Grèves en France : les femmes sont-elles les grandes perdantes de la réforme des retraites envisagée ?


Des centaines de milliers de personnes défilent en France mardi, pour une sixième journée de protestation contre les projets de réforme des retraites du gouvernement.

Beaucoup affirment que cette réforme désavantagera les femmes – même le cabinet du président français Emmanuel Macron semble être d’accord avec cette déclaration.

Frank Riester, le ministre des relations parlementaires a admis que « les femmes seront pénalisées » par le relèvement de l’âge de la retraite de 62 à 64 ans.

Qu’y a-t-il derrière cette affirmation ?

Tout d’abord, passons aux bases. Tout travailleur en France peut actuellement prendre sa retraite à 62 ans. Mais cet âge sera progressivement repoussé par le plan de réforme à 64 ans.

Cela ne signifie pas que si vous prenez votre retraite à 64 ans, vous toucherez votre pension à taux plein. La plupart des gens percevront le taux plein s’ils prennent leur retraite à 67 ans ou s’ils ont travaillé pendant 43 ans.

Les femmes sont actuellement désavantagées parce qu’elles ont tendance à prendre leur retraite plus tard que les hommes et à toucher des pensions moins élevées — environ 40% de moins que les hommes.

Cela pour plusieurs raisons : des salaires inférieurs à ceux des hommes et aussi le fait que les femmes ont tendance à travailler davantage à temps partiel ou à avoir des carrières moins continues que les hommes parce qu’elles prennent un congé de maternité ou pour s’occuper de leurs enfants ou d’un membre de la famille malade, par exemple.

En 2022, les femmes gagnaient en moyenne 22% de moins que les hommes, selon les statistiques INSEE.

Les femmes vont-elles être désavantagées par la réforme ?

Mais les économistes estiment que la nouvelle réforme des retraites aggravera ce désavantage déjà existant.

Selon les règles prévues, les femmes nées en 1972 devront travailler neuf mois supplémentaires contre seulement cinq mois pour les hommes nés la même année. Les femmes nées en 1980 devront travailler huit mois de plus, tandis que les hommes seulement quatre.

Actuellement, les droits à la retraite permettent aux femmes de partir à 62 ans et de percevoir le taux plein si elles ont pris leur congé de maternité complet.

Mais la réforme des retraites de Macron ne tiendra plus compte de ce congé maternité, ce qui obligera les mères à attendre encore deux ans avant de prendre leur retraite.

Selon Elena Bassoliéconomiste de la santé au École d’économie de Parisla réforme aura également un impact négatif sur les femmes travaillant dans certains secteurs.

« Les infirmiers, enseignants ou femmes de ménage qui sont majoritairement occupés par des femmes pourraient être durement touchés par la réforme des retraites notamment pour les femmes en fin de carrière. exemple, sur la santé des femmes », a-t-elle déclaré à Euronews.

Le gouvernement a promis d’augmenter les pensions minimales notamment pour les femmes jusqu’à 1 200 euros avant impôt. Cependant, les experts affirment que cette politique – bien que bienvenue – ne profitera qu’à peu de femmes sur le marché du travail.

« Il y a deux conditions pour cette augmentation : il faut avoir travaillé les 43 années complètes. Mais 40% des femmes partent à la retraite avec une carrière incomplète », a déclaré Sophie Binetsecrétaire général de Syndicat des cadres CGTen charge de l’égalité femmes-hommes.

« La deuxième condition est que cette carrière complète soit à temps plein et que 30% des femmes travaillent à temps partiel. Donc, peu de femmes recevront cette augmentation de pension », a-t-elle déclaré à Euronews.

Comment se comparent les autres pays européens ?

Bien qu’aucun pays ne dispose d’un système de retraite parfaitement égalitaire, certains voisins de la France ont mieux réussi à atténuer l’écart entre les sexes en matière de retraite.

L’Estonie a la différence moyenne la plus faible entre les pensions des hommes et des femmes, à seulement 3,3 %. Viennent ensuite la Slovaquie (7,6%) et le Danemark (10,6%) selon le Indice mondial des pensions du Mercer CFA Institute.

C’est à Malte et aux Pays-Bas que les femmes retraitées sont les moins bien loties dans l’UE, avec un écart de rémunération entre les sexes de 46 % et 41 %, respectivement.





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