En Allemagne, le présentéisme, où les travailleurs se rendent au travail malgré une maladie, est en forte hausse. Une enquête du DGB révèle que 63 % des employés ont travaillé malades l’année dernière, une augmentation notable par rapport aux années précédentes. Les secteurs vulnérables comme la santé et l’éducation sont particulièrement affectés. Yasmin Fahimi du DGB souligne que la peur de perdre son emploi incite les travailleurs à négliger leur santé, ce qui a des conséquences économiques et sanitaires significatives.
Le Présentéisme en Allemagne : Une Réalité Alarmante
Dans le paysage économique et politique allemand, une tendance préoccupante émerge : de nombreux travailleurs continuent de se rendre au travail même lorsqu’ils sont malades. Une récente étude révèle que ce phénomène, connu sous le nom de présentéisme, est en forte augmentation.
Des Chiffres Éloquents sur le Présentéisme
Une enquête représentative menée par le Deutscher Gewerkschaftsbund (DGB) a révélé que deux travailleurs sur trois en Allemagne ont travaillé malgré une maladie au cours de l’année précédente. Plus précisément, 63 % des 7000 personnes interrogées ont admis avoir été au travail alors qu’elles étaient malades, et 44 % d’entre elles ont même travaillé durant une semaine ou plus dans cet état.
Le DGB souligne que cette tendance s’est intensifiée au cours des trois dernières années, avec un chiffre alarmant : en 2021, lors du pic de la pandémie, seulement 48 % des répondants avaient déclaré avoir travaillé malades. Les travailleurs dans des conditions précaires sont particulièrement touchés. Par exemple, 77 % des agents d’entretien ont avoué avoir travaillé au moins un jour malgré une maladie, tandis que 57 % d’entre eux ont travaillé dans cet état pendant une semaine ou plus.
Des secteurs tels que l’éducation et la santé, en proie à des pénuries de personnel, affichent également des taux élevés de présentéisme, avec 76 % des éducateurs et 69 % des professionnels de santé travaillant temporairement malades. Même dans le secteur de la construction, 65 % des travailleurs ont été malades au travail, un chiffre supérieur à la moyenne nationale.
La recherche du DGB indique que des conditions de travail difficiles augmentent la probabilité de travailler même en cas de maladie. Parmi ceux qui sont préoccupés par leur sécurité d’emploi, 82 % continuent de travailler malades. Ceux qui perçoivent une mauvaise culture d’entreprise ou une charge de travail accrue sont également plus enclins à se rendre au travail malgré leur état de santé fragile.
Yasmin Fahimi, présidente du DGB, souligne que ces statistiques révèlent que le discours sur des employés supposément paresseux est une attaque contre les droits des travailleurs. Elle met en garde contre le fait que la peur de perdre son emploi pousse les travailleurs à se rendre au travail même en étant malades.
Récemment, des visites à domicile par des dirigeants de Tesla auprès d’employés malades ont suscité un débat. Les responsables ont insisté sur le fait qu’ils étaient là pour offrir de l’aide, et non pour critiquer. Cependant, Fahimi rappelle que le présentéisme nuit à la santé individuelle et collective, et qu’il représente également un coût économique.
En janvier, Oliver Bäte, le directeur général d’Allianz, a suggéré de réintroduire un jour de carence pour les arrêts maladie, une mesure qui n’est plus en vigueur depuis les années 1970, afin de lutter contre l’absentéisme élevé en Allemagne. Ce débat sur la santé et le bien-être des travailleurs est plus pertinent que jamais.