Les rebelles en Syrie ont rapidement conquis des villes clés et chassé le président Bashar al-Assad, marquant un tournant significatif après 14 ans de conflit. La chute d’Assad remet en question l’avenir du pays, dominé par le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS). Cette évolution pourrait également affaiblir la position de l’Iran dans la région et impacter le Hezbollah. Israël surveille attentivement la situation, espérant des conséquences favorables à sa sécurité.
Les développements en Syrie prennent une tournure rapide : en moins de deux semaines, une coalition de rebelles a réussi à s’emparer des villes clés et à chasser le président syrien Bashar al-Assad. Après près de 14 ans de conflit civil, un bouleversement significatif se profile dans ce pays du Moyen-Orient.
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L’administration Assad est-elle définitivement tombée ?
Le retour d’Assad au pouvoir semble désormais improbable après sa fuite de Damas. Ces dernières années, son administration fragile n’a pu subsister qu’avec l’appui de la Russie, de l’Iran, du Hezbollah libanais et d’autres milices alliées. Si Assad a survécu à sa fuite, il pourrait se cacher à Moscou. L’armée, qui était son principal soutien, a également annoncé la dissolution de son gouvernement. La Syrie a été sous le contrôle de la famille Assad pendant des décennies, avec Hafez, le père d’Assad, prenant les rênes en 1970.
Quel avenir pour la Syrie ?
L’avenir est incertain. L’alliance rebelle qui a pris le contrôle de vastes territoires, y compris Damas, est menée par le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS). Bien qu’il ait des antécédents de lien avec des organisations terroristes telles que l’État islamique (EI) et Al-Qaïda, HTS a depuis publiquement rompu ces liens. Son leader, Abu Mohammed al-Golani, se présente maintenant sous son nom civil, Ahmed al-Sharaa, et adopte une posture diplomatique. Cependant, HTS a aussi été accusé de tortures et d’exécutions. L’Union européenne et les États-Unis considèrent HTS comme une organisation terroriste.
HTS dominera-t-elle seule la Syrie ?
Non. HTS est le groupe rebelle le plus puissant, mais il a formé des alliances avec d’autres groupes pour combattre Assad. Cependant, après la chute de son gouvernement, des rivalités pourraient émerger entre ces groupes, entraînant de nouveaux conflits dans un vide de pouvoir. D’autres factions rebelles, soutenues par la Turquie dans le nord, ainsi que des milices kurdes et des cellules de l’EI, continuent d’opérer. Il est difficile de prédire quel groupe, ou une nouvelle coalition, pourrait accéder au pouvoir et quel rôle joueront les forces qui ont été loyales à Assad.
Quel est l’impact de la chute d’Assad pour la Syrie et son allié iranien ?
Pour ses détracteurs, la chute d’Assad marque la fin d’un des dirigeants les plus brutaux du Moyen-Orient, connu pour avoir utilisé des gaz toxiques et pratiqué la torture sur sa population. Les monuments à sa mémoire qui tombent évoquent les chutes de dirigeants en Irak et en Libye, comme Saddam Hussein et Mouammar Kadhafi. De nombreux Syriens célèbrent la fin du régime d’Assad, tandis que d’autres craignent l’émergence d’un nouveau régime violent sous l’emprise des islamistes.
L’Iran, quant à lui, perd un allié stratégique majeur. Téhéran a soutenu Assad militairement et financièrement, utilisant la Syrie comme un corridor vers le Hezbollah au Liban pour contrer Israël. Le changement de régime en Syrie complique la position de l’Iran au Moyen-Orient et son combat contre Israël. Les critiques affirment que la direction iranienne a gaspillé des milliards de dollars dans ce conflit.
Certains voient dans la chute d’Assad un tournant majeur pour l’axe de résistance iranien face à Israël. Après l’élimination de figures clés comme Ismail Haniyeh du Hamas et Hassan Nasrallah du Hezbollah, la fuite d’Assad représente une série de pertes pour cet axe. Un membre des Gardiens de la Révolution a même comparé cette situation à la chute du mur de Berlin, selon une journaliste du ‘New York Times’.
Quel sera l’impact de la chute d’Assad sur Israël ?
La situation en Syrie, pays limitrophe, est minutieusement surveillée par Israël. La chute d’Assad est perçue comme un revers pour l’Iran, ennemi juré d’Israël. Avec la coupure de la route terrestre entre l’Iran et la Méditerranée, le Hezbollah pourrait avoir des difficultés à se réarmer, compliquant davantage la situation après les récents conflits. Cela semble favorable à Israël.
D’un point de vue israélien, l’effondrement du régime d’Assad s’inscrit dans une réaction en chaîne régionale, déclenchée par l’attaque terroriste du Hamas et d’autres groupes extrémistes contre Israël le 7 octobre 2023.
Quelles seront les conséquences dans la région ?
L’analyste israélien Udi Evental évoque un ‘tremblement de terre régional’ suite à la chute d’Assad, s’attendant à plusieurs ‘répliques’ dans la région. Le Hamas dans la bande de Gaza et le Hezbollah au Liban ont déjà subi des revers significatifs. Le ‘cercle de feu’ créé par les alliés iraniens autour d’Israël a été largement démantelé avec les événements en Syrie.
Evental envisage de meilleures perspectives pour un cessez-le-feu et un accord sur les otages dans la bande de Gaza, après plus d’un an de conflits dévastateurs. ‘Le Hamas, privé de l’axe iranien, se retrouve isolé et montre un intérêt croissant pour un accord.’ Cela pourrait offrir une opportunité de ‘faire table rase’ avant l’entrée en fonction de Donald Trump comme président américain.