Keith Kellogg a été nommé par Donald Trump comme envoyé spécial pour l’Ukraine. Avec Fred Fleitz, il a élaboré un plan de paix qui conditionne l’aide militaire américaine à des négociations entre l’Ukraine et la Russie. Bien que l’Ukraine doive maintenir ses ambitions territoriales, une résolution pacifique semble difficile tant que Poutine est au pouvoir. La mise en œuvre de ce plan soulève des interrogations sur la sécurité de l’Ukraine, surtout sans adhésion à l’OTAN, rendant improbable une résolution rapide du conflit.
Nomination de Keith Kellogg comme envoyé spécial pour l’Ukraine
Donald Trump a récemment nommé Keith Kellogg en tant qu’envoyé spécial pour l’Ukraine, soulignant l’importance de « la paix par la force » dans sa déclaration de mercredi. Kellogg, un conseiller en sécurité de longue date, a déjà collaboré avec Trump durant la campagne électorale de 2016 et son premier mandat. En 2017, il a occupé brièvement le poste de conseiller à la sécurité nationale avant de conseiller le vice-président Mike Pence. Plus récemment, il a travaillé avec l’America First Policy Institute (AFPI), un think tank conservateur, pour élaborer un programme politique pour un futur gouvernement Trump.
Le plan de paix proposé par Kellogg
Kellogg, en collaboration avec l’ancien analyste de la CIA Fred Fleitz, a mis au point un plan visant à mettre fin au conflit en Ukraine. Leur proposition, présentée à Trump en juin, stipule que pour continuer à recevoir des armes américaines, le président ukrainien Volodymyr Zelensky doit être ouvert à des négociations de paix avec la Russie. En retour, Trump devrait inciter Vladimir Poutine à s’asseoir à la table des négociations en menaçant d’accroître l’approvisionnement en armement à l’Ukraine.
Durant les pourparlers, il est suggéré que les armes le long de la ligne de front se taisent. Pour inciter Moscou à trouver un accord, Washington pourrait envisager de retarder l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN et de réduire certaines sanctions économiques contre la Russie. En parallèle, l’Ukraine devrait recevoir des garanties de sécurité ainsi que d’autres envois d’armements américains, à condition qu’elle accepte une solution diplomatique au conflit.
Kellogg et Fleitz insistent sur le fait que l’Ukraine ne doit pas abandonner son ambition de récupérer ses territoires, mais elle doit se préparer à une résolution pacifique du conflit. Ils prévoient que cela nécessitera une avancée diplomatique qui pourrait ne pas se concrétiser tant que Poutine reste au pouvoir. En théorie, cela signifierait un gel du conflit le long de la ligne de front actuelle, sans reconnaissance des gains territoriaux russes par l’Occident.
Toutefois, la mise en œuvre de ce plan soulève des questions. L’Ukraine, bien que dans une position affaiblie, n’est pas encore prête à négocier. Pour que Zelensky puisse aborder les discussions avec force, Trump devrait d’abord intensifier les envois d’armements puissants à Kiev. Sinon, Poutine pourrait ne pas être enclin à négocier, ses troupes continuant à avancer, même lentement.
En outre, un gel du conflit assorti de garanties de sécurité, mais sans adhésion à l’OTAN, pourrait représenter un risque pour l’Ukraine. Les États-Unis, la Russie et le Royaume-Uni avaient déjà assuré la sécurité de l’Ukraine dans le mémorandum de Budapest de 1994, en échange de la renonciation de Kiev à son arsenal nucléaire. Cependant, cet engagement a été largement ignoré, surtout après l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014. Qu’est-ce qui empêcherait donc Poutine de commettre de nouvelles agressions si l’Occident ne soutenait pas adéquatement l’Ukraine ?
Enfin, la perspective d’une récupération pacifique des territoires dans le sud-est de l’Ukraine semble peu probable dans un avenir proche, nécessitant un bouleversement politique en Russie ou une résistance dans l’est de l’Ukraine, deux situations imprévisibles. Plus le régime russe perdure, plus le fossé social avec le reste de l’Ukraine pourrait se creuser.
Il est donc peu probable que Kellogg puisse réaliser la promesse électorale de Trump de résoudre ce conflit en un jour.