La Suisse fait face à une surconsommation des soins de santé, avec environ 30 % des dépenses considérées comme du gaspillage. Le réseau Medix propose un modèle innovant où les médecins, rémunérés selon des critères de qualité, partagent la responsabilité budgétaire. Cette approche réduit les coûts de santé tout en garantissant des soins de qualité. Les économies réalisées bénéficient également aux patients par le biais de réductions de primes, rendant le système plus durable et équitable.
Un système de santé en surconsommation
La santé en Suisse fait face à un défi majeur : l’excès de soins. Des études montrent qu’environ 30 % des dépenses de santé représentent un gaspillage. Cette surconsommation se traduit par des examens superflus, des consultations médicales précipitées et la prescription de médicaments coûteux sans nécessité.
Un modèle de soins innovant
Les praticiens jouent un rôle clé dans cette surconsommation. Actuellement, leur rémunération est basée sur le nombre d’interventions réalisées : plus ils effectuent de traitements, plus leurs revenus augmentent. Par conséquent, cela encourage une augmentation des soins, même lorsque cela n’est pas justifié.
Un exemple est visible dans des cantons comme Bâle-Ville et Genève, où la densité de médecins et d’établissements de santé est particulièrement élevée, entraînant des coûts de santé par habitant largement supérieurs à ceux d’autres régions comme Appenzell Rhodes-Intérieures.
Responsabilité budgétaire des médecins
Pour aborder la question des coûts, le réseau de médecins Medix a mis en place un système novateur. Créé il y a plus de 25 ans, Medix regroupe environ 900 médecins au service de plus de 500 000 patients, se positionnant comme le plus grand réseau de soins coordonnés en Suisse. Les médecins généralistes, en tant que point de contact principal, assurent la gestion des soins des patients.
Ce qui distingue Medix, c’est le partage de la responsabilité budgétaire. Lorsque le réseau atteint des objectifs de coûts spécifiques, les médecins bénéficient d’un bonus de 5 à 15 % au-dessus de leur salaire de base. Ce modèle a fait ses preuves, avec des coûts jusqu’à 20 % inférieurs à ceux d’autres systèmes, tout en garantissant une qualité de traitement supérieure, comme l’affirme Leander Muheim, vice-président de Medix.
Un dialogue au cœur des soins
La notion de bonus pour les médecins peut sembler inédite. Cependant, Muheim clarifie que cette approche ne signifie pas que les praticiens ont des incitations financières à réduire les soins. Les rémunérations supplémentaires sont attribuées sur des critères de qualité, sans que le médecin n’ait à hésiter sur la nécessité d’un examen pour des raisons financières.
Muheim souligne que ce système d’incitation éviterait une sous-consommation, tout comme le modèle de rémunération traditionnel favorise une surconsommation. Medix adopte donc une approche hybride, alliant le tarif de prestation individuelle à la responsabilité des coûts, permettant ainsi une régulation équilibrée des soins.
Critères de qualité et économies
Les économies réalisées par les médecins Medix se manifestent par des orientations vers des spécialistes uniquement lorsque c’est nécessaire et par la prescription de médicaments génériques. Pour les patients souffrant de maladies chroniques, un suivi continu est essentiel, établi sur une relation de confiance. Ce modèle permet de réduire les hospitalisations de 10 % par rapport à d’autres systèmes de soins.
Les économies ne profitent pas directement à chaque médecin. Leur bonus est basé sur l’atteinte de critères de qualité, tels que leur participation à des cercles de qualité, le suivi des patients chroniques et la prescription de génériques. Les médecins peuvent ainsi obtenir un bonus allant jusqu’à 15 % en fonction de leur performance en matière de qualité.
Avantages pour les patients
Les patients bénéficient également de ce modèle. En effet, les économies réalisées sont en partie répercutées sur eux sous forme de réductions de primes. Les assureurs comparent les coûts des patients Medix à ceux de patients ayant des risques similaires mais n’utilisant pas ce modèle. Selon Muheim, environ 93 % des économies sont redistribuées aux assurés, leur permettant d’économiser sur leurs primes d’assurance maladie.