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Environ 2 000 personnes ont défié samedi l’interdiction de se joindre à un rassemblement commémoratif dans le centre de Paris pour un jeune homme noir décédé en garde à vue, tandis que des marches ont eu lieu dans toute la France pour dénoncer la brutalité policière, alors que les tensions sont vives après des jours d’émeutes qui ont englouti le pays.
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Sept ans après la mort d’Adama Traoré, sa sœur avait prévu de mener une marche commémorative annuelle au nord de Paris à Persan et Beaumont-sur-Oise.
Mais craignant de raviver les troubles récents provoqués par le meurtre par la police de Nahel M., 17 ans, lors d’un contrôle routier près de Paris, un tribunal a jugé que le risque de troubles publics était trop élevé pour permettre à la marche de se poursuivre.
Dans une vidéo publiée sur Twitter, Assa Traoré, la sœur aînée d’Adama, a dénoncé la décision.
« Le gouvernement a décidé de jeter de l’huile sur le feu » et de « ne pas respecter la mort de mon petit frère », a-t-elle dit.
???Assa Traoré dénonce une interdiction indigne et irresponsable du gouvernement français. Elle sera à 15h00 à place de la République Paris.
Il faut dénoncer devant le monde entier cette atteinte à la démocratie. Personne ne peut nous empêcher d’être libre ! 1/2 pic.twitter.com/ybpXoeO5tp— La Vérité Pour Adama (@laveritepradama) 7 juillet 2023
Elle a plutôt assisté à un rassemblement sur la place de la République dans le centre de Paris pour dire « au monde entier que nos morts ont le droit d’exister, même dans la mort ».
« Nous marchons pour que les jeunes dénoncent les violences policières. Ils veulent cacher nos morts », a-t-elle déclaré lors du rassemblement, auquel participaient également plusieurs législateurs.
« Ils autorisent les marches des néo-nazis mais ils ne nous permettent pas de marcher. La France ne peut pas nous donner de leçons de morale. Sa police est raciste et violente », a-t-elle déclaré.
Le rassemblement parisien avait également été interdit au motif qu’il pourrait perturber l’ordre public et une action en justice a été ouverte contre Assa Traoré pour avoir organisé l’événement, a indiqué la police.
Youssouf Traoré, un autre des frères d’Assa Taroré, a été arrêté et placé en garde à vue pour des soupçons de violences sur personne dépositaire de l’autorité publique, ont indiqué à l’AFP les procureurs de la République.
« La marche s’est déroulée dans le calme, c’est un succès, nous ne comprenons pas son arrestation », ont-ils déclaré. Le parquet de Paris n’a fait aucun commentaire lorsqu’il a été contacté par l’AFP.
Jean-Luc Melenchon, le chef franc du parti radical de gauche France Insoumise, a fustigé le gouvernement sur Twitter.
« De l’interdiction à la répression… le dirigeant emmène la France vers un régime que nous avons déjà vu. Danger. Danger », a-t-il tweeté, faisant référence au régime de la Seconde Guerre mondiale du dirigeant de Vichy Philippe Pétain qui a collaboré avec les nazis.
De nombreux participants au rassemblement ont crié « Justice pour Nahel » avant de se disperser calmement plus tard dans l’après-midi.
Une trentaine de manifestations contre les violences policières ont également eu lieu dans toute la France, notamment dans la ville portuaire méridionale de Marseille et à Strasbourg dans l’est. Les autorités de Lille ont interdit un rassemblement.
Chagrin et colère
Plusieurs syndicats, partis politiques et associations avaient appelé leurs partisans à se joindre à la marche pour Traoré alors que la France est sous le choc des allégations de racisme institutionnalisé dans ses rangs policiers à la suite de la fusillade de Nahel M.
Traoré, qui avait 24 ans, est décédé peu de temps après son arrestation en 2016, déclenchant plusieurs nuits de troubles qui se sont déroulées de la même manière que les émeutes d’une semaine qui ont éclaté à travers le pays à la suite de la fusillade à bout portant de Nahel.
La mort de l’adolescent le 27 juin a ravivé les accusations de longue date de racisme systémique parmi les forces de sécurité, et un comité de l’ONU a exhorté la France à interdire le profilage racial.
Le ministère des Affaires étrangères a contesté samedi ce qu’il a qualifié de propos « excessifs » et « infondés » du panel.
Le Comité des Nations unies pour l’élimination de la discrimination raciale (CERD) – 18 experts indépendants – a demandé vendredi à la France d’adopter une législation définissant et interdisant le profilage racial et a mis en cause « l’usage excessif de la force par les forces de l’ordre ».
« Tout profilage ethnique par les forces de l’ordre est interdit en France », a répondu le ministère, ajoutant que « la lutte contre les dérives du profilage racial s’est intensifiée ».
Les partis d’extrême droite ont lié les émeutes les plus intenses et les plus répandues que la France ait connues depuis 2005 à la migration de masse et ont exigé des freins aux nouveaux arrivants.
Plus de 3 700 personnes ont été placées en garde à vue en lien avec les manifestations depuis la mort de Nahel, dont au moins 1 160 mineurs, selon les chiffres officiels.
(AFP)