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Les militants ont critiqué les précédents pourparlers de l’ONU sur le climat en les qualifiant de lents, complexes et inefficaces. Alors que les pays du monde entier ne parviennent pas à respecter les engagements climatiques de maintenir les températures mondiales sous la barre fatidique de 2 degrés Celsius, la COP27 de cette année en Égypte peut-elle dépasser les échecs du passé – ou est-elle vouée à décevoir ?
Depuis près de 30 ans, la Conférence annuelle des Parties (COP) est la cause célèbre des pourparlers internationaux sur le climat. La COP27 de cette année démarre dimanche à Charm el-Cheikh, en Égypte, sous l’égide de l’ONU. Quelque 200 pays y participeront, ainsi que diverses entreprises, ONG, scientifiques et journalistes.
Bien que ces pourparlers monumentaux soient censés apporter des solutions sur la manière de lutter contre le changement climatique, ils sont souvent critiqués pour avoir apporté un nombre limité de résultats sur la table. Témoin de la COP de l’année dernière à Glasgow, la militante suédoise pour le climat Greta Thunberg a qualifié les conférences de « greenwashing ». […] pas vraiment destiné à changer tout le système ». Le jeune homme de 19 ans ne participera pas à la COP27.
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« L’une des principales raisons des critiques est que nous ne voyons pas les effets concrets des engagements pris. Il y a un manque de redevabilité et de suivi des ressources et des moyens promis [by attendees]», explique Sébastien Treyer, directeur de l’Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI), en référence au Global methane pledge et à l’alliance financière pour le net-zéro, tous deux imaginés lors de la COP26 à Glasgow l’an dernier.
Pour leurs détracteurs, les conférences COP n’ont servi que très peu ou pas du tout. Et peut-être avec raison. Les émissions de gaz à effet de serre ont atteint un nouveau sommet en 2021, la perte de biodiversité est endémique et le réchauffement climatique s’est rapidement accéléré, provoquant d’intenses vagues de chaleur, des incendies de forêt dévastateurs et des inondations historiques.
Pire encore, les anciens engagements pris par les pays participants ne sont pas tenus. L’accord de Paris sur le climat, signé en 2015 lors de la COP21, s’est engagé à limiter la hausse des températures à 1,5 degré Celsius par rapport aux niveaux préindustriels. Mais le monde est loin d’être sur la bonne voie, se dirigeant vers une hausse d’environ 2,5°C d’ici la fin du siècle. Une trajectoire « catastrophique », selon le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.
Il est difficile de croire que la prochaine COP puisse inverser cette tendance, compte tenu de la crise énergétique qui se profile et des tensions persistantes entre la Chine et les États-Unis, les deux plus gros pollueurs du monde.
Une COP « de transition »
Même s’il ne faut pas s’attendre à des résultats miraculeux lors de la COP27, la conférence de cette année est utile à plusieurs égards. Premièrement, pour aider à préparer le terrain pour les futures conférences. Les négociations sur le climat sont si complexes qu’elles nécessitent régulièrement des COP dites « de transition ».
« La COP27 est l’occasion de préparer la première revue globale en 2023, qui fera le point sur la mise en œuvre de l’accord de Paris. Il s’agit de définir quels critères seront utilisés pour mesurer les progrès qui ont été réalisés », explique Clément Sénéchal, militant pour le climat de Greenpeace, quelques heures avant son départ pour Charm el-Cheikh.
Première du genre à se tenir en Afrique, le continent le moins polluant du monde, la COP27 devrait être une étape importante pour la justice climatique. Les pays les plus vulnérables au changement climatique ont l’intention d’unir leurs forces et de demander des comptes aux pays industrialisés cette année.
En 2009, les pays riches se sont engagés à mobiliser 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 pour l’action climatique dans les pays en développement. Mais les pays développés disent maintenant qu’ils ne respecteront pas cet engagement avant 2023, avec trois ans de retard. Seuls 79,6 milliards de dollars de financement climatique ont été fournis, bien moins que les 340 milliards par an nécessaires à l’adaptation d’ici 2030, selon l’ONU.
« Nous sommes confrontés à un moment géopolitique extrêmement compliqué dans lequel les pays du Sud manifestent leur méfiance envers l’Occident. Nous espérons que l’Allemagne et le Canada, leader du groupe des pays du Nord sur cette question, trouveront des engagements plus précis afin de rétablir la confiance dans le Sud, qui a d’immenses besoins d’investissements », explique Sébastien Treyer.
La raison d’être de la COP
Fournir une plate-forme permettant aux pays vulnérables de parler d’égal à égal avec les pays du Nord est sans aucun doute la plus grande force de la COP. « C’est le seul forum multilatéral où des discussions comme celles-ci ont réellement lieu », insiste le militant Clément Sénéchal. Mais l’inconvénient est que les décisions doivent être prises à l’unanimité. « Chaque pays a un droit de veto, donc nous nous retrouvons généralement avec le plus petit dénominateur commun. »
« Le forum multilatéral n’est pas parfait, mais c’est ce que nous avons de mieux », déclare Treyer, directeur de l’Iddri, qui insiste sur l’importance de parvenir à « des accords au plus haut niveau » pour accélérer la transition écologique.
En mobilisant la société civile et en sensibilisant l’opinion publique, les conférences COP ont aussi le mérite de créer une culture commune autour des grands enjeux climatiques, cruciale lorsque des pays aussi différents participent à la même conversation.
La convention annuelle sur le climat encourage « l’apprentissage collectif et le partage d’expériences », déclare Treyer. « Le sevrage du charbon est un véritable défi en Afrique du Sud et en Indonésie, comme cela l’a été pour l’Allemagne. Il est important que ces pays parlent de leurs expériences et comprennent comment lancer des négociations politiques et sociales complexes pour amorcer la transition.
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« Les événements de la COP maintiennent également les canaux diplomatiques ouverts sur des questions qui ont des implications géopolitiques critiques. Le changement climatique entraîne des déplacements de population, des tensions sur les ressources naturelles et défie des intérêts puissants », déclare Sénéchal de Greenpeace. « Sans cela, l’alternative est la guerre et les luttes de pouvoir au niveau international », conclut-il.
Cet article a été traduit de l’original en français.
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