Nowruz, la fête du Nouvel An persan, est célébrée chaque année en Iran et dans d’autres pays de la région à la fin du mois de mars. C’est une fête qui symbolise la renaissance et le renouveau, et qui marque une nouvelle étape dans le cycle de la vie. Mais cette année, de nombreux Iraniens ont des sentiments mitigés alors que le pays est confronté à une crise économique et à des tensions politiques croissantes.
Les manifestations qui ont éclaté en Iran en novembre 2022 étaient dirigées contre le gouvernement et la situation économique difficile dans le pays. Elles ont été déclenchées par une augmentation dramatique du prix de l’essence, mais ont rapidement pris une tournure politique plus large. Les manifestants ont appelé à la démission du gouvernement et ont exprimé leur frustration face à la corruption et à l’injustice dans le pays.
Les manifestations ont également été marquées par des actes de violence et de répression brutale de la part des forces de sécurité iraniennes. Selon des rapports officiels, plus de 500 personnes ont été tuées lors de ces manifestations, bien que le nombre réel de victimes soit probablement beaucoup plus élevé. Les manifestants ont également été arrêtés en masse et soumis à des tortures et à d’autres formes de violence physique et psychologique.
Le meurtre de Mahsa Amini, une étudiante kurde de 26 ans, pendant les manifestations a été l’un des événements les plus marquants de cette période. Sa mort a déclenché des manifestations et une vague d’indignation à travers le pays, avec des milliers de personnes descendant dans la rue pour exiger justice et la fin de la répression.
Six mois se sont écoulés depuis la mort de Mahsa Amini, et les Iraniens commencent à marquer le Nouvel An persan. Mais l’ambiance n’est pas à la fête pour beaucoup.
Les proches des victimes de la répression ont décoré les pierres tombales de leurs êtres chers avec des arrangements traditionnels Haftsin. Les tombes étaient ornées d’agropyre et de fleurs, et entourées de parents en deuil de tout le pays. Cependant, pour de nombreux Iraniens, ces décorations n’ont pas suffi à effacer la douleur de leur perte.
« Nous avons perdu tant de jeunes âmes lors de la manifestation cette année », a déclaré Akram, 68 ans, un architecte à la retraite. « En ma qualité de mère, comment puis-je être indifférente à ce qui s’est passé et célébrer ? Nous avions l’habitude de compter les jours jusqu’au printemps quand nous étions jeunes, mais ces jours sont révolus depuis longtemps… comme nous ne voyons pas nos jeunes grandir ou progresser dans la société, il n’y a rien à attendre. »
Les difficultés économiques ont également été un facteur important pour beaucoup d’Iraniens cette année. L’économie iranienne était déjà sous pression avant les manifestations, en raison des sanctions internationales et des politiques économiques inefficaces du gouvernement. Depuis, les sanctions se sont encore renforcées, et les Iraniens ont vu leurs revenus et leur pouvoir d’achat s’effondrer.
Le prix de l’ajil, un mélange traditionnel de noix, de graines et de fruits secs qui fait partie intégrante des célébrations de Nowruz pour beaucoup, est devenu presque impossible à se permettre pour de nombreuses familles.
« Si vous comparez les prix de l’année dernière, qui étaient encore élevés, à ceux d’aujourd’hui, la différence est plus proche de 50 ans que d’un », a déclaré Ali, un ingénieur en logiciel. « Nous avons tous des emplois décents, mais cette année, nous ne pouvons pas nous permettre d’acheter un ajil pour la famille. Cette année, Nowruz n’a aucune importance pour moi. Le printemps ne semble pas arriver et je n’ai pas l’enthousiasme habituel pour une nouvelle année. »
Malgré ces défis, certains Iraniens sont déterminés à célébrer Nowruz et à garder espoir pour l’avenir. Mona, une enseignante, s’accroche fermement au slogan de protestation « Femme, vie, liberté » – et dit qu’ils devraient s’accrocher à la vie face à l’oppression.
« C’est précisément à cause du mouvement que nous devons continuer à vivre et à célébrer. Cela signifie que l’oppression a gagné si nous arrêtons, » a-t-elle déclaré. « Il est important pour moi de préserver les traditions et d’apprendre à mes enfants à continuer malgré les obstacles. Nous n’avons plus rien si nous perdons espoir. »
En fin de compte, la célébration de Nowruz en Iran cette année est empreinte d’un mélange de tristesse, de colère, de résilience et d’espoir. Les Iraniens continuent à se battre pour leur avenir et leur liberté, malgré les nombreux défis auxquels ils sont confrontés. Et ils cherchent à trouver une lueur d’espoir dans cette période difficile, en espérant que leur pays pourra en finir avec la répression et connaître un nouveau départ.
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