Interdiction de fumer en extérieur : la Commission européenne ignore l’impact émotionnel du débat

Interdiction de fumer en extérieur : la Commission européenne ignore l'impact émotionnel du débat

Lors de la session de novembre au Parlement européen, l’extension des zones sans fumée a été rejetée, laissant la décision aux États membres. Malgré une proposition de la Commission européenne visant à élargir ces zones à divers espaces publics et à intégrer des produits comme les cigarettes électroniques, aucune avancée concrète n’est attendue. Les partis politiques ont divergé sur les détails, entraînant un échec de la mesure, qui dépend désormais de la réflexion des gouvernements nationaux et du Conseil de l’UE.

La Débâcle des Zones Sans Fumée au Parlement Européen

«Tout ça pour ça», s’exclament souvent les Français lorsque des efforts considérables mènent à des résultats décevants. Ce dicton prend tout son sens dans le cadre de l’élargissement des zones sans fumée, un sujet brûlant lors de la session de novembre au Parlement européen à Strasbourg. En effet, les députés ont fermement rejeté une résolution à ce sujet, laissant la décision finale entre les mains du Conseil de l’UE, c’est-à-dire des États membres. Même si ces derniers se montraient favorables, aucune amélioration immédiate ne serait attendue dans la vie quotidienne des citoyens européens. En résumé, bien que les discussions aient suscité de nombreuses réflexions, les recommandations en vigueur depuis quinze ans demeurent inchangées.

Les Propositions de la Commission Européenne

L’histoire a débuté en septembre, lorsque la Commission européenne a proposé aux États membres d’étendre les zones sans fumée à des « espaces extérieurs significatifs » comme les aires de jeux, les parcs, les piscines publiques, ainsi que les bâtiments publics, les arrêts de bus et les gares. Cette initiative visait également à inclure de nouveaux produits, tels que les cigarettes électroniques et les vapes jetables.

La Commission s’appuie sur les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé, qui met en lumière les dangers de la pollution de l’air provoquée par ces produits, donnant lieu à des problèmes respiratoires et cardiovasculaires. Chaque année, la consommation de tabac entraîne environ 700 000 décès dans l’UE, dont des milliers dus au tabagisme passif.

Pour atteindre l’objectif ambitieux de réduire à 5 % la consommation de tabac d’ici 2040, la Commission a proposé ces mesures aux États membres. Toutefois, elle ne peut pas imposer de réglementations, car la santé publique dépend des compétences nationales. Certains États membres ont déjà mis en place des réglementations aussi strictes que celles suggérées par la Commission, et un soutien du Parlement aurait renforcé cette demande.

Cependant, cela n’a pas eu lieu. Bien que les trois grandes factions pro-européennes (chrétiens-démocrates, sociaux-démocrates, et libéraux) soutiennent en théorie ces efforts, des partis bourgeois ont cherché à atténuer le texte. Ils ont demandé une distinction entre les cigarettes traditionnelles et électroniques et ont proposé d’exempter les terrasses de restaurant de l’interdiction de fumer.

Au-delà des critiques sur les détails, les chrétiens-démocrates, dont le groupe EVP domine toujours le Parlement, ont soulevé des questions de fond. La Commission, qui prône la réduction de la bureaucratie, aurait paradoxalement introduit de nouvelles interdictions, ce qui a suscité des interrogations. « La résolution n’a pas encore respiré le nouvel esprit », a résumé le médecin et homme politique CDU, Peter Liese.

En fin de compte, la décision appartient aux États membres. Lors du vote final, une partie du groupe EVP a soutenu la recommandation, après que leurs amendements aient été adoptés. En revanche, la gauche n’a pas pu soutenir cette « dilution » de la proposition. « Nous ne ferons jamais de compromis sur la santé des gens », a réagi le SPD.

Ainsi, une alliance inattendue entre la gauche et la droite a finalement fait échouer l’élargissement des zones sans fumée. La balle est désormais dans le camp du Conseil de l’UE, qui doit réfléchir aux politiques de santé et de protection des consommateurs, ainsi qu’aux gouvernements nationaux pour la mise en œuvre de ces propositions.