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Khartoum (AFP) – Des explosions ont secoué Khartoum jeudi, plus de deux mois après que des combats ont éclaté entre des généraux soudanais rivaux, chacun accusant l’autre d’attaques contre des civils.
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Des témoins dans l’est de la capitale ont rapporté des tirs d’artillerie, tandis que d’autres dans la banlieue nord ont déclaré que la force des tirs nourris d’une caserne de l’armée avait secoué les murs des maisons.
Les frappes aériennes ont de nouveau frappé plusieurs zones du grand Khartoum.
A Omdurman, ville sœur de Khartoum juste de l’autre côté du Nil, « de lourds bombardements aériens et des armements anti-aériens » se sont battus « pendant plus de deux heures et n’ont pas cessé », a déclaré un témoin à l’AFP.
Dans le centre de Khartoum, des témoins ont déclaré que des affrontements avaient éclaté dans les rues alors que « des avions militaires survolaient » une zone qui « était calme depuis 10 jours ».
Les combats entre l’armée régulière, dirigée par Abdel Fattah al-Burhan, et les Forces de soutien rapide (RSF) paramilitaires, dirigées par son ancien adjoint Mohamed Hamdan Daglo, ont fait plus de 2 000 morts depuis le 15 avril.
Le dernier d’une série de cessez-le-feu qui ont tous été systématiquement violés a pris fin mercredi matin et les combats ont repris en quelques minutes.
Le cessez-le-feu de trois jours négocié par les États-Unis et l’Arabie saoudite a apporté un bref répit aux millions de civils piégés par les combats et souffrant de pénuries de soins médicaux, d’électricité, d’eau et d’autres produits essentiels.
L’armée a accusé les RSF de « profiter de la trêve pour mobiliser ses forces et commettre plusieurs violations contre des civils ».
Les RSF ont à leur tour accusé l’armée d’avoir fabriqué une vidéo d’un viol, alléguant que « l’un des acteurs est apparu dans l’uniforme » des forces armées, « prouvant leur culpabilité ».
Les combats se sont largement concentrés dans le Grand Khartoum et dans la région du Darfour à l’ouest, mais mercredi, l’armée a accusé un groupe rebelle clé dans l’État du Kordofan du Sud, à des centaines de kilomètres au sud de Khartoum, d’avoir « attaqué » ses troupes. .
Jeudi, des témoins ont fait état de « violents affrontements » entre les rebelles et les troupes de l’armée à Dilling, à 130 kilomètres (80 miles) au nord de la capitale de l’État, Kadugli.
Les combats au Darfour font rage
Les combats les plus meurtriers ont fait rage au Darfour, une vaste région de la taille de la France à la frontière occidentale du Soudan avec le Tchad.
Des témoins à El Fasher, la capitale de l’Etat du Nord-Darfour, ont fait état « d’affrontements entre l’armée et les RSF » après des heures de « tension et de mobilisation accrues des deux côtés ».
« Hier soir (mercredi) il y a eu un mouvement de véhicules militaires et un repositionnement des RSF », qui « ont attaqué des deux côtés vers le centre-ville » jeudi soir, a indiqué à l’AFP un habitant.
A Nyala, la capitale de l’Etat du Darfour-Sud, les troupes se sont affrontées mercredi aux paramilitaires en utilisant « tous les types d’armes », ont indiqué des habitants à l’AFP.
Au Darfour, qui abrite des groupes ethniques minoritaires ainsi que des tribus arabes, le conflit a « pris une dimension ethnique », ont averti les Nations unies.
Lors d’une conférence des donateurs à Genève lundi, la communauté internationale s’est engagée à lever 1,5 milliard de dollars d’aide pour le Soudan et les pays voisins, mais cela représentait moins de la moitié des besoins estimés.
« Ces promesses sont généreuses, mais elles ne totalisent que la moitié de ce que l’ONU estime nécessaire », a déclaré Will Carter du Conseil norvégien pour les réfugiés.
« C’est trop peu compte tenu de l’ampleur de la catastrophe qui se déroule », a-t-il écrit dans un article publié dans The New Humanitarian.
Un nombre record de 25 millions de personnes – plus de la moitié de la population du Soudan – ont besoin d’aide et de protection, selon les Nations Unies.
Le conflit a plongé le Soudan dans le chaos, les combattants occupant des maisons, pillant des propriétés et commettant d’autres exactions.
Dans son article, Carter a cité le témoignage d’une personne qui avait fui Khartoum et l’avait rencontré dans l’État du Nil blanc, à la frontière avec le Soudan du Sud.
« Les bombes n’arrêtaient pas de tomber et les murs n’arrêtaient pas de trembler », a-t-il cité. « Les enfants sont restés sous leurs lits, mais une balle a traversé le mur à quelques centimètres d’eux. »
Près de 600 000 personnes ont fui le Soudan vers les pays voisins, a annoncé mardi l’Organisation internationale pour les migrations.
Plus de deux millions de personnes sont déplacées à l’intérieur du Soudan, selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés.
© 2023 AFP