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Les îles Falkland sont les marbres du Parthénon de la diplomatie britannique. Ils font ressortir les pitreries les plus stupides dans ce qui passe pour son « rôle sur la scène mondiale ».
L’élection d’un nouveau leader populiste en Argentine a fait de la réouverture de la question des Malouines une quasi-certitude, et cela s’est avéré. La figure bizarre de Javier Milei ne restera peut-être pas longtemps sur la scène mondiale, mais il a fait l’honneur à l’histoire britannique de qualifier Thatcher de « l’un des grands dirigeants de l’histoire de l’humanité ». Il a suggéré à juste titre que le moment était peut-être venu, une fois de plus, de rouvrir la question de la souveraineté des Malouines, non pas militairement mais diplomatiquement.
Puisque le dernier gouvernement britannique à avoir fait une telle proposition était celui d’une certaine Margaret Thatcher, cela pourrait ne pas paraître déraisonnable. En effet, sans la folie du dictateur argentin, le général Galtieri, il aurait été parfaitement possible qu’un accord de vente et de cession-bail de 99 ans sous les auspices de l’ONU aurait pu être conclu en 1980. Il avait été négocié depuis 1971 et Ted Rowlands du Labour avait a vendu un tel accord aux insulaires en 1977. Si les travaillistes n’avaient pas perdu en 1979, c’était une probabilité.
A cette époque, les insulaires entrent en contact avec les le continent était proche – y compris les écoles partagées. L’accord Rowlands a été repris et vendu à nouveau, plutôt sans tact, aux insulaires par le ministre adjoint de Thatcher, Nick Ridley. Pourtant, à son retour, Ridley – et sa proposition d’accord de location – a été attaqué par tous les côtés du Parlement. Ce fut un facteur précipitant l’invasion argentine qui suivit.
Une certaine version de souveraineté commune a ensuite été proposée par les Péruviens peu avant le débarquement britannique en 1982. Elle aurait assuré la position des insulaires selon des conditions déjà négociées. Cela aurait sauvé des centaines de vies et ne coûterait pas aux contribuables britanniques quelque 60 millions de livres sterling par an pour défendre les îles, soit environ 2,4 milliards de livres sterling pendant 40 ans. Rien n’illustre autant la stupidité du culte durable de l’impérialisme britannique.
Le ministère des Affaires étrangères semble disposer de sommes illimitées pour les gestes impériaux. Les ministres des affaires sociales peuvent se dévorer le cœur. Des transporteurs sont envoyés en mer de Chine méridionale, des destroyers en mer Noire et un patrouilleur aux Malouines. À quoi bon ? Indépendamment de l’hypocrisie de Jeremy Hunt qui prétend manquer d’argent, ce machisme d’écolier ridiculise la Grande-Bretagne.
Les Malouines semblent « appartenir » non pas à la Grande-Bretagne mais à leurs habitants, du moins c’est ce que laisse entendre le secrétaire à la Défense, Grant Shapps, en leur concédant à tout prix toutes les décisions concernant leur avenir. Un précédent gouvernement conservateur avait admis que ce coût – alors bien moindre – était prohibitif et absurde. Il a décidé que certaines petites îles situées à des milliers de kilomètres au large des côtes de l’Amérique du Sud seraient mieux avisées de nouer des relations avec leur proche voisin. Aucun observateur sensé n’a hésité.
Les plans Rowlands, Ridley et Péruvien offraient la sécurité aux insulaires. L’ONU et d’autres pays d’Amérique latine devaient partager les garanties. Il n’a jamais été nécessaire d’engager des dépenses pour la fortification actuelle. La seule raison du refus de Londres de reprendre les négociations est franchement que les Malouines étaient la dernière étincelle de gloire militaire de la Grande-Bretagne. C’était il y a 40 ans. Cela ne peut justifier l’abandon de tout bon sens.
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Simon Jenkins est chroniqueur au Guardian
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