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L’agitation autour de la réforme des retraites en France s’est intensifiée jeudi, avec l’incendie de la mairie de Bordeaux.
Plus d’un million de manifestants sont descendus dans les rues à travers la France, au milieu d’un regain de violence et de tension.
457 arrestations ont été effectuées et 441 policiers blessés, selon le ministre de l’Intérieur du pays, Gérald Darmanin.
Le porche de la mairie de Bordeaux, où le roi Charles III doit être reçu en début de semaine prochaine, a été incendié jeudi soir. On ne sait pas qui est derrière l’incendie, que les pompiers ont rapidement éteint.
Les troubles – qui en sont maintenant à leur neuvième jour – ont été déclenchés par la tentative du président français Emmanuel Macron de faire passer l’âge de la retraite de 62 à 64 ans.
Il affirme que la réforme est nécessaire pour rendre le système économiquement viable, le nombre croissant de retraités faisant peser une charge sur l’État.
Cependant, il est profondément impopulaire et l’utilisation par Macron de pouvoirs spéciaux pour imposer la législation au Parlement a été vivement critiquée comme antidémocratique et autoritaire.
Les sondages suggèrent que jusqu’à 70% des citoyens français rejettent la réforme.
Les puissants syndicats français ont été le fer de lance du mouvement de protestation, avec un fonctionnaire sur six en grève hier, tandis que des tonnes de déchets s’entassent dans les rues au milieu d’une grève des éboueurs.
Entre 1 et 3,5 millions de personnes auraient défilé hier dans 300 villes.
De violents affrontements entre agents anti-émeutes et manifestants ont ponctué plusieurs manifestations ces derniers jours, la Première ministre Elisabeth Borne jugeant les « violences et dégradations » « inacceptables ».
La police, à son tour, a été accusée d’avoir fait un usage excessif de la force. Des images circulant en ligne prétendent montrer un groupe d’officiers anti-émeute pointant une arme à feu sur la presse couvrant une manifestation.
L’incendie de Bordeaux a duré une quinzaine de minutes et a endommagé la porte massive en bois de l’immeuble, avant d’être éteint par les pompiers, selon Pierre Hurmic, maire de Bordeaux.
« C’est la maison de Bordeaux, je ne vois pas vraiment le symbole derrière », a-t-il dit, se disant « très choqué ».
Des enquêtes sont en cours.
Les syndicats ont appelé à de nouvelles manifestations mardi prochain, ce qui coïnciderait avec la visite d’État du roi Charles III dans le pays. Il doit visiter la ville de Bordeaux, dans le sud-ouest, ce jour-là.
Pour la première fois depuis le début de la contestation, des gaz lacrymogènes ont été tirés par la police sur des groupes de jeunes masqués lançant des projectiles et incendiant des barricades à Bordeaux.
La manifestation de jeudi dans la cité viticole a réuni entre 18 000 et 110 000 personnes.
Parallèlement, sept personnes ont été interpellées pour jets de projectiles, incendie criminel et outrage, selon les autorités.
Des affrontements violents ont été signalés à Nantes et à Rennes, où des canons à eau ont été utilisés, et un commissariat de Lorient a été pris pour cible. Lille et Dijon auraient également été tendus.
A Brest, Aurélia Vaillant, restauratrice de 44 ans, a confié à l’AFP qu’elle « ira jusqu’au bout ».
« Il y a trop d’enjeux pour arrêter maintenant », a-t-elle déclaré, ajoutant que Macron était « méprisé » pour avoir utilisé les pouvoirs constitutionnels pour imposer la législation sans vote parlementaire.
Mercredi, Macron est resté résolu, affirmant que sa réforme était « nécessaire » tout en qualifiant les auteurs de violences de « factieux ».