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Le Parlement européen a approuvé une position ambitieuse avant les négociations avec les ministres de l’UE sur la refonte des règles européennes de commercialisation du miel, dans le but d’endiguer les flots d’importations de contrefaçon provenant principalement de Chine.
Un étiquetage plus transparent du pays d’origine sur tout le miel importé est la principale modification proposée à la révision par la Commission des directives dites du petit-déjeuner, convenues par les législateurs européens lors d’un vote en plénière tenu à Strasbourg jeudi (12 décembre). L’objectif principal de la position du Parlement est d’inverser la flambée de fraude affectant le secteur du miel.
Les députés ont précisé que les pays d’origine devraient être mentionnés par ordre décroissant sur les étiquettes du miel, en indiquant leur part respective en pourcentage du poids contribuant à chaque pot.
Une proposition visant à réformer les « directives sur le petit-déjeuner » a été présentée par la Commission en avril dernier dans le cadre de la tentative de la Commission européenne d’actualiser les normes de commercialisation de l’UE pour les produits alimentaires du petit-déjeuner tels que les jus de fruits, les confitures et le miel, dont certains étaient plus plus de 20 ans.
En mars 2023, l’Office antifraude de l’UE (OLAF) a publié un rapport choc concluant que 46 % du miel importé de pays tiers vers le marché unique était soupçonné d’être non conforme à la législation du bloc.
La situation devrait s’aggraver car les méthodes officielles de détection actuellement utilisées ne permettent pas de détecter tous les abus, d’autant plus que l’utilisation de sirops de sucre est extrêmement difficile à identifier, même avec des analyses sophistiquées.
« Nous mettrons fin aux pratiques frauduleuses autour des étiquettes de miel, qui devront à l’avenir indiquer clairement les pays d’origine », a commenté l’eurodéputé Alexander Bernhuber (Autriche/Parti populaire européen) après le vote. Bernhuber, le rapporteur du Parlement sur ce dossier, a déclaré que les mesures proposées seraient suffisantes pour « protéger les consommateurs et les apiculteurs du miel frelaté et faciliter les choix éclairés des consommateurs grâce à plus de transparence ».
Le changement climatique a déjà affecté la production de miel de l’UE, tandis que les détaillants et les transformateurs alimentaires semblent préférer le miel importé moins cher – principalement de Chine et d’autres pays asiatiques comme le Vietnam – aux produits européens. Selon le lobby des agriculteurs européens Copa-Cogeca, cette combinaison de causes pourrait entraîner la perte de cinq millions de colonies d’abeilles en Europe d’ici 2030.
La Chine est actuellement le plus grand producteur de miel au monde avec 473 millions de tonnes produites en 2021, soit 27 % de la production mondiale. L’UE suit avec 228 millions de tonnes, soit 13 % de la part mondiale.
« En Hongrie, en Italie, en France, un peu partout en Europe, il y a des apiculteurs professionnels qui meurent parce qu’ils ne peuvent plus vendre leur miel car ils doivent concurrencer déloyalement le miel de Chine. Eh bien, l’Europe doit faire quelque chose », a déclaré à Euronews à Strasbourg Yvan Hennion, président du groupe de travail sur le miel du Copa-Cogeca.
Les députés sont allés plus loin en considérant les nouvelles exigences en matière d’étiquetage comme la première étape dans la mise en œuvre d’un système complet de traçabilité qui devrait garantir l’accès aux informations essentielles concernant non seulement l’origine du miel mais également l’année de production et un identifiant unique du producteur.
Les législateurs du Parlement européen souhaiteraient également autoriser les autorités compétentes des États membres à suivre toute la chaîne jusqu’aux apiculteurs récoltants ou, dans le cas du miel importé, jusqu’au producteur. « Pour garantir l’exactitude des informations sur le pays d’origine du miel, la mise sur le marché doit être conditionnée à l’exactitude des informations fournies sur la composition du produit », peut-on lire dans le texte approuvé.
Après le vote du Parlement, les négociations interinstitutionnelles avec le Conseil de l’UE commenceront et, étant donné que les ministres se sont déjà mis d’accord sur leurs positions de négociation, il y a de fortes chances qu’un accord soit conclu avant la fin de la législature l’année prochaine.