Géorgie : La contestation populaire face au gouvernement ne faiblit pas

Géorgie : La contestation populaire face au gouvernement ne faiblit pas

Des milliers de Géorgiens manifestent pour revendiquer la reprise des discussions sur l’adhésion à l’Union européenne, face à une répression gouvernementale soutenue par des sanctions internationales. La situation s’intensifie avec des tensions entre la population et les forces de l’ordre, des démissions au sein de la diplomatie géorgienne et des critiques croissantes contre le parti pro-russe Rêve géorgien. Les États-Unis et les pays baltes réagissent également par des sanctions, tandis que des comparaisons avec la crise ukrainienne émergent.

En Géorgie, des milliers de citoyens se sont à nouveau mobilisés pour réclamer la reprise des discussions sur l’adhésion à l’Union européenne. Face à cette vague de manifestations, le gouvernement pro-russe a réagi par un déploiement massif des forces de l’ordre, entraînant des sanctions de plusieurs États en réponse à cette répression.

Les manifestations continuent de prendre de l’ampleur : pour la cinquième journée consécutive, des milliers de Géorgiens expriment leur mécontentement face à la suspension des négociations d’adhésion à l’UE. Dans diverses villes, des rassemblements ont eu lieu contre la posture du parti national-conservateur au pouvoir, Rêve géorgien.

À Tbilissi, la capitale, la police a de nouveau eu recours à des canons à eau et à des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants, tandis que ceux-ci ripostaient en lançant des pétards sur les forces de sécurité. Les agents ont tenté de repousser la foule loin du bâtiment du Parlement.

Des démissions au sein de la diplomatie géorgienne

L’adhésion à l’UE est ancrée dans la constitution géorgienne. Les critiques face à ce revirement ne proviennent plus uniquement de la rue. De nombreuses institutions scolaires et universitaires à travers le pays ont décidé de suspendre leurs cours pour une durée indéterminée, comme l’a rapporté l’agence Interpressnews, en signe de solidarité avec les manifestants et de soutien à leurs revendications.

Des employés des ministères des Affaires étrangères, de la Défense et de l’Éducation, ainsi que certains juges, ont également pris leurs distances par rapport à la décision gouvernementale. Selon des médias, les ambassadeurs géorgiens en Bulgarie et aux Pays-Bas auraient présenté leur démission.

Ivanichvili, un homme d’affaires longtemps perçu comme l’espoir de la Géorgie, est désormais source de mécontentement parmi la population.

Réactions internationales et sanctions

Des réactions fermes émergent également sur la scène internationale. Les États baltes, à savoir l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie, ont convenu d’imposer des sanctions nationales à l’encontre de la direction géorgienne, comme l’ont annoncé les ministres des Affaires étrangères sur la plateforme X. Ces mesures visent ceux qui répriment des manifestations légitimes.

La liste des sanctions inclut le milliardaire pro-russe Bidzina Ivanichvili, soutien clé du parti Rêve géorgien, ainsi que dix membres du ministère de l’Intérieur. Le ministre lituanien des Affaires étrangères, Gabrielius Landsbergis, a indiqué sur X une interdiction d’entrée en Lituanie pour ces personnes, en raison de leur implication dans des violations des droits de l’homme.

Les États-Unis, de leur côté, ont suspendu temporairement leur partenariat stratégique avec la Géorgie. La décision de Rêve géorgien de suspendre le processus d’adhésion à l’UE a été qualifiée de ‘trahison à la constitution géorgienne’ par un porte-parole du département d’État américain.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a exprimé son regret face à la décision du gouvernement, tout en assurant que l’Union européenne reste aux côtés des Géorgiens dans leur aspiration à un avenir européen. Le Premier ministre Kobachidze a déclaré que la Géorgie ne reprendra pas les négociations d’adhésion avant la fin de l’année 2028.

Comparaisons avec l’Ukraine

La Russie suit de près les événements dans ce petit pays voisin. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré : ‘Nous avons observé des événements similaires dans plusieurs pays.’ La Russie accuse régulièrement l’Occident de provoquer des révolutions de couleur dans l’espace post-soviétique.

Peskov a établi un parallèle direct avec les événements survenus lors du Maïdan en Ukraine, où des manifestants avaient exprimé leur désir de rapprochement avec l’UE, ce qui avait conduit à la destitution du président pro-russe Viktor Ianoukovitch.

Des milliers de citoyens géorgiens sont dans la rue pour contester la volonté du nouveau gouvernement de stopper les négociations d’adhésion à l’UE.

Les élections parlementaires contestées

À la suite des élections parlementaires entachées d’allégations de fraude fin octobre, la commission électorale a déclaré le parti Rêve géorgien vainqueur, avec environ 54 % des suffrages. Ce résultat a immédiatement suscité des manifestations contre les résultats officiels. L’opposition pro-européenne et la présidente pro-européenne Salome Zourabichvili contestent les résultats et demandent la tenue de nouvelles élections.

L’opposition refuse d’accepter les mandats et de siéger au Parlement. En raison d’une plainte déposée par Zourabichvili devant la Cour constitutionnelle, des tensions persistent concernant la légitimité du Parlement, qui fonctionne actuellement sans l’opposition.