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Par Daphné Psaledakis, Polina Devitt et Paul Sandle
WASHINGTON/LONDRES (Reuters) – Washington et Londres ont interdit vendredi aux bourses de négoce de métaux d’accepter de nouveaux aluminium et nickel produits par la Russie et ont interdit l’importation de ces métaux aux États-Unis et en Grande-Bretagne.
Cette action vise à perturber les revenus d’exportation russes dans le contexte de l’invasion actuelle de l’Ukraine par Moscou, qui a tué ou blessé des dizaines de milliers de personnes et réduit les villes en ruines. La Russie est un important producteur d’aluminium, de cuivre et de nickel.
Les producteurs de métaux russes Rusal et Nornickel n’ont pas immédiatement répondu à une demande de commentaires de Reuters, pas plus que l’ambassade de Russie à Washington.
Le département du Trésor américain a déclaré que l’action de vendredi interdirait au London Metal Exchange et au Chicago Mercantile Exchange d’accepter une nouvelle production russe d’aluminium, de cuivre et de nickel.
« Nos nouvelles interdictions sur les métaux clés, en coordination avec nos partenaires du Royaume-Uni, continueront de cibler les revenus que la Russie peut gagner pour poursuivre sa guerre brutale contre l’Ukraine », a déclaré la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, dans un communiqué.
« En prenant cette mesure de manière ciblée et responsable, nous réduirons les revenus de la Russie tout en protégeant nos partenaires et alliés des retombées indésirables. »
STOCK EXISTANT
Un responsable britannique a déclaré que Londres s’attendait à ce que toute perturbation du marché se stabilise rapidement et que le gouvernement avait consulté ses collègues aux États-Unis, le LME, la Banque d’Angleterre et la Financial Conduct Authority pour minimiser toute perturbation possible.
« Le LME reflète toutes les sanctions et tarifs pertinents dans ses opérations, et prendra donc des mesures (…) pour mettre en œuvre ces sanctions pour ses propres opérations et le fonctionnement de son marché », a déclaré le LME dans un communiqué, ajoutant qu’il publierait des indications supplémentaires avant l’ouverture du marché lundi.
Les mesures britanniques et américaines exempteront les stocks de métaux russes existants sur ces bourses mondiales afin qu’ils puissent toujours être négociés et retirés dans le but de minimiser le risque pour la stabilité du marché, a déclaré le gouvernement britannique dans un communiqué.
Cette mesure ne bloque pas les contrats bilatéraux, qui pourront se poursuivre, ont déclaré des responsables américains et britanniques, s’exprimant sous couvert d’anonymat.
Les responsables ont déclaré que la poursuite des échanges de métaux russes hors des bourses devrait se faire à un prix réduit et que, même si l’action ne restreint pas l’offre, le montant des revenus que la Russie peut obtenir par transaction devrait être réduit.
Washington et Londres surveilleront la décote avec laquelle le métal russe continue d’être échangé ailleurs, ont indiqué les responsables.
Les stocks d’aluminium disponibles dans les entrepôts enregistrés à la London Metal Exchange étaient à 91 % d’origine russe en mars, inchangé par rapport au mois précédent, selon les données du LME publiées mercredi.
La part élevée de métal d’origine russe dans les stocks du LME inquiète certains producteurs, qui concurrencent le russe Rusal, et certains consommateurs occidentaux qui ont évité le métal russe depuis l’invasion de l’Ukraine par Moscou en 2022.
La part des stocks de cuivre d’origine russe est passée de 52 % le mois précédent à 62 % en mars et celle du nickel russe est passée de 35 % à 36 % sur la même période, a indiqué le LME.
L’action de vendredi est la dernière d’une série de sanctions imposées à la Russie par les États-Unis, la Grande-Bretagne et leurs alliés suite à l’invasion de l’Ukraine en février 2022.
L’année dernière, les États-Unis ont étendu leurs mesures économiques contre la Russie au secteur des métaux et des mines en imposant des droits de douane sur les métaux. Les responsables ont déclaré vendredi que les importations américaines de ces trois métaux étaient effectivement tombées à zéro depuis.
La Grande-Bretagne a interdit l’importation de métaux communs en provenance de Russie en décembre 2023 et a déclaré qu’elle étendrait l’interdiction aux services auxiliaires associés lorsque cela pourrait être fait de concert avec des partenaires internationaux.