Dîner insolite dans une prison de célébrité : expérience culinaire avec des détenus et des touches fluo

Dîner insolite dans une prison de célébrité : expérience culinaire avec des détenus et des touches fluo

Une expérience culinaire inédite se déroule au restaurant The Clink, situé dans la prison HMP Brixton à Londres. Les détenus y reçoivent une formation en restauration, interagissant avec les clients dans un cadre élégant, malgré des rappels de la vie carcérale. Le repas, composé de plats raffinés, offre une évasion à ces prisonniers, qui trouvent une certaine normalité dans leur quotidien. The Clink allie gastronomie et réinsertion, tout en laissant entrevoir la réalité difficile de l’incarcération.

Une expérience culinaire unique au cœur de la prison

Il n’y a pas beaucoup d’endroits aussi insolites pour savourer un carpaccio de venaison qu’à l’intérieur d’une prison. En savourant cette délicatesse, j’étais entouré d’alarmes de sécurité, de barreaux métalliques et de détenus. J’ai eu la chance de déguster un déjeuner en trois services au restaurant The Clink, situé dans la prison de catégorie C HMP Brixton, au sud de Londres, en septembre dernier. Cette prison historique a vu passer des personnalités célèbres telles que Mick Jagger et les jumeaux Kray. Actuellement, Brixton abrite environ 700 hommes, dont un nombre significatif de délinquants sexuels. Le chef inspecteur des prisons, Charlie Taylor, a récemment décrit les cellules de Brixton comme « minuscules, exiguës et délabrées », ajoutant ainsi à la réputation de cet établissement. Une semaine après ma visite, Brixton a dû libérer plusieurs détenus en raison de la surpopulation. Malgré ce contexte, The Clink est souvent classé parmi les meilleurs restaurants de Londres sur des plateformes comme TripAdvisor.

Un cadre bien plus qu’un simple restaurant

The Clink a été conçu pour offrir aux détenus une formation en restauration, leur permettant d’acquérir des compétences essentielles pour leur réinsertion. Les prisonniers, qui ont la chance d’interagir avec le public, travaillent en tant que chefs et serveurs, engageant des conversations avec les clients. Les règles sont strictes : aucun téléphone, seulement votre carte bancaire et les vêtements que vous portez. Les tenues légères, les sweat-shirts à capuche et les pulls de Noël sont interdits, ce qui ajoute une touche d’originalité à cette expérience. Après un contrôle de sécurité, j’ai été conduit dans l’ancienne maison du gouverneur, où se trouvent le restaurant et la cuisine, ainsi qu’une boulangerie pour les détenus apprenant la pâtisserie.

La salle à manger est élégante, avec climatisation et musique d’ambiance, offrant un cadre agréable. Les chaises en cuir, fabriquées par des détenus d’une autre prison, ajoutent une note de sophistication, tandis que des œuvres d’art réalisées par des détenus ornent les murs. Malgré quelques éléments rappelant le cadre carcéral, l’atmosphère est accueillante. Les couverts en plastique et le mobilier fixé au sol rappellent que nous sommes dans un environnement sécurisé. Les visiteurs sont encouragés à ne pas poser de questions sur la situation des serveurs, car ces derniers s’efforcent de changer leur vie. Ceux qui respectent ces règles découvrent un lieu agréable pour passer quelques heures, bien que des incidents isolés montrent que certains visiteurs ne peuvent résister à la tentation de poser des questions indiscrètes.

Le repas que j’ai dégusté était exceptionnel, avec un carpaccio de venaison accompagné de dukkah, suivi d’un colin rôti avec des frites et d’une meringue aux cassis flambée. Mon serveur a été d’une grande aide, insistant sur le fait que les frites valaient le détour. Bien que je me sois senti un peu décalé sans mon téléphone, j’ai savouré un spritz à la fleur de sureau et un cappuccino, qui ont parfaitement accompagné le repas. La qualité de la cuisine rivalise avec celle de nombreux restaurants haut de gamme, tandis que les serveurs démontrent un savoir-faire impressionnant. Cependant, j’ai entendu des remarques critiques de la part d’un groupe de touristes sur la salinité de leur plat. Malgré cela, mon expérience a été sincèrement positive.

Les détenus avec qui j’ai échangé ont exprimé leur satisfaction à travailler dans ce restaurant, soulignant que cela leur permettait de sortir de leur cellule et de vivre une certaine normalité. Travailler à The Clink leur offre une échappatoire à la monotonie de l’enfermement, et ils parlaient avec fierté des recettes et des ingrédients. Pour moi, passer un déjeuner dans ce cadre unique était apaisant, bien que je sois conscient que les prisonniers devaient retourner à leur dure réalité après notre départ. Ce restaurant, bien que charmant, est teinté d’une mélancolie inévitable. En discutant avec un détenu, il a partagé ses luttes pour tirer le meilleur parti de sa situation difficile. Apprécier des plats dignes d’un chef dans un cadre aussi sombre peut sembler paradoxal, mais The Clink s’efforce de transformer des vies, offrant aux détenus une chance de se réinventer.