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Dans les couloirs du pouvoir européens, les gens sont parfaitement conscients que si les réformes nécessaires ne sont pas mises en œuvre, 2024 ouvrira un nouveau cycle de reproches et de menaces qui empoisonnera une fois de plus les relations UE-Turquie, écrivent Christos Kourtelis et Caglar Ozturk.
Quelques mois avant les élections turques de mai, le président sortant Recep Tayyip Erdoğan a montré des signes de changement de ton agressif envers l’UE.
Il a déclaré que la Turquie avait l’intention de devenir membre à part entière de l’UE et a demandé à l’Union d’accélérer le processus.
Cependant, de telles déclarations ne sont pas nouvelles pour le président turc, dont les paroles et les actions ne concordent pas. Pour que ces relations se développent, un changement tangible dans la politique étrangère et intérieure turque est absolument nécessaire.
De tels changements sont très urgents, car le processus d’adhésion de la Turquie est gelé depuis juin 2018.
L’agenda positif, lancé en octobre 2020, n’a pas donné de résultats sérieux, car la Turquie menaçait d’autres États membres de l’UE avec ses activités de forage en Méditerranée orientale.
Les menaces de sanctions de Bruxelles ont contribué à stopper les activités de forage turques, mais depuis lors, les discussions se sont concentrées uniquement sur les défis urgents, tels que la gestion des flux migratoires, la modernisation de l’Union douanière (UC) et la libéralisation des visas pour les citoyens turcs.
L’approche fragmentaire de la Turquie entrave-t-elle le progrès ?
Il y a quelques mois, en juin, afin de redynamiser l’agenda positif, le Conseil européen a demandé au Haut Représentant et à la Commission européenne de préparer un rapport sur l’état actuel des relations entre l’UE et la Turquie et sur les instruments et options potentiels pour procéder de manière stratégique et de manière « de manière tournée vers l’avenir ».
Le rapport a pris en compte les piliers de l’agenda positif, mais l’approche fragmentaire de la Turquie entrave jusqu’à présent l’amélioration des relations bilatérales.
Plus précisément, le fait que la Turquie n’ait pas réussi à répondre à tous les critères de la feuille de route préparée parallèlement à la déclaration UE-Turquie de mars 2016 n’aide pas les décideurs politiques de l’UE à suggérer la libéralisation des visas.
En fait, ces dernières années, les demandes de visa des citoyens turcs ont été de plus en plus rejetées.
Il semble que les institutions européennes aient reconnu la lenteur du processus de réforme dans le pays candidat, puisque la communication conjointe conseille aux États membres de faciliter l’accès uniquement à des groupes spécifiques, tels que les étudiants, les entrepreneurs et les citoyens turcs ayant des membres de leur famille dans l’UE.
Les problèmes liés aux règles commerciales restent sans réponse
La modernisation de l’Union douanière est un autre sujet important dans les relations bilatérales. Suite à la demande de la Commission européenne auprès de la Banque mondiale concernant l’impact de la modernisation de l’union douanière et de l’accord sur les flux migratoires de 2016, les deux parties ont décidé de reprendre les discussions sur l’Union douanière.
Les discussions ont été rapidement interrompues en raison des provocations turques en Méditerranée orientale et des barrières que le gouvernement turc a posées au commerce bilatéral.
Le gouvernement actuel a promis de résoudre les problèmes liés à ses règles commerciales, mais la communication conjointe la plus récente a lié la modernisation de l’Union douanière à la reprise des négociations sur le règlement de Chypre sous les auspices de l’ONU.
Étant donné que la Turquie prône une solution à deux États, il est très intéressant de voir si le gouvernement actuel parviendra à faire volte-face et comment il communiquera à son public national un changement dans sa politique étrangère (conformément aux mandats de l’ONU). .
La migration, clé de la crédibilité d’Ankara
Un autre problème important est lié au désintérêt de la Turquie à accueillir des migrants irréguliers en provenance des pays européens.
L’excuse boiteuse de la propagation potentielle du COVID-19 a rendu l’accord migratoire UE-Turquie dysfonctionnel et, par conséquent, les routes égéennes et balkaniques sont désormais complétées par un nombre croissant de migrants transitant vers Chypre.
La Turquie doit respecter son engagement envers l’accord afin d’accroître sa crédibilité en tant que négociateur international.
Dans le même temps, et tant que la Turquie n’agit pas de manière agressive envers les autres États membres de l’UE, Bruxelles doit également accorder davantage d’attention aux questions très critiques pour le pays candidat, telles que la croissance économique, l’énergie et les transports.
L’invitation des ministres turcs aux réunions informelles des ministres des Affaires étrangères de l’UE (réunions Gymnich) est un bon début pour échanger de manière plus structurée des points de vue sur des problèmes communs.
Ces discussions permettront de déterminer si la partie turque est prête ou non à se réaligner sur la PESC.
Manque de confiance et faibles attentes
L’année 2024 devrait démontrer si la rhétorique positive turque a du sens ou s’il s’agit d’une nouvelle mesure de l’administration d’Ankara visant à réaliser des gains temporaires.
La récente visite d’Erdoğan à Athènes a indiqué qu’il y a un vent de changement, mais peu de gens à Bruxelles font confiance au dirigeant turc.
La récente communication conjointe montre clairement que les décideurs politiques de l’UE n’ont pas de grandes attentes, car la Turquie doit s’engager dans un long processus de réforme.
Dans les couloirs du pouvoir européens, les gens sont parfaitement conscients que si les réformes nécessaires ne sont pas mises en œuvre, la nouvelle année ouvrira un nouveau cycle de reproches et de menaces qui empoisonnera une fois de plus les relations UE-Turquie.
Christos Kourtelis est professeur adjoint de politique publique européenne à l’Université Panteion et Caglar Ozturk est chercheur indépendant sur les relations UE-Turquie.
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