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Au-delà des risques environnementaux et du précédent qu’une telle décision créerait, l’exploitation des fonds marins n’est en aucun cas une bonne affaire économique, écrivent les députés européens Pascal Canfin et Catherine Chabaud.
La Norvège a-t-elle ouvert la voie à l’exploitation minière des fonds marins après le vote du Storting du 9 janvier ? L’ouverture de 281 000 kilomètres carrés (l’équivalent de la moitié du territoire français) à la prospection minière, en vue d’une exploitation future, soulève de nombreuses inquiétudes, comme l’impact environnemental sur ces écosystèmes uniques et encore si mal connus.
Nous souhaitons exprimer, au nom du Parlement européen, notre profonde inquiétude aux décideurs et aux citoyens norvégiens face à cette décision, qui intervient à un moment où un nombre croissant de pays, de scientifiques, d’associations, ainsi que de constructeurs tels que Volvo , Northvolt et Samsung appellent à un moratoire sur l’exploitation minière des fonds marins ou, comme Equinor, à une approche de précaution.
L’Agence norvégienne pour l’environnement – l’organisme gouvernemental chargé des évaluations stratégiques d’impact environnemental – a jugé l’évaluation d’impact environnemental insuffisante pour ouvrir à la fois l’exploration et l’exploitation.
En outre, la communauté scientifique mondiale a déclaré que les connaissances et la technologie ne sont pas suffisamment avancées pour garantir une extraction « durable » des minéraux des fonds marins.
Le principe de précaution pour amener la Norvège à repenser sa décision
La région arctique ciblée par la Norvège abrite une biodiversité exceptionnelle et joue un rôle crucial dans la régulation climatique.
Elle est couverte par un cadre juridique que la Norvège pourrait enfreindre : la Convention OSPAR pour la protection du milieu marin de l’Atlantique du Nord-Est.
De plus, le traité du Svalbard garantit l’égalité d’accès à cette région, ce qui inclut des quotas de pêche pour les navires européens, quotas qui pourraient être remis en question tout autant que le respect par la Norvège de ce traité.
De même, la compatibilité de la décision norvégienne avec le nouveau traité des Nations Unies sur la haute mer (traité BBNJ), qui exige des évaluations d’impact environnemental pour les activités susceptibles d’avoir un impact sur la biodiversité en haute mer, doit également être remise en question.
Pour toutes ces raisons, le Parlement européen vient d’adopter, le 7 février, à une très large majorité, une résolution exprimant une inquiétude générale face à la décision norvégienne. Le principe de précaution devrait, comme nous le pensons, amener la Norvège à reconsidérer cette décision d’ouverture.
L’exploration doit être avant tout d’ordre scientifique et ne doit surtout pas être un premier pas vers une exploitation industrielle, à l’heure où un code minier international est en cours de négociation par l’Autorité internationale des fonds marins et où ces écosystèmes des fonds marins sont, pour la plupart, encore inconnu.
Pourquoi le faire si vous ne pouvez pas le vendre ?
Et ne nous y trompons pas : oui, l’Union européenne transforme son économie, ce qui passe par une électrification massive, et oui, nous aurons besoin de cobalt, de cuivre et de lithium.
Cependant, nous avons déjà décidé de ne pas importer n’importe comment. Notre législation adoptée en juillet 2023 sur les batteries intègre les émissions de carbone liées à l’extraction des minéraux pour décider si une batterie peut ou non être mise sur le marché européen.
Parallèlement, nous étudions déjà la possibilité de conditionner l’accès au marché européen à des critères environnementaux pour les minéraux de transition dans le cadre de la nouvelle loi sur les matières premières critiques.
En d’autres termes, les produits issus de l’exploitation minière des fonds marins norvégiens n’ont aucune garantie d’être un jour vendus sur le marché européen.
Au-delà des risques environnementaux et du précédent qu’une telle décision créerait, l’exploitation des fonds marins n’est en aucun cas une bonne affaire économique.
Le Royaume de Norvège jouit d’un leadership international. Cette loi le mine clairement.
Pascal Canfin (Liste Renaissance/Renew) est député européen (MPE) et président de la commission de l’environnement du Parlement européen, et Catherine Chabaud (Mouvement Démocrate/Renew) est marin et députée européenne (MPE). .
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