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La République démocratique du Congo a accusé le Rwanda d’avoir mené une attaque de drone qui a endommagé un avion civil à l’aéroport de la ville stratégique de Goma, dans l’est du pays, la capitale de la province du Nord-Kivu.
Des combats ont éclaté ces derniers jours autour de la ville de Sake, à 20 km de Goma, entre les rebelles du M23 – qui, selon Kinshasa, sont soutenus par Kigali – et les forces gouvernementales congolaises.
« Dans la nuit de vendredi à samedi, à 2 heures du matin, heure locale, il y a eu une attaque de drone de l’armée rwandaise », a indiqué le lieutenant-colonel Guillaume Ndjike Kaito, porte-parole de l’armée pour la province du Nord-Kivu.
« Il provenait manifestement du territoire rwandais, violant l’intégrité territoriale de la République démocratique du Congo », a-t-il ajouté dans une vidéo diffusée par le gouvernorat.
Les drones « ont pris pour cible les avions des forces armées de la RDC ». Toutefois, les avions de l’armée « n’ont pas été touchés », a-t-il précisé, mais « un avion civil a été touché et endommagé ».
Le gouvernement rwandais n’a pas immédiatement répondu à ces allégations.
Un correspondant de l’AFP et des habitants de Goma ont rapporté avoir entendu deux fortes explosions au moment de l’explosion. Une source sécuritaire a fait état samedi à l’AFP de « deux bombes » et a indiqué que des experts étaient sur place pour vérifier d’où elles avaient été tirées.
Malgré les signalements d’explosions, le trafic national et international était normal, ont indiqué des sources à l’aéroport.
« Escalade de la violence »
Alain Uaykani, journaliste pour Al Jazeera depuis Goma samedi, a déclaré que si l’attaque de drone visait des engins militaires, comme l’armée l’a déclaré, cela montre que les rebelles du M23 sont capables d’attaques plus avancées que ce que le gouvernement congolais aurait pu imaginer.
La RDC, les Nations Unies et les pays occidentaux ont déclaré que le Rwanda soutenait les rebelles dans leur tentative de contrôler de vastes ressources minières, une allégation démentie par Kigali.
Les rebelles ont conquis de vastes étendues du Nord-Kivu au cours des deux dernières années.
Selon un document confidentiel de l’ONU consulté par l’AFP en début de semaine, l’armée rwandaise utilise des armes sophistiquées, comme des missiles sol-air, pour soutenir le M23.
Un « missile sol-air mobile présumé des Forces de défense rwandaises » a été tiré sur un drone d’observation de l’ONU mercredi dernier sans l’atteindre, selon le rapport.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a exprimé cette semaine son inquiétude face à « l’escalade de la violence » dans l’est de la RDC et a condamné l’offensive du M23 près de Goma.
Des dizaines de soldats et de civils auraient été tués ou blessés au cours des combats des dix derniers jours.
« Un nouveau front »
Les derniers combats ont poussé des dizaines de milliers de civils à fuir les villes voisines vers Goma, située entre le lac Kivu et la frontière rwandaise et pratiquement coupée de l’intérieur du pays.
« La situation sécuritaire reste très volatile dans la région de Sake où depuis plusieurs jours les forces gouvernementales et leurs alliés tentent d’éliminer les rebelles du M23 sur plusieurs montagnes qu’ils occupaient autour de cette ville stratégique à la porte de Goma », a rapporté Uaykani depuis Goma.
« Alors que la coalition gouvernementale tente de bloquer l’avancée des rebelles dans cette partie de Sake, depuis ce matin des sources sécuritaires rapportent que les rebelles combattent également avec l’armée de la RDC dans le village de Kashuga, dans le territoire de Rutshuru, à la limite de territoire avec Walikale », a rapporté Uaykani.
Il a déclaré que les combats dans cette partie du pays sont importants pour les rebelles car ils ont ouvert « un nouveau front » pour Walikale, qui n’avait jamais été touchée auparavant par ce conflit qui dure depuis des années.
«C’est également très significatif car c’est sur ce territoire que sont basées plusieurs sociétés internationales ayant des activités minières plus importantes dans la région. Depuis une semaine, plusieurs quartiers périphériques de Goma ont déjà été visés par des bombes, tirées par le M23 selon les autorités », a-t-il ajouté.
Les multiples efforts diplomatiques n’ayant pas réussi à réprimer la violence en RDC, les dirigeants du continent devraient discuter du conflit lors du 37e sommet de l’Union africaine qui se tiendra ce week-end à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne.