Guerre d’Ukraine : Kyiv compare les tactiques « génocidaires » russes à la famine « Holodomor » de l’ère soviétique


L’Ukraine a accusé samedi le Kremlin d’utiliser les mêmes tactiques « génocidaires » qu’elle avait utilisées contre lui dans les années 1930 sous Josef Staline, à l’occasion du 90e anniversaire de la famine de l’ère soviétique qui a pris une nouvelle résonance depuis l’invasion russe.

Le pays a reçu un flux de nouveaux messages de soutien, alors que plusieurs dirigeants européens se sont rendus à Kyiv pour les commémorations de l’Holodomor, que l’Ukraine considère comme un « génocide ».

Cela survient alors que l’Ukraine s’efforce de repousser les forces d’invasion russes et fait face à des pannes de courant massives dans tout le pays après des vagues de frappes aériennes russes sur des infrastructures vitales.

En novembre 1932, le dirigeant soviétique Staline envoya la police pour saisir toutes les céréales et le bétail des fermes ukrainiennes nouvellement collectivisées, y compris les semences nécessaires pour planter la prochaine récolte. Des millions de paysans ukrainiens sont morts de faim dans les mois suivants à cause de ce que certains historiens qualifient de meurtre de masse prémédité.

« À l’occasion du 90e anniversaire de l’Holodomor de 1932-1933 en Ukraine, la guerre d’agression génocidaire de la Russie poursuit le même objectif que lors du génocide de 1932-1933 : l’élimination de la nation ukrainienne et de son statut d’État », a déclaré le ministère ukrainien des Affaires étrangères dans un communiqué.

« Les récits politiques et idéologiques de l’ère stalinienne, en particulier présentant l’image du soi-disant « Occident hostile » et le déni de l’existence de l’Ukraine en tant qu’État indépendant, sont activement reproduits aujourd’hui. »

« Les Russes paieront pour toutes les victimes de l’Holodomor et répondront des crimes d’aujourd’hui », a écrit Andriy Yermak, le chef de l’administration présidentielle ukrainienne, sur Telegram.

« Autrefois, ils voulaient nous détruire par la faim, maintenant – par les ténèbres et le froid », a écrit le président Volodymyr Zelenskyy, également sur Telegram. « Nous ne pouvons pas être brisés. »

De Croo s’engage à soutenir la Belgique

Le Premier ministre belge Alexander De Croo, effectuant sa première visite depuis le début de l’invasion russe, a souligné l’importance de se tenir aux côtés de l’Ukraine maintenant que la Russie se retourne contre la population et les infrastructures du pays.

Lui et Zelenskyy ont signé une déclaration de soutien à l’adhésion de l’Ukraine à l’UE et à l’OTAN.

Le président ukrainien a remercié le dirigeant belge pour son soutien indéfectible, et a notamment noté que la Belgique « est le leader en volume d’avoirs russes gelés – 50 milliards d’euros, voire plus ».

Le Premier ministre a tweeté pour dire que la Belgique « libérait une nouvelle aide humanitaire et militaire », et a été l’un des premiers pays à soutenir l’initiative de Zelenskyy pour acheminer les céréales ukrainiennes vers les marchés mondiaux.

La Belgique va fournir un soutien financier supplémentaire de 37,4 millions d’euros à l’Ukraine, selon l’agence de presse Belga.

Les Premiers ministres polonais et lituanien, Mateusz Morawiecki et Ingrida Šimonytė, deux des plus proches partisans de l’Ukraine, ont rencontré leur homologue Denys Shmyhal.

Les trois dirigeants ont publié une déclaration commune après la réunion soulignant leur soutien continu à l’Ukraine et dénonçant les actions de la Russie.

Le chancelier allemand Olaf Scholz a annoncé dans une vidéo une aide supplémentaire de 15 millions d’euros pour soutenir les exportations de céréales ukrainiennes, perturbées par la guerre. Le parlement allemand a décidé vendredi de définir l’Holodomor comme un « génocide ».

Le président français Emmanuel Macron a également promis 6 millions d’euros supplémentaires pour les exportations de céréales, qui sont vitales pour l’approvisionnement de nombreux pays d’Afrique et d’Asie.

« Nous avons choisi d’agir en solidarité avec les pays les plus vulnérables. La Russie, en revanche, continue d’utiliser la faim comme moyen de pression et la nourriture comme arme de guerre », a-t-il déclaré dans un message.

« L’histoire se répète »

Au centre commémoratif de l’Holodomor, dans le centre de Kyiv, une douzaine de prêtres orthodoxes vêtus de robes noires et argentées se sont réunis samedi pour une cérémonie religieuse en l’honneur des victimes de la famine.

« C’était une famine génocidaire créée artificiellement… Maintenant que nous vivons cette guerre massive lancée sans provocation par la Russie contre l’Ukraine, nous voyons l’histoire se répéter », a déclaré à l’AFP le pape Oleksandre Chmurgin, 38 ans.

Parmi les personnes réunies pour commémorer les victimes de la famine, l’avocat Andrey Savtchouk, 39 ans, a évoqué une perte « irréparable » pour l’Ukraine.

« Le système de Staline, l’État répressif voulait détruire l’Ukraine en tant que nation. Aujourd’hui, nous voyons que les efforts de Staline sont poursuivis par (le président Vladimir) Poutine », a-t-il déclaré.

La Russie rejette la qualification de la famine du début des années 1930 comme génocide, arguant qu’il n’y a pas eu que des victimes ukrainiennes, mais aussi des Russes, des Kazakhs et d’autres.

En première ligne, les échanges de prisonniers entre la Russie et l’Ukraine se sont poursuivis samedi avec 12 personnes libérées côté Kyiv. Moscou annonce avoir récupéré neuf de ses hommes.

A Dnipro, dans le centre de l’Ukraine, un bombardement russe a blessé au moins 13 personnes, selon le gouverneur régional Valentin Reznichenko.

Dans la capitale, où une partie de la population a passé les trois derniers jours sans électricité après des grèves russes massives mercredi, la municipalité a annoncé avoir rétabli 75 % de l’alimentation électrique et 90 % du chauffage, avec des températures avoisinant les zéro degrés Celsius. .



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