Customize this title in frenchL’UE donne à la France la note « F » pour ses projets de dépenses

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BRUXELLES / PARIS ― La Commission européenne a informé le gouvernement français qu’il devait ajuster de toute urgence ses plans de dépenses pour l’année prochaine afin de les rendre conformes aux règles de l’UE en matière de dette et de déficit lorsqu’elles reviendront après une suspension de quatre ans.

Paris fait partie des quatre gouvernements qui ont reçu des avertissements concernant leurs projets budgétaires de la part de l’exécutif du bloc, dans le cadre de son rôle de contrôle des dépenses publiques des pays membres. Les règles, visant à prévenir l’instabilité des marchés financiers et l’accumulation de dette publique, reprendront effet le 1er janvier après avoir été abandonnées pour permettre davantage d’investissements pendant et après la pandémie de COVID.

« Le projet de plan budgétaire de la France risque de ne pas être conforme » aux règles du bloc, a déclaré le vice-président de la Commission Valdis Dombrovskis aux journalistes à Strasbourg, soulignant l’augmentation des dépenses publiques et l’insuffisance des coupes dans le soutien énergétique.

La Belgique, la Finlande et la Croatie entrent dans la même catégorie, a indiqué la Commission dans son communiqué mercredi. Ignorer les avertissements pourrait déclencher une procédure dite de déficit excédentaire, un long processus qui comprend des demandes spécifiques de maîtrise des dépenses et qui se termine potentiellement par des sanctions financières.

Ces bulletins, et le rétablissement des règles du Pacte de stabilité et de croissance en général, surviennent à un moment critique, alors que la croissance économique européenne reste faible et que les taux d’intérêt élevés rendent les emprunts plus coûteux. La guerre menée par la Russie en Ukraine et les tensions croissantes au Moyen-Orient ajoutent à l’incertitude pour les gouvernements et les banques centrales d’Europe et d’ailleurs.

« Quoi qu’il en coûte »

La pression exercée sur la France détourne l’attention de l’Italie, longtemps considérée comme le mauvais garçon de l’Europe en matière de dépenses publiques. Rome n’est pas totalement tirée d’affaire : son budget n’est « pas totalement conforme » aux règles, a déclaré la Commission. Il en va de même pour l’Autriche, l’Allemagne, le Luxembourg, la Lettonie, Malte, les Pays-Bas, le Portugal et la Slovaquie.

Le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, a souligné à plusieurs reprises que le budget 2024 marquerait la fin de l’ère du « quoi qu’il en coûte » en matière de dépenses économiques, s’engageant à supprimer progressivement les mesures d’urgence liées à la pandémie et à la crise énergétique.

Alors que la Commission annonçait ses évaluations, un responsable du ministère français de l’Economie s’est empressé de souligner qu’il était peu probable que Paris soit sanctionné par une procédure de déficit excessif et qu’il n’aurait pas besoin de modifier sa loi de finances.

« Nous n’aurons à prendre aucune mesure d’ajustement sur cette évolution des dépenses primaires nettes », a déclaré le responsable, sous couvert d’anonymat, soulignant que l’écart entre les dépenses de la France et la recommandation de Bruxelles était « très faible ».

Le responsable a insisté sur le fait que, contrairement à d’autres pays de l’UE, la France n’a pas reçu de demande écrite de Bruxelles.

Paris prévoit un déficit l’année prochaine de 4,4 pour cent du PIB – dépassant le seuil de 3 pour cent de l’UE – et des réductions de dépenses de 5 milliards d’euros. Le budget français est toujours en discussion au parlement du pays et devrait être approuvé d’ici Noël.

Valdis Dombrovskis, vice-président de la Commission | Kenzo Tribouillard/AFP via Getty Images

La Commission a également fait part de ses craintes que le ratio dette/PIB de la France atteigne 110 % du PIB l’année prochaine. La limite de l’UE est de 60 pour cent.

« Parce que c’est la France »

Bruxelles subit une certaine pression pour montrer qu’elle est sérieuse dans sa volonté de faire respecter les règles européennes en matière de déficit et de dette, même si les gouvernements peuvent se mettre d’accord sur leur révision d’ici la fin de l’année – un accord que la France tente de négocier. L’UE souhaite les rendre plus flexibles et mieux adaptés aux circonstances de chaque pays, mais l’Allemagne est à la tête d’un groupe de gouvernements exigeant le maintien de certains objectifs stricts en matière de réduction de la dette et du déficit.

La violation par la France des critères de déficit signifie que la Commission pourrait théoriquement lancer une « procédure de déficit excessif » (PDE) à partir du printemps prochain – un signal d’alarme qui obligerait les pays contrevenants à ajuster leurs dépenses.

Le cas français est particulièrement sensible car Paris a déjà bénéficié d’un traitement particulier. En 2016, le dernier président de la Commission, Jean-Claude Juncker, a justifié sa décision de donner une marge de manœuvre à Paris sur ses erreurs budgétaires simplement « parce que c’est la France ».

Cet article a été mis à jour avec des citations de Strasbourg et Paris.



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