La coalition entre le SPD, les Verts et le FDP fait face à des tensions croissantes, notamment autour d’un déficit budgétaire et d’une stratégie économique. Des propositions divergentes émergent, comme celle d’Habeck pour un fonds d’infrastructure et les idées de Lindner pour une transition économique. L’économie allemande, prévue en récession pour 2024, subit des pressions, illustrées par des difficultés chez Volkswagen. Des initiatives de croissance sont annoncées, mais restent sans mesures concrètes à ce jour.
Le SPD, les Verts et le FDP en pleine bataille pour une politique gouvernementale efficace et la survie de leur coalition. Qu’est-ce qui se joue lors de cette ‘semaine décisive’ et quels sont les enjeux qui pourraient entraîner leur échec ? Voici un aperçu.
La tension monte au sein de la coalition sémaphore. Les agendas des leaders des partis sont chargés et les points à discuter entre le SPD, les Verts et le FDP s’accumulent. Parmi ces sujets cruciaux figurent l’avenir de l’alliance, la direction de la politique économique et l’impact des élections américaines.
Dès dimanche soir, le ministre des Finances Christian Lindner (FDP) et le chancelier Olaf Scholz (SPD) se sont réunis au bureau du chancelier pour aborder ces questions. Aujourd’hui, une discussion est prévue entre le chancelier Scholz, Lindner et le ministre de l’Économie, Habeck.
Les points de friction au sein de la coalition
Deux enjeux majeurs sont au cœur des désaccords : le déficit de plusieurs milliards dans le budget fédéral, qui doit être résolu avant la prochaine réunion de la commission des finances, et la stratégie pour sortir de la crise économique.
Les tensions se sont intensifiées récemment avec la proposition de Robert Habeck (Verts) pour créer un fonds d’investissement et d’infrastructure d’État, tandis que Lindner a présenté un document contenant des idées pour un virage économique. Dans ce dernier, le leader du FDP évoque une ‘transition économique’ nécessitant une ‘révision fondamentale’ des décisions politiques existantes. Il propose un moratoire immédiat sur l’adoption de nouvelles régulations et suggère la suppression de la surtaxe de solidarité pour tous, tout en remplaçant les objectifs climatiques nationaux par des objectifs au niveau européen.
Des analystes politiques ont fait référence à un concept proposé par l’ancien ministre de l’Économie Otto Graf Lambsdorff (FDP) lors de la coalition socio-libérale sous Helmut Schmidt (SPD) en 1982. Ce document, qui visait à ‘surmonter la faiblesse de la croissance et à lutter contre le chômage’, a été connu sous le nom de ‘lettre de divorce’. Quelques jours plus tard, Helmut Kohl (CDU) a été élu chancelier fédéral par un vote de défiance constructif.
Dans le contexte actuel, des appels sont lancés pour renforcer les initiatives de relance économique.
État des lieux de l’économie allemande
Pour 2024, une deuxième année consécutive de récession est prévue. L’Allemagne se retrouve à la traîne par rapport à d’autres grandes puissances économiques. Le secteur industriel est particulièrement touché, comme l’indique une enquête de la Chambre allemande de l’industrie et du commerce. La situation chez Volkswagen, marquée par des fermetures d’usines et des suppressions d’emplois, en est une illustration frappante.
Le FDP a organisé un contre-sommet lors du premier sommet industriel, invitant des associations économiques qui n’avaient pas été conviées par Scholz. Cette initiative a suscité des critiques et des interrogations sur la cohésion de la coalition.
Le gouvernement fédéral a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour 2024, une situation préoccupante.
Initiatives de croissance : où en est-on ?
En juillet, le gouvernement avait annoncé une initiative de croissance, prévoyant des améliorations en matière d’amortissements d’investissements, de réduction de la bureaucratie et d’incitations à l’emploi. Des allégements pour les entreprises étaient également envisagés dans le cadre de la loi controversée sur les chaînes d’approvisionnement. Selon les prévisions gouvernementales, ce plan pourrait générer une croissance supplémentaire de plus d’un demi-point l’année prochaine.
Cependant, aucune mesure concrète n’a encore été mise en œuvre concernant cette initiative. De nombreuses propositions restent en attente au sein du cabinet. Pour des points essentiels comme les améliorations fiscales, l’aval du Bundesrat est nécessaire, et des négociations difficiles sont à prévoir en raison des pertes fiscales potentielles pour les États.