Le marché du cobalt connaît une forte chute, passant d’un métal prisé dans les batteries de véhicules électriques à un surplus d’offre entraînant une baisse drastique de son prix. La République Démocratique du Congo, principal producteur, a suspendu ses exportations pour tenter de stabiliser le marché. Parallèlement, la demande diminue alors que les fabricants se tournent vers des alternatives sans cobalt. Malgré cela, le cobalt conserve une certaine importance stratégique, notamment dans le secteur militaire.
L’évolution du marché du cobalt : un métal en déclin
Il y a quelques années, le cobalt était perçu comme l’avenir des métaux, un élément essentiel dans les batteries des véhicules électriques. Ce métal, dont le nom dérive du terme « kobold » en raison de son éclat bleuâtre et de ses vapeurs toxiques, a suscité un intérêt croissant alors que les experts prévoyaient une pénurie de ses réserves. Cela a entraîné une compétition féroce entre la Chine et les nations occidentales pour sécuriser des mines de cobalt. Le prix de ce métal a atteint des sommets en 2018, mais la situation a depuis drastiquement évolué.
En février, le prix du cobalt a chuté à son plus bas niveau en dix ans, en raison d’une offre largement supérieure à la demande. La République Démocratique du Congo, qui génère les trois quarts du cobalt mondial, a suspendu ses exportations pour quatre mois afin d’évaluer des solutions, y compris des restrictions permanentes sur les exportations. Comment un métal jadis en vogue a-t-il perdu toute sa valeur ?
Les origines de la chute du cobalt
Historiquement, le cobalt était un sous-produit négligé de l’extraction de cuivre et de nickel, utilisé principalement pour la fabrication d’aimants. Cependant, avec l’émergence des batteries lithium-ion dans les années 1990 et l’essor des préoccupations environnementales, le cobalt est devenu incontournable pour les batteries des appareils électroniques et des véhicules électriques. Les experts l’avaient même surnommé la « superstar » de l’industrie.
La République Démocratique du Congo a alors capté l’attention mondiale grâce à ses vastes réserves. La Chine, en particulier, a investi massivement pour sécuriser ces ressources, contrôlant la majorité du raffinage du cobalt. Cependant, cette domination a également conduit à un effondrement des prix, avec la société CMOC, le plus grand producteur mondial, augmentant sa production de manière significative. En conséquence, le prix du cobalt a chuté de 82 000 dollars la tonne en avril 2022 à seulement 21 500 dollars début février 2025.
Pour le gouvernement congolais, cette baisse de prix est préoccupante, car une part importante de ses revenus provient du secteur minier. En réponse, le gouvernement a décidé de suspendre les exportations pour stabiliser le marché, entraînant une légère hausse des prix. Toutefois, cet effet pourrait s’avérer temporaire.
La réalité est que le marché du cobalt est saturé et que la demande est en déclin, car de plus en plus de fabricants de véhicules optent pour des batteries sans cobalt, comme les batteries lithium-fer-phosphate. Bien qu’elles ne soient pas encore à la hauteur des batteries au cobalt en termes de puissance, elles sont jugées plus durables et respectueuses de l’environnement.
Malgré la baisse d’intérêt pour le cobalt, il reste un métal stratégique, par exemple dans l’industrie de l’armement. Dans le climat géopolitique actuel, où les dépenses militaires augmentent, le cobalt pourrait connaître une nouvelle montée en puissance, soulignant que son histoire est loin d’être linéaire.