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Je passé revient dans toute sa laideur et ses tourments dans le documentaire rigoureux de Sylvaine Dampierre qui remet en cause l’idée préconçue selon laquelle la marche du temps est automatiquement parallèle à la marche du progrès. En 1842 dans l’archipel guadeloupéen, un esclave du nom de Sébastien est accusé de sorcellerie par son maître, et laissé mourir dans sa cellule. Des siècles plus tard, des ouvriers d’une sucrerie à Marie-Galante, l’île où Sébastien est mort, lisent les transcriptions du procès entourant sa mort.
En ouvrant une porte sur la cruauté subie par Sébastien de la part de ses maîtres acquittés, le film fait le lien avec l’exploitation par le travail subie par les ouvriers des usines de la Marie-Galante d’aujourd’hui. Leurs emplois sont précaires et durables. Comme les opportunités d’emploi sur l’île sont rares, les travailleurs n’ont d’autre choix que d’être soumis à des conditions exténuantes pour des salaires insuffisants. Les scènes où les hommes récoltent la canne à sucre sous le soleil brûlant reflètent étrangement des passages des documents judiciaires historiques, qui décrivent le labeur physique du travail sur le terrain avec des détails déchirants. L’esclavage est aboli depuis longtemps, mais le système actuel d’exploitation continue de laisser peu de place aux travailleurs.
Enveloppées dans une cacophonie de sifflements et de grincements de métaux, les séquences tournées à l’intérieur de l’usine sont d’une beauté inquiétante, tant elles évoquent à la fois le rythme des rituels quotidiens des ouvriers et révèlent le désintérêt des patrons pour leur bien-être. Technologiquement obsolètes, et peut-être même dangereuses à faire fonctionner, certaines machines semblent aussi vieilles que l’usine elle-même, qui a ouvert ses portes en 1996. En sensibilisant à l’environnement dangereux vécu par les ouvriers, le film de Dampierre retrace avec force comment les hiérarchies du passé continuent de favoriser les inégalités sociales d’aujourd’hui.
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