Meta met fin à son programme de vérification des faits, le remplaçant par des « notes communautaires » créées par les utilisateurs. Cette décision, présentée par Joel Kaplan comme un soutien à la libre expression, reflète un changement de stratégie face à l’influence politique, notamment celle de Donald Trump. Ce repositionnement vise à réduire la censure et à attirer les conservateurs, tout en soulevant des inquiétudes parmi les libéraux et les annonceurs. Les nouvelles mesures seront mises en œuvre prochainement.
La fin de la vérification des faits chez Meta
La récente décision de Meta de mettre un terme à son programme de vérification des faits, qui était un élément clé dans sa lutte contre la désinformation, souligne l’ascension de Joel Kaplan, le nouveau responsable mondial des politiques de l’entreprise.
L’annonce de cette initiative, faite mardi, a été présentée par Kaplan comme une avancée vers la « libre expression », ce qui s’aligne avec la philosophie défendue par d’autres plateformes comme X. Ce changement met également en évidence la manière dont Meta, fondée par Mark Zuckerberg, a modifié sa position face à l’influence de Donald Trump.
Les implications de ce changement
Meta s’inscrit dans une tendance observée chez d’autres géants technologiques qui ajustent leurs politiques en vue du retour potentiel de Trump à la présidence. Pour remplacer son programme de vérification des faits, Meta introduit des « notes communautaires » élaborées par les utilisateurs, un système déjà en place chez X, propriété d’Elon Musk, également proche de Trump.
Selon Meta, les vérificateurs de faits professionnels peuvent parfois introduire des biais, et le système précédent aurait conduit à une censure excessive. Kaplan a souligné dans un article de blog que la communauté doit avoir le pouvoir de décider si un contenu est potentiellement trompeur et nécessite un contexte supplémentaire.
Le programme de vérification des faits de Meta avait été lancé en décembre 2016, en réponse à la montée des « fake news » après l’élection de Trump et le scandale Cambridge Analytica. Depuis lors, l’entreprise a collaboré avec plus de 100 organisations à travers le monde.
Cette décision survient à un moment délicat, à quelques semaines de l’inauguration de Trump, dont la relation avec Meta a été tendue après la suspension de son compte suite à l’incident du Capitole en janvier 2021.
Kaplan, un ancien conseiller de George W. Bush, a rejoint Meta en 2011 pour renforcer ses efforts de lobbying à Washington. Il a tissé des liens solides avec les dirigeants républicains, devenant ainsi un conseiller influent pour Zuckerberg sur des questions sensibles.
Son influence a souvent été controversée au sein de Meta, notamment quand il a défendu la décision de laisser un post de Trump intact pendant les manifestations de George Floyd, provoquant des tensions avec des employés qui estimaient que cela incitait à la violence.
En tant que figure centrale dans la direction politique de Meta, Kaplan a joué un rôle déterminant dans la manière dont l’entreprise gère la modération de contenu durant l’ère Trump, notamment en organisant des réunions avec des législateurs républicains et en protégeant certains médias de droite des sanctions pour désinformation.
Son nouveau rôle arrive à un moment où Meta fait face à des défis réglementaires croissants, notamment des poursuites antitrust. Les actions récentes de Kaplan sont perçues par certains comme une stratégie pragmatique, tandis que d’autres y voient une tentative d’adaptation aux dynamiques de pouvoir à Washington.
Les analystes ont commenté ce repositionnement, signalant une volonté de séduire les conservateurs tout en inquiétant les libéraux et les annonceurs. Mark Zuckerberg a affirmé que le changement vise à réduire la censure excessive sur la plateforme, tout en promouvant un environnement où la parole est valorisée.
Meta prévoit de mettre en œuvre ces « notes communautaires » dans les mois à venir, avec des mises à jour régulières tout au long de l’année, marquant ainsi un tournant significatif dans son approche de la modération des contenus.