Dudenhöffer met en garde contre les tarifs douaniers américains : Impact de Trump sur l’emploi dans l’industrie automobile

Dudenhöffer met en garde contre les tarifs douaniers américains : Impact de Trump sur l'emploi dans l'industrie automobile

L’industrie automobile allemande pourrait subir de lourdes pertes si Donald Trump impose des tarifs douaniers de 25 % sur les véhicules de l’UE. Bien que certaines entreprises, comme Mercedes et BMW, aient des stratégies d’évitement grâce à leur production aux États-Unis, d’autres, comme Volkswagen et Audi, sont plus vulnérables. La désindustrialisation est déjà en cours, entraînant des licenciements, et l’Allemagne doit envisager de renforcer ses liens avec la Chine pour maintenir sa compétitivité.

Si Donald Trump, le président américain, concrétise ses menaces de tarifs douaniers, l’industrie automobile allemande pourrait en subir les conséquences les plus sévères. Toutefois, d’autres facteurs contribuent à la désindustrialisation progressive de l’Allemagne, selon l’expert en automobile Ferdinand Dudenhöffer, qui évoque une possible collaboration avec la Chine comme solution.

Impact des tarifs douaniers sur l’industrie automobile allemande

ntv.de : Cette semaine, le président américain a annoncé des droits de douane de 25 % sur les véhicules de l’UE. Quel serait l’impact pour les fabricants allemands si ces hausses étaient mises en œuvre ?

Ferdinand Dudenhöffer : L’impact varie selon les entreprises. Celles qui possèdent de grandes usines aux États-Unis ont des stratégies d’évitement. Par exemple, Mercedes et BMW produisent déjà une partie importante de leurs véhicules aux États-Unis, en particulier des SUV. Ils importent également des modèles comme la série 3, 5 et 7 depuis l’Allemagne. En conséquence, ces entreprises se trouvent dans une position relativement favorable face aux droits de douane. Cependant, il reste à déterminer si cette dynamique sera affectée par les décisions de Trump. Volkswagen, bien qu’ayant une production aux États-Unis, est moins développé que Mercedes et Audi, et Audi, à l’inverse, n’a pas d’installations là-bas, ce qui la rend plus vulnérable.

Conséquences pour l’avenir de l’industrie automobile en Allemagne

Trump a exprimé son souhait de voir les constructeurs automobiles allemands établir leurs usines aux États-Unis. Pensez-vous que cela fonctionnera ?

Oui, les investissements directs des constructeurs allemands dans des usines américaines devraient augmenter. Cela est en partie dû à la baisse de compétitivité de l’Allemagne. Je prévois que la production s’accroisse aux États-Unis, tant pour les fournisseurs que pour les fabricants. Reste à voir si cela concernera uniquement les SUV ou aussi les berlines, qui sont pour l’instant majoritairement produites en Allemagne. Pour éviter les droits de douane, il est également possible d’expédier des Completely Knockdowns (CKD), qui consistent en des véhicules démontés envoyés sous forme de pièces, facilitant ainsi l’assemblage dans le pays d’arrivée et contournant ainsi les droits de douane sur les véhicules assemblés.

En 2023, les constructeurs allemands ont produit un nombre record de 908 000 véhicules aux États-Unis, doublant ainsi les exportations vers ce marché. Cela ne semble pas très prometteur pour l’Allemagne, n’est-ce pas ?

Cette tendance défavorable devrait se poursuivre en raison de la compétitivité diminuée de l’Allemagne, exacerbée par les droits de douane américains. On peut donc s’attendre à une baisse de la valeur ajoutée dans le secteur automobile en Allemagne, avec une délocalisation de la production et une perte d’emplois. En d’autres termes, Trump agit comme un aspirateur à emplois dans notre industrie automobile.

Combien d’emplois pourraient être affectés en Allemagne ?

C’est difficile à prédire, car l’impact exact des droits de douane et la réaction de l’industrie allemande restent incertains. Actuellement, il y a environ 760 000 postes dans le secteur automobile en Allemagne. La menace d’une diminution importante des emplois est déjà visible avec les récents licenciements chez des entreprises comme Bosch, ZF et Continental. La désindustrialisation de l’Allemagne dans le secteur automobile est en cours, et il est possible que ce chiffre tombe à 500 000 dans une décennie, bien qu’il n’existe pas de prévisions fiables à ce sujet.

Les attaques de Trump ciblent-elles spécifiquement les voitures allemandes ?

Non, il s’attaque également aux voitures chinoises, mais pas aux japonaises, car celles-ci produisent déjà une grande partie de leurs véhicules aux États-Unis. L’industrie automobile est un sujet de prédilection pour Trump, car il est familier de par son impact sur le grand public. Les véhicules haut de gamme importés d’Allemagne attirent particulièrement son attention, car ils ont une grande valeur sur le marché américain.

Quelle réponse l’Allemagne devrait-elle adopter ?

Il est essentiel pour nous de développer une relation plus solide avec la Chine, afin de tirer parti de son industrie robuste et de son expertise technique. De plus, la Chine représente le plus grand marché automobile mondial, avec 27 millions de véhicules produits l’année dernière, contre seulement 10 millions aux États-Unis. Les fabricants allemands doivent intensifier leur collaboration avec la Chine pour intégrer les technologies de pointe dans leurs véhicules.

Les constructeurs allemands devraient-ils inverser leur tendance à se rapprocher des États-Unis ?

Quel est l’intérêt de renforcer les liens avec Trump, qui est imprévisible et agit uniquement dans son propre intérêt ? Que peut-on encore espérer de cette relation ?

Les fabricants automobiles allemands risquent-ils des problèmes en Chine si Pékin attaque Taïwan ?

Les États-Unis, sous Trump, ont également montré des tendances impérialistes. La situation géopolitique pourrait donc affecter la position des fabricants allemands en Chine, rendant la situation encore plus complexe.