Le procès pour fraude de Joseph Blatter et Michel Platini se déroule à Muttenz, centré sur un contrat de conseil signé en 1999. Blatter a fixé le salaire annuel de Platini à 300 000 francs, jugé excessif. En 2010, Platini a demandé un paiement rétroactif de 2 millions de francs après avoir découvert des indemnités élevées versées par la Fifa. Le procureur affirme qu’il s’agit de cupidité, tandis que les avocats soutiennent l’existence d’un accord verbal. Le jugement est attendu le 25 mars.
Le procès pour fraude impliquant les figures emblématiques du football, Joseph Blatter et Michel Platini, se déroule cette semaine à Muttenz. Cette affaire complexe s’articule autour de trois périodes clés : en 1999, la Fédération Internationale de Football (Fifa) a signé un contrat de conseil avec Platini. En tant que président de la Fifa depuis 1998, Blatter souhaitait s’entourer d’expertise et de prestige.
Blatter a lui-même inclus dans le contrat le salaire annuel de Platini, fixé à 300 000 francs pour une durée de quatre ans. Ce montant, inscrit à la main, était réservé à un cercle restreint au sein de la Fifa, car il était jugé outrageusement élevé pour l’époque.
Des indemnités exorbitantes pour les dirigeants de la Fifa
La deuxième période à examiner concerne les années 2010 et 2011. À cette époque, Platini, devenu président de l’Union Européenne de Football (Uefa), a découvert que la Fifa versait des indemnités de départ exorbitantes à certains de ses dirigeants sortants : 7 millions de francs pour le secrétaire général Urs Linsi et 3,5 millions de francs pour son adjoint Jérôme Champagne.
Cette révélation a suscité l’intérêt de Platini pour obtenir un paiement rétroactif pour son ancien rôle de conseiller. Lors de la Coupe du Monde de football 2010 en Afrique du Sud, il a donc sollicité à plusieurs reprises l’ancien directeur financier de la Fifa, Markus Kattner. En début 2011, Platini a finalement soumis une facture de 2 millions de francs, que la Fifa a réglée sans délai.
Aucun document ne précise pourquoi la Fifa a effectué ce paiement de 2 millions à Platini. Le procès pénal, qui a débuté il y a près de dix ans, se concentre sur la justification de ce versement.
La troisième période se situe en mai 2015, lorsque la Fifa a été secouée par des enquêtes judiciaires américaines. Les autorités cherchaient à comprendre comment le Qatar avait obtenu l’organisation de la Coupe du Monde 2022, alors que les États-Unis avaient aussi présenté leur candidature. Au siège de la Fifa à Zurich, une grande quantité de données a été saisie, révélant également le paiement de 2 millions de francs à Platini, sans explication écrite.
Blatter et Platini continuent de justifier ce paiement par un accord verbal datant de 1999, affirmant que Platini avait initialement demandé un salaire d’un million de francs par an. Faute de pouvoir répondre à une telle exigence, ils auraient convenu oralement des 300 000 francs, avec la promesse de régler le reste lorsque la situation financière de la Fifa s’améliorerait. Cependant, une question demeure : pourquoi Platini, issu d’une famille de mathématiciens, a-t-il demandé seulement 2 millions de francs au lieu de 2,8 millions, somme qui lui aurait été due selon les calculs d’Adam Riese ?
Décision attendue dans trois semaines
Le procureur fédéral a proposé une explication succincte dans son réquisitoire : l’accord verbal entre Blatter et Platini n’a jamais existé. Selon lui, le paiement de 2 millions de francs au début de 2011 découle d’une motivation plus simple : la cupidité, associée à une compensation pour que Platini ne conteste pas la présidence de Blatter à la Fifa.
Les avocats de Blatter et Platini ont vigoureusement réfuté cette interprétation lors de leurs plaidoiries, soutenant que leurs clients avaient toujours présenté leur contrat oral de manière cohérente. Toute autre explication semble illogique. Une cour spéciale, composée de trois présidents de tribunaux cantonaux, se prononcera sur l’affaire. Le jugement est prévu pour le 25 mars.