à risque ?

Les personnes les plus susceptibles de contracter le choléra vivent dans des bidonvilles urbains ou des camps de réfugiés.

En Haïti, l’épidémie a été liée à des pénuries de carburant causées par un blocus de gangs du principal terminal pétrolier du pays qui a rendu difficile l’accès des malades aux hôpitaux.

Au moins 33 personnes sont décédées et 960 cas suspects ont été enregistrés par le ministère de la Santé.

Le retour du choléra a ravivé les souvenirs de l’épidémie introduite par les Casques bleus de l’ONU en 2010, après qu’un important séisme a ravagé le pays. La maladie a fait plus de 10 000 morts entre cette date et 2019.

– Existe-t-il un vaccin ? –

L’OMS a approuvé deux vaccins oraux, qui offrent une protection contre le choléra pendant 2 à 3 ans et sont destinés à être utilisés dans des situations d’urgence humanitaire.

Une protection complète nécessite deux doses d’un vaccin, mais la demande dépassant actuellement l’offre, l’OMS a recommandé un passage temporaire à une stratégie à une dose pour augmenter les stocks.



Source link -33