Ce matin, syndicats et employeurs reprennent les négociations concernant les salaires de plus de 2,5 millions de travailleurs du secteur public en Allemagne, en pleine crise avec des grèves déjà en cours. Les syndicats exigent une augmentation de 8 % ou au moins 350 euros supplémentaires par mois, tandis que les employeurs jugent ces demandes trop coûteuses. L’issue des discussions, cruciales pour éviter de nouvelles grèves, reste incertaine.
Ce matin, les syndicats et les employeurs ont repris les négociations. Ce conflit tarifaire dans le secteur public concerne les salaires de plus de 2,5 millions de travailleurs. Quelles sont les revendications ? Devons-nous redouter de nouvelles grèves d’avertissement ?
État des lieux
Le secteur public en Allemagne est actuellement en proie à des perturbations majeures : les aéroports sont paralysés, les crèches sont fermées, et les déchets s’accumulent. Selon le syndicat ver.di, plus de 150 000 personnes ont participé aux grèves d’avertissement la semaine dernière. Les négociations entre employeurs et syndicats se déroulent à Potsdam et entrent dans une phase cruciale après une pause nocturne. Bien que trois tours de négociations aient déjà eu lieu, des ajustements significatifs sont nécessaires pour parvenir à un accord. Voici un aperçu des positions des différentes parties :
Les parties concernées
Les discussions portent sur les salaires et les heures de travail de plus de 2,5 millions de salariés des municipalités et de l’État fédéral. Ces travailleurs œuvrent dans divers domaines tels que l’administration, les crèches, les écoles, et les transports publics, ainsi que dans les services de gestion des déchets et d’assainissement. La majorité d’entre eux sont régis par la convention collective pour le service public (TVöD), bien que cet accord s’applique également aux fonctionnaires. Les employés des Länder ne sont pas inclus dans ces négociations, car des discussions séparées les concernent.
Le syndicat ver.di a déjà annoncé des grèves supplémentaires dans le secteur public pour les jours à venir.
Les revendications des syndicats
Les syndicats ver.di et dbb représentent les travailleurs et demandent une augmentation salariale de huit pour cent, ou au moins 350 euros supplémentaires par mois, ainsi que des primes plus élevées pour le travail durant les périodes difficiles. Ils souhaitent également que les salaires des apprentis et stagiaires soient augmentés de 200 euros par mois et réclament au moins trois jours de congé supplémentaires.
Avant le début des négociations, les syndicats ont exprimé leur impatience face à l’absence d’offre de la part des employeurs. Volker Geyer, négociateur du dbb, a souligné que le ‘manque de personnel persistant’ est un échec des employeurs, qui pèse lourdement sur les employés.
Les attentes des employeurs
Les employeurs n’ont pas encore précisé leurs positions, mais ils estiment que les demandes des syndicats sont trop onéreuses. Le troisième tour de négociations a commencé sans proposition de leur part. Nancy Faeser, la ministre fédérale de l’Intérieur, a cependant suggéré qu’elle ‘finirait par’ soumettre une offre. En tant que principale négociatrice du gouvernement, elle fait face à des demandes qui, selon les calculs des employeurs, engendreraient des coûts supplémentaires de près de 15 milliards d’euros par an, une situation inacceptable compte tenu des finances publiques déjà tendues.
Faeser a exprimé son optimisme quant à la possibilité de trouver un résultat équitable.
Possibilité d’un accord ce week-end
Évaluer la probabilité d’un accord ce week-end est complexe. Les employeurs espèrent une ‘solution viable’ et se montrent optimistes, mais cela nécessite des concessions de part et d’autre, selon Niklas Benrath, directeur général de l’Association des employeurs municipaux (VKA). Les syndicats pointent du doigt l’absence de progrès de la part de l’État fédéral et des municipalités. Bien que des avancées aient souvent été observées lors des troisième tours de négociations, rien n’est garanti. Il se pourrait donc que les discussions s’étendent, possiblement jusqu’à un quatrième tour.
Conséquences d’un échec des négociations
Si aucun accord n’est atteint, des grèves d’avertissement pourraient avoir lieu, mais cela n’est pas inévitable. Si un compromis semble proche, un nouveau tour de négociations pourrait être envisagé. En cas de blocage, une médiation pourrait également être sollicitée, comme cela a été le cas lors des dernières négociations en 2023. Pendant la médiation, les grèves seraient suspendues en raison d’une obligation de paix.
Impact des négociations sur la politique
La ministre Faeser, tout en étant engagée dans les négociations salariales, participe également aux discussions sur la formation d’un nouveau gouvernement fédéral, axées sur la réduction de la bureaucratie et la modernisation de l’État. Bien qu’elle ne soit pas toujours présente à Potsdam, le secrétaire d’État aux Finances, Steffen Meyer, peut la remplacer durant les négociations.
Enfin, 256 membres de 16 groupes de travail, comprenant des représentants de la CDU, CSU et SPD, entament aujourd’hui leurs négociations de coalition.