La crise de confiance dans les médias américains : Comment elle a commencé et où elle en est aujourd’hui
La confiance dans les grandes agences de presse américaines a atteint un point critique : plus de la moitié des Américains ont désormais une opinion défavorable des médias, et 50 % ont le sentiment que la plupart des organes de presse tentent délibérément de tromper, de désinformer ou de persuader le grand public, selon un récent sondage. Cette méfiance presque généralisée des Américains envers les médias est symptomatique d’un phénomène qui remonte à plus de deux décennies.
La crise de confiance actuelle des Américains envers les médias a des racines bien plus anciennes, remontant à 2002 et 2003. À l’époque, l’administration de George W Bush travaillait sans relâche pour vendre aux Américains l’idée d’envahir l’Irak, ce qui n’avait rien à voir avec les attentats terroristes du 11 septembre 2001. Les informations triées sur le volet, mal interprétées ou simplement inventées pour justifier une guerre désastreuse ont été relayées par les médias grand public, qui n’ont pas correctement examiné les renseignements.
Les journalistes américains n’ont pas fait leur travail en faisant preuve de scepticisme et en exigeant des preuves supplémentaires. Les médias assoiffés de scoops sur la plus grande histoire de l’époque ont répété les justifications de l’administration Bush jusqu’à ce qu’un consensus général sur la « vérité » émerge : Saddam avait des armes de destruction massive et était amorcé de les utiliser pour attaquer l’Amérique ou ses alliés.
La déclaration de Colin Powell, alors secrétaire d’État américain, au Conseil de sécurité de l’ONU en février 2003, affirmant que les « preuves » qu’il présentait prouvaient que Saddam Hussein disposait de vastes stocks d’armes de destruction massive (ADM), était étayée par de « solides sources ». Le chef du Pentagone, Donald Rumsfeld, avait insisté un mois plus tôt sur le fait que le régime de Saddam avait « d’importants stocks d’armes chimiques et biologiques non comptabilisés » et poursuivait un programme d’acquisition et de développement d’armes nucléaires.
La guerre en Irak a été construite sur une prémisse erronée et s’est avérée être désastreuse. Ce fiasco a fatalement terni la réputation des médias américains, qui ont été critiqués à juste titre pour leur manque de rigueur journalistique.
La crise de confiance actuelle a été renforcée par la polarisation politique, souvent exacerbée par les réseaux sociaux, qui permettent aux gens d’ignorer facilement les histoires avec lesquelles ils ne sont pas d’accord ou de les qualifier de fiction.
La ferveur hyper-patriotique qui a saisi une grande partie de l’Amérique après les attentats du 11 septembre a mis un frein au débat, qui était considéré comme de la dissidence, jugée antipatriotique. Une contestation rigoureuse des revendications du gouvernement était particulièrement cruciale, étant donné que le parti d’opposition démocrate était largement tombé au même rythme que l’administration Bush. Au lieu de cela, le chien de garde du pays a fait une sieste.
La crise de confiance actuelle doit être abordée de front. Les médias américains doivent retrouver leur crédibilité en revenant à une éthique journalistique rigoureuse et en se concentrant sur la vérité plutôt que sur les scoops et la complaisance politique. Les journalistes doivent être en mesure de confronter les événements tout en évitant les pièges de la fausse objectivité qui donne l’impression d’équilibrer le discours, mais qui sert en réalité à renforcer les préjugés et les mensonges politiques.
La crise de confiance dans les médias américains est un problème dont les conséquences sont graves. Les médias doivent reconnaître leurs erreurs passées et travailler à regagner la confiance des Américains en leur fournissant des informations équilibrées et rigoureuses.
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