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Plus tôt cette année, les banques ont obtenu une dérogation aux règles de l’UE qui les auraient empêchées d’investir dans la déforestation. Il semble maintenant qu’ils soient sur le point de réussir le même tour – en grande partie grâce à la résistance du gouvernement français, écrit Aurélie Skrobik.
Lors de la COP28 à Dubaï, le président français Emmanuel Macron a attiré l’attention des personnes présentes avec des promesses grandiloquentes, affirmant que « ce ne sont pas que de belles paroles, la France a un plan ». […] s’éloigner des combustibles fossiles et réduire ses émissions ».
Pourtant, alors qu’il expliquait que les pays du G7 « doivent montrer l’exemple » et que « les acteurs privés doivent également s’engager », ses émissaires à Bruxelles jouent un jeu très différent.
Ils auraient travaillé pour combler une faille dans une nouvelle loi européenne qui devrait empêcher les banques et autres acteurs financiers de financer des projets liés au dérèglement climatique, aux dommages environnementaux et aux violations des droits de l’homme.
Lors des débats de l’année dernière, une majorité de pays européens ont semblé soutenir l’idée selon laquelle les banques devraient être couvertes par la directive sur le devoir de diligence en matière de durabilité des entreprises, ou CSDDD. À la dernière minute, la France aurait opposé son veto aux règles financières.
Ces dernières semaines, alors que les institutions européennes négocient la loi finale, la France semble avoir encore durci sa position.
Selon les procès-verbaux divulgués de la réunion, il a refusé d’examiner les compromis proposés ou les alternatives à une exemption totale pour le secteur financier.
Leur équipe de négociation a récemment confirmé à un grand média international que « la France soutient l’exclusion du secteur financier du champ d’application de la directive ».
Alors, quel est le système financier pour lequel les représentants de Macron se battent si durement ?
Exaspération face au financement du dérèglement climatique
Les banques européennes ont aidé les entreprises de combustibles fossiles à lever plus de 1 000 milliards d’euros depuis l’accord de Paris sur le climat en 2016.
Cela ne s’arrête pas là. Le mois dernier, Global Witness a montré comment des banques et des investisseurs européens, notamment le Crédit Agricole, la Deutsche Bank et Intesa Sanpaolo, investissent plus de 700 millions d’euros dans des sociétés pétrolières liées aux violences brutales contre les civils au Soudan du Sud.
Macron, apparemment exaspéré, a lui-même résumé la semaine dernière comment le système financier finance la dégradation du climat, affirmant que « le secteur privé n’est pas dissuadé de financer le charbon et de choisir les énergies renouvelables ».
« C’est totalement absurde. Notre marché privé, notre système d’investissement est donc extrêmement dysfonctionnel et c’est un choc pour tout le monde », a-t-il déclaré.
Cette semaine, ce système dysfonctionnel devrait obtenir le feu vert de son propre gouvernement.
Les négociations finales sur le CSDDD devraient s’achever aux premières heures du 14 décembre, et tout indique que le gouvernement français obtiendra une exclusion pour le secteur financier.
Des mots qui sortent de sa propre bouche
Cela signifierait, une fois de plus, une transmission gratuite des règles sur les domaines dans lesquels les banques peuvent investir et sur la destination de l’argent des fonds de pension des particuliers.
Plus tôt cette année, les banques ont été exemptées des règles européennes qui auraient contribué à les empêcher de financer la déforestation. C’est plus ou moins la même chose.
L’équipe de négociation du Parlement européen a une position différente et n’a pas abandonné le combat, ayant osé imaginer un monde dans lequel l’épargne des citoyens ne serait pas utilisée pour financer de violentes violations des droits de l’homme, la destruction de l’environnement et la dégradation du climat.
Ce ne sont pas des mots vides de sens qui maintiendront les combustibles fossiles dans le sol. Couper l’acheminement de l’argent vers les entreprises et les déterrer le fera, mais la France semble résolue à maintenir les robinets ouverts.
C’est maintenant ou jamais. L’opportunité pour l’UE d’adopter une loi climatique véritablement transformatrice comme celle-ci ne se présentera pas de sitôt, et si elle le fait, il sera presque certainement trop tard.
Il est temps pour Macron d’écouter ses propres paroles et de mettre fin une fois pour toutes au flux absurde d’argent vers les combustibles fossiles.
Aurélie Skrobik est chargée de campagne sur la responsabilité des entreprises chez Global Witness.
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