Décision cruciale en vue : La Cour constitutionnelle examine le Soli

Le prélèvement de solidarité, instauré pour financer la réunification allemande, fait l’objet de débats politiques intensifiés par un recours constitutionnel de membres du FDP demandant son abolition. Actuellement, seuls les foyers aux revenus élevés et certaines entreprises en sont redevables. Des arguments sur l’injustice de ce prélèvement émergent, tandis que la Cour constitutionnelle fédérale pourrait redéfinir son statut. Une éventuelle annulation pourrait entraîner des remboursements massifs pour les contribuables.

Le prélèvement de solidarité : un sujet de débat 35 ans après la réunification

Depuis plusieurs décennies, la question du prélèvement de solidarité suscite des tensions sur la scène politique. La Cour constitutionnelle fédérale pourrait bien mettre un terme à cette taxe additionnelle, suite à un recours constitutionnel déposé par six membres du FDP, qui réclament l’abolition définitive du Soli pour tous.

Ces politiciens estiment que la phase de ‘reconstruction de l’Est’ est désormais achevée et que le prélèvement de solidarité n’a plus lieu d’être.

Des contribuables ciblés : hauts revenus et entreprises

Introduit il y a 30 ans pour financer la réunification allemande et la ‘reconstruction de l’Est’, le Soli a évolué au fil du temps. Initialement, tous les contribuables étaient assujettis. Depuis 2021, seuls les foyers à revenus élevés continuent de le payer, représentant environ dix pour cent des contribuables privés.

Pour les célibataires, le seuil de revenu imposable est fixé à 73 484 euros, tandis que pour les couples mariés, il s’élève à 146 968 euros. De plus, la plupart des entreprises demeurent entièrement imposées, notamment sur les bénéfices issus d’investissements en capital. Les autres contribuables avaient été exonérés par la grande coalition en place.

Dans l’ensemble, le ministre Lindner souhaite rendre les entreprises plus compétitives en proposant un ‘paquet de dynamisation’.

Les membres du FDP intentent une action en justice

Les six membres du FDP contestent le prélèvement de solidarité en introduisant un recours constitutionnel contre leur propre avis d’imposition. Parmi eux, Florian Toncar, ancien secrétaire d’État parlementaire au ministère des Finances, soutient que le Soli aurait dû être temporaire.

‘Après 30 ans de perception, bien que les coûts liés à la réunification aient été couverts, le Soli ne devrait plus exister’, déclare Toncar, soulignant que ce prélèvement est un exemple classique de taxe initialement prévue comme temporaire mais qui perdure.

Les dirigeants du SPD et des Verts ont rejeté cette proposition émanant du ministre des Finances.

Une question de justice fiscale

Le professeur de droit Uwe Volkmann, représentant des Verts devant la Cour constitutionnelle fédérale, affirme que le Soli peut continuer d’être perçu. Il souligne que le législateur a une large latitude pour déterminer la nécessité d’une taxe supplémentaire et sa durée.

‘Une cour constitutionnelle atteint les limites de son pouvoir lorsqu’elle examine le besoin financier d’un État fédéral’, ajoute Volkmann. Selon l’association des contribuables, l’abrogation du Soli serait bénéfique pour les petites et moyennes entreprises.

Inégalités dans le système fiscal ?

Les plaignants du FDP jugent également le Soli injuste, arguant que seuls les dix pour cent de contribuables aux revenus les plus élevés en sont redevables, enfreignant ainsi le principe d’égalité. Cependant, le professeur Volkmann défend cette imposition en affirmant qu’elle s’inscrit dans le cadre du principe de l’État-providence.

‘La fiscalité doit être proportionnelle à la capacité économique, et cela implique de faire des distinctions appropriées, selon l’idée que ceux qui ont plus de ressources doivent contribuer davantage’, précise-t-il. Les municipalités et le chef de la CDU, Merz, mettent en garde contre les pertes fiscales que pourrait engendrer une telle loi.

La décision de la Cour fédérale des finances

La Cour fédérale des finances à Munich, la plus haute instance judiciaire financière allemande, a statué en 2023 que le Soli est ‘encore’ constitutionnel. Toutefois, la Cour constitutionnelle fédérale n’est pas liée à cette décision. Si celle-ci accepte les arguments des plaignants et annule le Soli, le gouvernement pourrait faire face à des milliards d’euros de manque à gagner.

Il est également possible que les juges déclarent le Soli nul rétroactivement, entraînant des remboursements pour les contribuables concernés, estimés à environ 65 milliards d’euros.