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Les gouvernements européens devraient officialiser leur version d’une loi de l’UE étendant les règles de responsabilité du fait des produits aux logiciels et à l’intelligence artificielle mercredi 14 juin lors de la réunion du Comité des représentants permanents (COREPER).
La nouvelle directive sur la responsabilité du fait des produits (PLD) vise à mettre à jour le régime de responsabilité actuel de l’Europe, qui remonte aux années 1980, et à l’aligner sur la nouvelle réalité des appareils et logiciels connectés, y compris les modèles d’IA.
Fin mai, EURACTIV rapportait que le Conseil des ministres de l’UE était sur le point de formaliser sa position sur le dossier. La date de l’approbation officielle a été fixée à mercredi, sans approbation ministérielle requise.
Une version finale du texte, vue par EURACTIV, a été diffusée vendredi dernier. Il n’y a eu aucun changement par rapport à la dernière version rapportée par EURACTIV. Selon le document, un seul pays n’a pas soutenu le texte, tandis qu’un autre a émis des réserves d’examen.
« Sur la base des résultats des discussions, la présidence estime que le compromis global sur la proposition de directive est équilibré et bénéficie d’un large soutien de la part des délégations », indique le texte.
Portée
La PLD introduit un régime de responsabilité stricte pour les fabricants qui peuvent être poursuivis pour des dommages physiques résultant d’un produit défectueux. Les compensations pour les pertes non matérielles telles que les atteintes à la vie privée ou la discrimination restent réglementées au niveau national.
Le texte du Conseil tente de clarifier les concepts clés de la directive. Le produit est défini au sens large, y compris le logiciel en tant que service. Dans le même temps, les fichiers numériques comme les livres électroniques ne sont pas considérés comme des produits et à moins qu’ils ne soient utilisés pour produire un élément tangible comme pour l’impression 3D.
Les logiciels ouverts fournis gratuitement ont été tenus à l’écart des nouvelles règles de responsabilité. Toutefois, les fabricants peuvent être tenus pour responsables d’une défectuosité causée par un composant qui a été intégré sous leur contrôle, y compris s’il s’agit d’un logiciel ouvert.
Le PLD couvre également les services numériques qui permettent le fonctionnement de base d’un produit, comme un système qui contrôle la température d’un réfrigérateur intelligent. Le fait de ne pas fournir de mises à jour logicielles, telles que des correctifs de sécurité pour les vulnérabilités connues, peut également entraîner une responsabilité.
Répartition des responsabilités
Tout acteur économique impliqué dans le processus de production du produit peut être tenu responsable des responsabilités qui en résultent. Les fabricants ne sont exonérés de responsabilité que si un composant défectueux est intégré dans leur produit en dehors de leur contrôle.
De même, la responsabilité est transférée aux acteurs économiques introduisant des modifications substantielles qui rendent le produit défectueux hors du contrôle du fabricant. Les changements substantiels incluent les mises à jour logicielles ou l’apprentissage continu d’un modèle d’IA.
Le texte indique qu' »un fabricant qui conçoit un produit avec la capacité de développer un comportement inattendu reste responsable du comportement qui cause un préjudice ».
Défectuosité
La défectuosité peut être présumée lorsque le produit n’est pas conforme aux règles de sécurité du produit ou présente un dysfonctionnement évident lors d’une utilisation raisonnablement prévisible. Le Conseil a encore allégé la charge de la preuve du demandeur en faisant référence à d’autres cas similaires.
Le texte du Conseil précise que, lors de la détermination de la défectuosité d’un produit, les abus raisonnablement prévisibles doivent également être pris en compte, par exemple, par des enfants ou une personne qui manque temporairement de concentration.
Complexité technique ou scientifique
En cas de complexité technique ou scientifique, le demandeur n’aurait qu’à prouver que la défectuosité ou le lien de causalité entre la défectuosité et le dommage est probable.
Parallèlement, la directive prévoit que les fabricants peuvent s’exonérer de leur responsabilité dans les cas où l’état des connaissances scientifiques et techniques au moment du lancement du produit rendait impossible la connaissance du défaut.
Cependant, la version du Conseil permet aux pays de l’UE d’introduire des règles nationales qui tiennent les fabricants responsables également dans ces cas, à condition qu’elles soient nécessaires, proportionnées et justifiées par des objectifs d’intérêt public, de sécurité publique et de santé.
La législation nationale devrait être notifiée à la Commission européenne et suspendue pendant six mois pour permettre à l’exécutif européen d’émettre un avis non contraignant.
Base de données des tribunaux
La directive oblige les États membres à publier les décisions de justice pertinentes résultant de ses dispositions. Le Conseil a limité cette mesure au jugement des cours d’appel nationales ou de la plus haute instance.
Limite de temps
Le PLD permet aux plaignants de traduire le défendeur en justice dans les 10 ans suivant la mise sur le marché du produit. Un délai plus long a été prévu pour les cas où la blessure prend plus de temps à se manifester, allant de 15 à 20 ans.
[Edited by Alice Taylor]