La représentation de Maradona par David Diehl, artiste méconnu, a pris une ampleur inattendue après la mort du footballeur en 2020. Inspiré par les icônes chrétiennes et la culture du Calcio, Diehl a créé des portraits de joueurs qui se sont intégrés à Naples, où Maradona est vénéré. Sa notoriété a augmenté grâce à Internet, mais il fait face à des défis liés aux attentes des clubs de football, qui hésitent à incorporer des éléments religieux dans ses œuvres.
La représentation de Maradona a pris une vie propre, et peu de gens savent qui en est l’artiste. David Diehl en prend véritablement conscience en novembre 2021, un an après le décès de la légende du football Diego Armando Maradona.
Lors d’une visite d’un ami dans son appartement, Diehl lui montre ses œuvres, dont des portraits des footballeurs de Liverpool, Mo Salah et Roberto Firmino. Son ami remarque alors : « Tes tableaux ressemblent à cette image de Maradona qu’on voit partout à Naples. » À la surprise de Diehl, il réalise que l’œuvre en question est en fait de sa propre main.
Ce phénomène des images qui deviennent des icônes est fascinant : leur origine est souvent floue, mais elles s’imposent dans notre culture. Elles semblent surgir de nulle part, comme des divinités. C’est exactement ce qui s’est passé avec Maradona, qui, à son arrivée à Naples en 1984, a été élevé au rang de saint par les habitants de la ville. De même, l’œuvre de Diehl a envahi les murs du Centro Storico de Naples à partir de 2020, devenant indissociable de la ville et de la légende de Maradona.
Diehl et l’essor de l’illustration footballistique
Le portrait de Maradona en question figure en couverture du livre « Icons ». Tel une icône religieuse dans une bible, cette image emblématique est intégrée à un volume édité par Patrick Frey, qui présente 42 des 78 portraits de footballeurs que Diehl a réalisés depuis 2013 dans sa série d’icônes.
Diehl a eu l’idée de fusionner l’art des icônes chrétiennes avec le monde du football en 2013, après avoir découvert des annuaires du Calcio italien des années 1970. Il raconte : « J’étais captivé par l’esthétique de ces images. Les footballeurs avaient un regard stoïque, mêlant fierté et grandeur. » Il transpose ces images sur des planches de bois, les enduit de cire et les expose dans un magasin de disques à Zurich, où elles se vendent rapidement.
Suite à cette exposition, Mämä Sykora, rédacteur en chef du magazine suisse « Zwölf », s’intéresse à son travail et l’invite à créer un tableau de Rolf Osterwalder, le capitaine de l’Aarau vainqueur de la coupe en 1985, dans le style des icônes. Impressionné par son travail, Sykora propose de publier une annonce pour Diehl dans le magazine, l’amenant à immortaliser d’autres footballeurs « saints » sur commande.
Diehl commence par peindre Iulian Filipescu pour un fan du FC Zurich, suivi de Sócrates pour la couverture d’un numéro spécial de la Coupe du Monde 2014. Les commandes affluent rapidement, et Diehl adapte chaque image selon les souhaits des fans, respectant des détails comme le maillot et la coiffure des joueurs. Plus tard, il se permet d’ajouter des icônes de son choix à la série, comme Andrés Iniesta et Andrea Pirlo, tout en consacrant un portrait spécial à Maradona en 2016, le seul à posséder un double halo.
Au cours de la dernière décennie, son art a gagné en notoriété, notamment grâce à Internet. Il fait partie d’un collectif d’illustrateurs de football qui partagent leurs œuvres en ligne, augmentant ainsi leur visibilité. Lorsque Ronaldinho publie un portrait de lui sur Instagram, cela génère une énorme interaction, attirant l’attention sur les créations de Diehl.
Cette popularité lui a ouvert les portes de grands clubs de football, pour lesquels il a peint des portraits de stars comme Steven Gerrard et Olivier Giroud. Cependant, Diehl exprime une certaine frustration face aux commandes, car peu de clubs osent demander des images avec des éléments religieux, craignant de froisser les sentiments de leurs supporters. Souvent, il doit se conformer aux directives des départements de communication, produisant des œuvres conçues pour être neutres et sans controverse.
Le football, une nouvelle forme de spiritualité
Dans son parcours en tant qu’illustrateur de football, Diehl ressent un manque de ce qui fait l’essence même de son art…