Des frères condamnés à 40 ans de prison pour le meurtre d’un journaliste maltais à la voiture piégée


Publié le: Modifié:

La Valette (AFP) – Deux frères ont été emprisonnés vendredi pendant 40 ans chacun pour le meurtre à la voiture piégée de la journaliste maltaise Daphne Caruana Galizia qui a révélé la corruption en haut lieu et dont le meurtre a déclenché un tollé international et forcé la démission du Premier ministre.

Caruana Galizia, 53 ans, était l’une des personnalités publiques les plus en vue de Malte. Autrefois décrite comme une « femme WikiLeaks », elle était une critique virulente de l’élite politique du pays sur son blog, les accusant de copinage et de corruption.

« Il y a des escrocs partout où vous regardez maintenant », écrit-elle, quelques heures avant l’attaque qui l’a tuée le 16 octobre 2017. « La situation est désespérée ».

Les peines prononcées contre George et Alfred Degiorgio sont intervenues le premier jour de leur procès – et près de cinq ans après le jour où elle a été assassinée.

La procédure dramatique de vendredi avait vu le couple plaider non coupable devant un juge dans la matinée, avant de changer de plaidoyer quelques heures plus tard.

« Le jugement d’aujourd’hui est une autre étape importante vers la justice pour la famille Caruana Galizia », ​​a déclaré le Premier ministre Robert Abela sur Twitter.

« Nous restons déterminés à voir pleinement justice rendue pour la famille et pour Malte. »

Dans un communiqué publié par son bureau, il a ajouté : « En parallèle, le gouvernement continuera à mettre en œuvre d’importantes réformes pour renforcer davantage les principes de l’État de droit et la démocratie à Malte ».

« Enquêtez sur vos amis »

Le procès très retardé des frères – accusés d’homicide, d’avoir provoqué une explosion mortelle et d’association de malfaiteurs, entre autres crimes – a commencé vendredi avec une explosion dramatique de l’accusé George Degiorgio.

« Tu ne sais pas qui a tué Daphné ? » Degiorgio a appelé à l’accusation à son entrée dans le tribunal.

« Tes amis, ceux avec qui tu étais au coude à coude… Allez enquêter sur eux ! »

Un troisième tueur à gages, Vincent Muscat, avait déjà plaidé coupable l’année dernière et a écopé de 15 ans de prison.

La juge Edwina Grima avait refusé une demande de la défense de suspendre le procès qui avait été basée sur ce qu’ils ont dit avoir été le manque de temps pour se préparer.

Les observateurs de la salle d’audience vendredi comprenaient des représentants de groupes de défense de la liberté de la presse, dont Reporters sans frontières et le Centre européen pour la liberté de la presse et des médias.

Les frères Degiorgio ont déclaré l’année dernière qu’ils étaient prêts à impliquer un ancien ministre du gouvernement en échange d’une grâce, qui n’a pas été accordée.

George Degiorgio a avoué le crime lors d’une interview depuis la prison en juillet, le qualifiant de « juste affaire ».

Tôt vendredi, il a répété son plaidoyer de non-culpabilité précédemment déclaré devant le tribunal.

Son frère Alfred, assis dans un fauteuil roulant, a déclaré « Je n’ai rien à dire », ce que le tribunal a enregistré comme un plaidoyer de non-culpabilité.

Mais en quelques heures, les deux avaient changé leurs plaidoyers de culpabilité.

Malte à l’honneur

L’assassinat de Caruana Galizia a suscité l’indignation dans le monde entier et a mis Malte, le plus petit État membre de l’Union européenne, sous les projecteurs pour ses apparents manquements à l’État de droit.

Joseph Muscat a démissionné de son poste de Premier ministre à cause de l’affaire en janvier 2020, à la suite de protestations massives contre ses efforts supposés pour protéger ses amis et alliés de l’enquête.

Une enquête publique de 2021 sur le meurtre de Caruana Galizia a conclu que l’État devait assumer la responsabilité de sa mort, en créant un « climat d’impunité » pour ceux qui voulaient la faire taire.

Toujours en attente de jugement, le riche homme d’affaires maltais Yorgen Fenech, considéré par les procureurs comme le cerveau présumé du meurtre.

Dimanche marquera le cinquième anniversaire du meurtre de Caruana Galizia.



Source link -33