Meurtre de sa femme en phase terminale : les aveux de David Hunter recevables selon le tribunal chypriote
Un tribunal chypriote a récemment statué que les aveux de David Hunter, un mineur de charbon britannique à la retraite accusé du meurtre de sa femme en phase terminale, étaient légaux et pourraient être utilisés comme preuve contre lui. Cette décision a constitué un revers majeur pour le suspect âgé de 75 ans, qui espérait être jugé pour la moindre accusation d’homicide involontaire. La justice chypriote a insisté sur le fait que les accusations portées contre le retraité étaient recevables.
Le droit à un avocat non respecté ?
Le tribunal a informé à l’accusé les accusations portées contre lui et lui avait donné la possibilité de s’exprimer, malgré les objections selon lesquelles il n’aurait pas eu d’avocat. « Nous contesterons la décision d’inclure les aveux… arguant que la cour d’assises a mal appliqué la loi », a déclaré Michael Polak, l’avocat britannique de David Hunter. Ce dernier dirige également le groupe d’aide juridique basé à Londres, Justice Abroad, qui coordonne la défense de Hunter. Il a souligné que la décision du tribunal chypriote de ne pas garantir à Hunter son droit à un avocat était une violation du droit européen.
Un sujet très controversé
Dans un pays où l’euthanasie reste interdite et très controversée, l’affaire a suscité beaucoup d’émotion. D’autant plus que la majorité de la population locale est orthodoxe, ce qui complique considérablement la situation. Le droit du retraité à un procès équitable doit être protégé à tout prix, a insisté Michael Polak.
David Hunter a admis avoir mis un terme à la vie de sa femme Janice, qui souffrait de leucémie, utilisant ses mains nues pour bloquer ses voies respiratoires. Il a soutenu avoir agi à sa demande pour la protéger de la douleur atroce de sa maladie. Quelques instants plus tard, il a alerté son frère au Royaume-Uni avant de tenter de se suicider en avalant des médicaments. Lorsque la police a retrouvé le couple dans leur maison de retraite louée dans les collines à l’extérieur de Paphos, le corps sans vie de l’homme de 74 ans était affalé dans un fauteuil ; sa femme, avec qui il vivait depuis plus de 50 ans, était allongée sur le canapé à côté de lui.
La position de la défense
Dans des observations juridiques de 30 pages déposées en octobre dernier, l’équipe de défense du Britannique avait fait valoir qu’après avoir tenté de se suicider et sans évaluation psychiatrique appropriée, Hunter n’était pas en état de faire des déclarations aux autorités chypriotes. Invoquant l’absence d’un avocat et d’un interprète, ils ont estimé que les aveux devaient être rejetés avant la poursuite du procès.
Un expert psychiatre a affirmé pendant le procès que Hunter était dans un état dissociatif la nuit où sa femme Janice est décédée. Il a ajouté que cela était dû à la souffrance mentale causée par la leucémie de sa femme. Dans son témoignage devant le tribunal de trois membres, il a également affirmé que Hunter n’aurait pas été capable d’apprécier ses droits en raison de son état psychiatrique.
Lesley Cawthorne, la fille du couple, a pour sa part déclaré que son père avait agi à la demande de sa mère, qui ne voulait plus souffrir.
Contestation des accusations
À la fin de l’année dernière, le procureur général de l’île est intervenu pour révoquer ce que la défense avait décrit comme un accord visant à réduire l’accusation de meurtre à un homicide involontaire. Les procureurs ont fait valoir que sans preuve, telle qu’une note écrite, il était impossible d’accepter l’affirmation de Hunter selon laquelle sa femme lui avait demandé de mettre fin à ses jours. Si la plus haute instance juridique de Chypre constatait que la loi avait été enfreinte, la décision pourrait être annulée, a souligné Michael Polak.
En conclusion, la décision du tribunal chypriote de déclarer les aveux de David Hunter légaux et utilisables comme preuve contre lui a constitué un revers majeur pour le retraité. Déjà sous un fort stress psychologique, cette situation risque de l’affecter considérablement. En outre, la défense et la famille de Hunter continueront à contester les accusations portées contre lui. Si la plus haute institution juridique de Chypre constate que le droit à un avocat n’a pas été respecté, la décision pourrait être annulée. Enfin, l’affaire a suscité une grande émotion dans un pays où l’euthanasie reste interdite et très controversée.
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