Friedrich Merz : les stratégies audacieuses pour transformer l’économie allemande

Friedrich Merz : les stratégies audacieuses pour transformer l'économie allemande

Le programme électoral des partis conservateurs CDU et CSU propose un renouvellement économique pour l’Allemagne, en s’inspirant de l’héritage de Ludwig Erhard. Friedrich Merz appelle à des réformes profondes pour sortir de la stagnation, tout en soulignant l’importance de la compétitivité. Cependant, des doutes subsistent quant à l’efficacité de leurs propositions, notamment sur la réforme des retraites et le financement des baisses d’impôts, alors que la possibilité de coalitions futures pourrait influencer l’orientation économique du pays.

Un Appel à la Prospérité Économique

«Nous aspirons à un pays capable de générer de la prospérité pour tous», proclame le programme électoral dévoilé mardi par les partis conservateurs CDU et CSU. Cette déclaration évoque délibérément l’héritage de Ludwig Erhard, le légendaire ministre des Finances de la jeune République fédérale, qui a soutenu un ordre économique libéral, posant ainsi les bases du «miracle économique» de l’époque.

Vers un Nouveau Départ Économique

Friedrich Merz, président de la CDU et candidat à la chancellerie de l’Union, souhaite capitaliser sur cet héritage. Il a déclaré mardi qu’un «changement radical de politique est nécessaire pour l’Allemagne». Le pays est en effet confronté à un besoin urgent de renouveau dans sa politique économique.

Actuellement, l’économie allemande traverse une phase de stagnation structurelle qui nécessite des réformes profondes. Contrairement à d’autres nations, la reprise économique post-pandémique reste insatisfaisante. Le produit intérieur brut est à l’arrêt, la production industrielle est en déclin, et la compétitivité internationale est en berne. Des géants industriels tels que ThyssenKrupp et Volkswagen sont en difficulté, tandis que la population continue de ressentir l’impact de l’inflation élevée des années 2022 et 2023.

D’autres partis politiques mettent également l’accent sur les enjeux économiques dans leurs programmes en vue des élections législatives anticipées du 23 février. Ce focus sur l’économie pourrait donner à Merz un avantage initial, car l’Union est généralement perçue comme compétente en matière économique. De plus, Merz peut s’appuyer sur son expérience en tant qu’ancien partenaire du cabinet d’avocats Mayer Brown et ancien président du conseil de surveillance de Blackrock Allemagne.

Que peut-on attendre de Merz ? Dans l’ensemble, le programme électoral de l’Union présente une approche plus favorable à l’économie que les propositions des sociaux-démocrates et des Verts. Parmi les éléments clés figurent :

Bien que ces idées soient prometteuses d’un point de vue libéral et réglementaire, on peut se demander si elles suffiront à relancer la croissance économique en Allemagne. Les économistes soulèvent des doutes légitimes, notamment en raison de l’absence de réforme des retraites, une question cruciale face au vieillissement de la population.

La CDU avait initialement proposé d’ajuster l’âge de départ à la retraite en fonction de l’espérance de vie, mais sa position actuelle reflète un manque de volonté de réforme. «Nous maintenons la réglementation légale existante sur l’âge de départ à la retraite», indique le programme. De plus, l’Union ne prévoit pas de modifications concernant la retraite anticipée sans pénalité pour ceux ayant contribué pendant au moins 45 ans. Les réformes se limitent à des mesures cosmétiques, comme des incitations fiscales pour ceux qui choisissent de travailler plus longtemps.

Les programmes électoraux ont souvent tendance à éviter les sujets délicats, mais ce que les partis choisissent d’ignorer pendant la campagne risque de ne pas être repris une fois au pouvoir. Le manque de réformes véritablement significatives en matière de retraite risque également de peser sur les finances publiques. À l’heure actuelle, plus de 110 milliards d’euros par an sont déjà transférés du budget fédéral pour subventionner l’assurance retraite, alors que les cotisations des actifs ne suffisent plus à couvrir les retraites actuelles, sans compter l’absence d’un deuxième pilier de prévoyance vieillesse viable.

Un autre point faible du programme de l’Union réside dans son financement incertain. Les allégements fiscaux promis pour les citoyens et les entreprises pourraient atteindre près de 90 milliards d’euros par an, selon des estimations. Bien que ce soit supérieur aux propositions des sociaux-démocrates et des Verts, cela reste inférieur à celles du FDP.

Des économies sur les dépenses publiques et une réduction de la bureaucratie ne suffiront probablement pas à générer 90 milliards d’euros par an. Bien que l’amélioration des conditions pour les entreprises puisse stimuler la croissance et donc les recettes fiscales, cet effet ne sera probablement pas suffisant dans un premier temps pour couvrir les avantages annoncés.

De plus, le programme de l’Union soutient le frein à l’endettement constitutionnel, qui impose des limites strictes sur le déficit annuel. Cela est judicieux d’un point de vue réglementaire pour éviter de surcharger les générations futures, mais cela soulève des préoccupations concernant le financement, surtout que l’Union plaide également pour des dépenses de défense d’au moins 2 % du PIB. Une pression pourrait s’exercer pour contourner le frein à l’endettement à travers des «fonds spéciaux» tels que ceux de la Bundeswehr.

Il est donc surprenant que l’Union aborde également le sujet des subventions avec une certaine hésitation. Bien que le programme suggère de revoir toutes les dépenses publiques, y compris les subventions, il manque des propositions concrètes.

Au lieu de cela, l’Union semble promettre des aides sélectives et des allégements fiscaux pour différents secteurs, notamment pour les agriculteurs, la population rurale et le secteur de l’hôtellerie-restauration.

Les récents sondages indiquent que l’Union a de bonnes chances de devenir le premier parti et de nommer le futur chancelier. Toutefois, cela ne garantit pas une majorité absolue. Merz devra donc chercher des partenaires pour éviter un gouvernement minoritaire, ce qui signifie que l’orientation économique future dépendra largement de la composition de la coalition.

Il existe des similitudes significatives en matière de politique économique avec le FDP libéral, mais ce dernier craint de ne pas être représenté au prochain Bundestag. Même s’il réussit, une coalition entre l’Union et le FDP pourrait ne pas avoir la majorité requise.

Une coalition avec le SPD ou les Verts semble plus probable, mais ces deux partis défendent des priorités qui pourraient diverger des propositions de l’Union.