En attendant le grand succès


Statut : 17/12/2022 01:59

Au cours de l’été, le ministre fédéral des Finances Lindner a déclaré la guerre au blanchiment d’argent en Allemagne. Beaucoup de choses se sont passées depuis : des milliers de cas suspects non traités et la démission du chef de l’autorité anti-blanchiment ont fait la une des journaux.

Par Philipp Eckstein et Nicole Kohnert, ARD Capital Studio

C’était une journée ensoleillée d’août cette année lorsque le ministre des Finances Lindner a annoncé le « vraiment grand succès » dans le jardin de son ministère. L’Allemagne est décrite à plusieurs reprises comme un paradis pour le blanchiment d’argent, et il ne peut s’en contenter.

L’homme politique du FDP a admis des déficits dans la lutte contre le blanchiment d’argent en Allemagne et a en même temps annoncé un nouveau départ en termes de contenu et d’organisation. A cet effet, une nouvelle agence fédérale de lutte contre la criminalité financière doit être mise en place, selon l’annonce de Lindner.

Un nouvel Office fédéral de la police criminelle financière et un nouveau bureau central pour la surveillance du blanchiment d’argent feront partie de la nouvelle autorité. La Cellule de renseignement financier (CRF), cellule de lutte contre le blanchiment d’argent basée à la douane, doit également être renforcée. Elle est responsable de l’évaluation des rapports d’activités suspectes. Les banques, les notaires et les casinos, entre autres, doivent créer de tels rapports s’ils trouvent un transfert ou une transaction suspecte.

Encore et toujours des gros titres négatifs

Cependant, la CRF a fait la une des journaux à plusieurs reprises ces dernières années. Le problème était régulièrement que les signalements d’activités suspectes étaient traités trop lentement et transmis trop tard à la police et aux procureurs. Le parquet d’Osnabrück enquête donc toujours sur des employés inconnus de la CRF. Le soupçon : frustration de la justice en exercice.

La nécessité d’agir était claire lorsque Linder a annoncé son intention de lutter contre la criminalité financière cet été. On savait également à ce stade que le Groupe d’action financière (GAFI) publierait son rapport d’audit sur l’Allemagne peu de temps après.

Le GAFI est un organisme international qui examine régulièrement ses États membres pour déterminer s’ils en font assez pour lutter contre le financement du terrorisme et le blanchiment d’argent. Le bilan de l’Allemagne cet été a finalement été mitigé, mais meilleur que certains ne l’avaient prévu.

Démission du patron de l’agence anti-blanchiment

Mais maintenant, on se demande si le GAFI disposait de toutes les informations nécessaires lorsqu’il a procédé à son examen. Le chef de l’autorité anti-blanchiment, Christof Schulte, a démissionné jeudi. Pour des « raisons personnelles », précise-t-on dans une lettre à la commission des finances du Bundestag.

Peu de temps avant qu’elle ait WirtschaftsWoche en référence à une demande du député CDU Matthias Hauer, rapporte que la CRF n’avait pas informé le GAFI qu’elle accumulait des rapports d’activité suspecte non traités. Il y a plus de 100 000 cas. Les examinateurs ont-ils donc été induits en erreur ?

On ne sait pas ce qui se cache derrière les affaires, si le « gros poisson du blanchiment d’argent » que le ministre des Finances aimerait attraper a été signalé. Le ministre des Finances Lindner a déclaré un jour après la démission de Schulte: « Je ne m’attends pas à un poisson de la taille de Wirecard, c’est-à-dire une baleine, en dessous ».

Néanmoins, le grand nombre de signalements non traités est inacceptable. « C’est une confirmation supplémentaire que nous avions raison de donner la priorité à la lutte contre le blanchiment d’argent et la criminalité financière. »

Beaucoup de rapports non édités

Sebastian Fiedler, politicien du SPD et ancien détective, regarde avec inquiétude les rapports non traités : « Le risque que des crimes graves n’y aient pas été reconnus ou que les forces de l’ordre n’aient pas fait l’objet d’une enquête est très élevé », déclare Fiedler dans une interview au ARD Capital Studio.

On ne sait pas non plus pourquoi la CRF n’a transmis si tard les informations sur les rapports non traités. Lors d’une réunion de la commission des finances du Bundestag en février, son patron de l’époque a déclaré qu’il n’y avait pas d’arriéré de traitement. Les participants ont rapporté que rien n’avait été dit à ce sujet lors d’une visite des parlementaires en septembre.

Sur demande, le ministère des Finances a indiqué qu’à la fin du mois d’août, il avait « incidemment reçu les informations » de la CRF. En septembre, il a ensuite été annoncé qu’un total de 100 963 déclarations d’activités suspectes liées à des risques n’avaient pas encore été traitées à la date de 30 septembre 2022.

Les causes doivent être recherchées

Et qu’en est-il du certificat du GAFI ? Matthias Hauer (CDU) soupçonne « que le bilan » de l’Allemagne en matière de lutte contre le blanchiment d’argent « aurait été bien pire si cette information importante avait été connue ».

Un porte-parole du ministère des Finances s’est référé à la demande du ARD Capital Studios veiller à ce que tous les signalements au comité soient effectués au plus tard en novembre 2021 et donc « avant que les signalements d’activité suspecte non traités ne soient connus ». En outre, le GAFI a également inclus des informations sur les arriérés de traitement de 2017 et 2018 dans son rapport.

« Même si cette note pour la CRF avait été pire en raison des nouveaux arriérés de traitement qui sont maintenant connus, cela n’aurait pas conduit l’Allemagne à glisser dans la catégorie la plus mauvaise suivante pour le résultat global du contrôle du GAFI », a déclaré le porte-parole.

Dans le même temps, le ministère a annoncé que les nouvelles informations seraient intégrées dans un prochain audit de suivi par le GAFI. Le ministère a également demandé à la CRF de travailler sur les causes de l’arriéré de traitement. Le cabinet de conseil PwC devrait également y contribuer. « Les résultats restent à voir », a déclaré un porte-parole du département du Trésor.

Lutte contre le blanchiment d’argent – quel avenir pour la CRF ?

Philipp Eckstein, ARD Berlin, 17 décembre 2022 01h59



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