Customize this title in frenchLe plus haut tribunal européen rendra des verdicts historiques sur le climat

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La plus haute cour européenne des droits de l’homme doit décider mardi (9 avril) dans trois affaires distinctes si les États en font assez face au réchauffement climatique, en rendant des décisions qui pourraient les obliger à en faire davantage.

La Cour européenne des droits de l’homme, qui fait partie des 46 membres du Conseil de l’Europe, doit se prononcer à partir de 10h30 (08h30 GMT) sur la question de savoir si les politiques des gouvernements en matière de changement climatique violent la Convention européenne des droits de l’homme.

Les trois cas accusent les gouvernements européens d’inaction ou d’action insuffisante dans leurs mesures contre le réchauffement climatique.

Signe de l’importance de la question, ces affaires ont toutes été traitées en priorité par la Grande Chambre de la CEDH, dont les 17 juges peuvent créer un précédent juridique potentiellement crucial.

Ce sera la première fois que la Cour se prononcera sur le changement climatique.

Alors que plusieurs États européens, dont la France, ont déjà été condamnés par les tribunaux nationaux pour ne pas avoir respecté leurs engagements liés au réchauffement climatique, la CEDH pourrait aller plus loin et préciser de nouveaux droits fondamentaux.

L’enjeu est d’assurer « la reconnaissance d’un droit individuel et collectif à un climat le plus stable possible, ce qui constituerait une innovation juridique importante », a déclaré l’avocate et ancienne ministre française de l’Environnement Corinne Lepage, qui défend l’une des affaires. .

‘Tournant’

La position de la Cour « pourrait marquer un tournant dans la lutte mondiale pour un avenir vivable », a déclaré l’avocat Gerry Liston de l’ONG Global Legal Action Network.

« Une victoire dans l’une des trois affaires pourrait constituer l’évolution juridique la plus importante en matière de changement climatique pour l’Europe depuis la signature de l’Accord de Paris de 2015 » qui fixe de nouveaux objectifs aux gouvernements pour réduire les émissions, a-t-il déclaré.

Même si la convention ne contient aucune disposition explicite relative à l’environnement, la Cour a déjà jugé, sur la base de l’article 8 de la convention – droit au respect de la vie privée et familiale – une obligation des Etats de maintenir un « environnement sain », dans les cas liés à la gestion des déchets ou aux activités industrielles.

Parmi les trois cas qui seront tranchés mardi, le premier est porté par l’Association suisse des Aînés pour la protection du climat — 2500 femmes âgées de 73 ans en moyenne — et quatre de ses membres qui ont également déposé des plaintes individuelles.

Ils se plaignent des « carences des autorités suisses » en matière de protection du climat, qui « nuiraient gravement à leur état de santé ».

Damien Carême, ancien maire de Grande-Synthe, ville côtière du nord de la France, attaque dans son cas les « déficiences » de l’État français, arguant qu’elles présentent le risque de submersion de sa ville sous la mer du Nord.

En 2019, il a déposé une plainte auprès du Conseil d’État français – sa plus haute juridiction administrative – alléguant « l’inaction climatique » de la France.

Le tribunal s’est prononcé en faveur de la municipalité en juillet 2021, mais a rejeté une affaire qu’il avait intentée en son propre nom, ce qui a conduit Carême à porter l’affaire devant la CEDH.

« Pour le bien de tous »

La troisième affaire a été portée par un groupe de six Portugais, âgés de 12 à 24 ans, motivés à agir après les incendies qui ont ravagé leur pays en 2017.

Leurs arguments ne concernent pas seulement le Portugal, mais aussi 31 autres États – tous les pays de l’UE, plus la Norvège, la Suisse, la Turquie, le Royaume-Uni et la Russie.

Presque tous les pays européens appartiennent au Conseil de l’Europe, pas seulement les membres de l’UE.

La Russie a été expulsée du conseil après son invasion de l’Ukraine, mais les affaires contre Moscou sont toujours entendues devant le tribunal.

La CEDH ne connaît des affaires que lorsque tous les recours internes ont été épuisés.

Ses décisions sont contraignantes, même si certains États, comme la Turquie, ont rencontré des problèmes de conformité.

Les trois affaires s’appuient principalement sur des articles de la convention qui protègent le « droit à la vie » et le « droit au respect de la vie privée ».

Mais le tribunal ne rendra un verdict qui fera précédent que s’il détermine que ces affaires ont épuisé tous les recours au niveau national.

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