L’économie allemande a enregistré une croissance inattendue de 0,2 % au troisième trimestre, grâce à une augmentation des dépenses des consommateurs. Cependant, les experts restent sceptiques quant à un redressement durable, signalant des faiblesses structurelles persistantes. Alors que certaines industries, comme l’automobile, font face à des défis, des indications positives émergent, telles qu’une hausse de l’indice du climat des affaires. Néanmoins, la Bundesbank et le gouvernement prévoient une stagnation économique continue, marquée par des incertitudes et des perspectives décevantes.
Surprise de taille pour l’économie allemande : elle a enregistré une croissance au cours du troisième trimestre, portée par une hausse des dépenses des ménages. Cependant, les experts ne croient pas encore à un véritable retournement de la tendance.
L’Allemagne a affiché une croissance inattendue de son produit intérieur brut (PIB) de 0,2 % entre juillet et septembre, selon l’estimation préliminaire de l’Office fédéral des statistiques. Ce chiffre a surpris les économistes qui anticipaient une contraction de 0,1 %.
Après une légère expansion au premier trimestre, l’économie allemande avait subi un recul de 0,3 % au deuxième trimestre, une baisse plus marquée que celle prévue initialement. Bien que deux trimestres consécutifs de déclin auraient signifié une récession technique, les économistes avaient redouté ce scénario, qui ne s’est finalement pas matérialisé.
Une légère amélioration ?
Les statisticiens attribuent cette croissance du troisième trimestre principalement à l’augmentation des dépenses de consommation, tant publiques que privées. « L’économie, malgré de nombreuses faiblesses structurelles, montre des signes de vie, en partie grâce à des consommateurs un peu moins hésitants », a commenté Alexander Krüger, économiste en chef à la banque Hauck Aufhäuser Lampe. Cependant, il reste à préciser que nous ne sommes pas encore face à une reprise conjoncturelle solide.
En ce qui concerne le marché du travail, les chiffres du chômage pour octobre révèlent que le ralentissement économique continue d’avoir un impact sur l’emploi.
Perspectives de stagnation par la Bundesbank
L’incertitude économique perdure parmi les entreprises et les consommateurs. Des secteurs vitaux, comme l’industrie automobile, subissent une pression considérable. Par exemple, Volkswagen a subi une chute significative de ses bénéfices.
Malgré cela, une lueur d’espoir est apparue récemment avec l’indice du climat des affaires de l’ifo, un indicateur clé pour l’économie locale, qui a enregistré sa première hausse en octobre après quatre baisses consécutives. « L’économie allemande a temporairement réussi à interrompre sa chute », a déclaré Clemens Fuest, président de l’ifo. Néanmoins, Klaus Wohlrabe, l’un des responsables de l’enquête, affirme qu’il est encore trop tôt pour parler d’un véritable retournement.
La Bundesbank prévoit une stagnation pour l’économie allemande, indiquant dans son dernier rapport mensuel que l’activité économique pourrait connaitre une pause au quatrième trimestre. « Bien qu’aucune récession prononcée ne soit attendue, l’économie reste coincée dans une phase de faiblesse depuis la mi-2022 », précise-t-elle.
Multiples défis pour l’économie
Le gouvernement fédéral reste pessimiste, anticipant une contraction du PIB de 0,2 % pour l’ensemble de l’année. Ce recul représenterait la deuxième année consécutive de récession après une légère diminution en 2023. Selon les prévisions, l’économie devrait repartir à la hausse en 2025 avec une croissance de 1,1 %. Le FMI se montre encore plus réservé, s’attendant seulement à une stagnation en 2024 et à une légère augmentation de 0,8 % en 2025.
L’économie allemande fait face à de nombreux obstacles : la Chine, traditionnellement moteur de croissance, ralentit, et les faillites d’entreprises se multiplient. Alors que l’industrie manque de commandes et que les perspectives d’exportation se ternissent, de nombreux consommateurs ont choisi d’épargner davantage que l’année précédente, particulièrement au premier semestre. Ce changement de comportement complique le redémarrage de la consommation, qui était longtemps considérée comme l’un des principaux facteurs de relance économique.