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Kinshasa (AFP)- L’armée rwandaise « s’est engagée dans des opérations militaires » contre l’armée congolaise dans l’est troublé du pays, selon un rapport d’un groupe d’experts indépendants des Nations unies consulté jeudi par l’AFP.
Les experts ont déclaré qu’il y avait des « preuves substantielles » que l’armée rwandaise était directement intervenue dans la lutte du Congo contre les rebelles du M23, et qu’elle avait soutenu le groupe avec des armes, des munitions et des uniformes.
Le rapport intervient alors que la République démocratique du Congo a accusé à plusieurs reprises le Rwanda de soutenir le M23.
La milice s’est emparée de vastes étendues de territoire dans l’est agité de la RDC depuis qu’elle est sortie de l’inactivité à la fin de l’année dernière.
Les lignes de front actuelles se trouvent à seulement 20 kilomètres (12 miles) de Goma, un centre commercial de plus d’un million de personnes.
Le Rwanda a nié à plusieurs reprises qu’il soutenait les rebelles, mais les États-Unis et la France, entre autres pays occidentaux, ont approuvé l’évaluation de la RDC.
Selon le rapport des experts de l’ONU, l’armée rwandaise est intervenue pour « renforcer » le M23 ainsi que pour combattre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) – un descendant des groupes extrémistes hutus rwandais qui ont perpétré le génocide des Tutsi en 1994 en Rwanda.
Le Rwanda a fourni des renforts de troupes au M23 « pour des opérations spécifiques, notamment lorsqu’elles visaient à s’emparer de villes et de zones stratégiques », ajoute le rapport.
Les troupes rwandaises ont également mené des attaques conjointes avec des combattants du M23 contre des positions congolaises en mai, selon le rapport.
Le document de 236 pages destiné au Conseil de sécurité de l’ONU devrait être publié dans les prochains jours.
Crise diplomatique
Milice dirigée par des Tutsi, le M23 a d’abord acquis une notoriété internationale lorsqu’il a capturé Goma en 2012, avant d’être chassé et de s’effondrer l’année suivante.
Mais il est réapparu fin 2021 après que les rebelles ont affirmé que la RDC avait ignoré une promesse de les intégrer dans l’armée et a fait des progrès significatifs.
Un moment décisif est survenu lorsque les combattants du M23 ont capturé la ville stratégique de Bunagana à la frontière ougandaise en juin.
Une nouvelle offensive fin octobre a vu le M23 s’emparer de vastes étendues de territoire au Nord-Kivu, déplaçant des centaines de milliers de personnes.
Les succès des rebelles sur le champ de bataille ont plongé les relations entre la RDC et le Rwanda voisin.
Plusieurs initiatives diplomatiques ont été lancées dans le but d’apaiser les tensions, la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC), composée de sept nations, ayant également décidé de déployer une force militaire dans l’est de la RDC.
Les pourparlers entre la RDC et le Rwanda dans la capitale angolaise Luanda ont débloqué un accord de trêve le 23 novembre.
En vertu de celui-ci, le M23 était censé déposer les armes puis se retirer des territoires occupés.
Mais les affrontements avec le M23 se sont poursuivis.
Kinshasa a par la suite accusé le M23 de massacrer des civils dans le village de Kishishe.
Une enquête préliminaire de l’ONU a révélé que le M23 avait tué au moins 131 civils dans la région.
Mercredi, le Rwanda a déclaré que les allégations d’un massacre étaient une « fabrication ». Il a indiqué que l’incident impliquait des affrontements entre le M23 et les milices alliées à Kinshasa.
Changement de milice
Des groupes armés — dont plus de 120 dans l’est de la RDC — ont mené le combat contre le M23 ces dernières semaines.
Les combattants du M23 ont affronté la milice de l’APCLS dans le Nord-Kivu jeudi, par exemple.
Selon le rapport des experts de l’ONU, la résurgence du M23 a poussé les milices locales à « changer d’alliance », créant une « nouvelle dynamique » avec l’armée congolaise.
Les experts ont cité des preuves que les troupes congolaises avaient combattu aux côtés de groupes armés – dont l’APCLS et les FDLR – dans leur lutte contre le M23.
Le Rwanda a accusé à plusieurs reprises Kinshasa de soutenir le FLDR.
Les experts de l’ONU ont recommandé que la RDC « prenne toutes les mesures » pour empêcher la coopération entre l’armée congolaise et les groupes armés.
Ils ont également exhorté les États voisins du Congo à « empêcher la fourniture d’un soutien » aux groupes armés au sein de la vaste nation de 90 millions d’habitants.
© 2022 AFP
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