Oleh Senzow, cinéaste et officier ukrainien, a réalisé un documentaire poignant intitulé ‘Real’, capturant des moments de guerre grâce à sa caméra de casque. Initialement, il ne prévoyait pas de documenter son expérience, mais des amis l’ont encouragé à partager ses images. Le film offre une immersion dans la vie quotidienne des soldats dans une tranchée, révélant l’intensité et l’émotion de la guerre. La première à Kiev a été un moment chargé d’émotion, rassemblant survivants et proches des disparus.
Le cinéaste ukrainien Oleh Senzow, également engagé en tant qu’officier, a capturé des moments poignants sur le front grâce à sa caméra de casque. Cela a donné naissance à un documentaire saisissant, qui n’était pas initialement prévu.
Oleh Senzow considère que la création de son nouveau film ‘Real’ est le fruit d’une coïncidence. En tant qu’officier de l’armée ukrainienne, il n’avait pas l’intention de documenter son expérience sur le champ de bataille.
Ses amis l’ont encouragé à partager les images qu’il avait enregistrées, raconte-t-il.
Des souvenirs qui ressurgissent
Ce n’est que quelques mois après l’enregistrement que Senzow a réalisé qu’il avait encore cette vidéo sur sa caméra, un moment qu’il avait d’abord envisagé d’effacer. En revoyant le contenu, il est envahi par des souvenirs intenses.
Des proches lui ont alors suggéré de dévoiler ce matériel. Le film, d’après de nombreux critiques, se caractérise par une immersion profonde dans l’atmosphère de la guerre, souligne Senzow.
‘On comprend que ce n’est qu’une petite partie de l’ensemble ; on ne voit pas tout, ni ne comprend tout, mais on ressent réellement ce qui se passe là-bas. C’est l’essence même : l’émotion de la guerre.’
Le documentaire a été réalisé sans montage, à l’exception de quelques ajustements sonores.
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Une expérience immersive dans la tranchée
Le spectateur vit les événements à travers les yeux de Senzow, coincé avec son unité dans une tranchée.
Entassés dans la boue, il est difficile de déterminer d’où proviennent les tirs. S’agit-il de leurs propres troupes ou de l’ennemi ?
La communication avec le commandement est souvent intermittente. Les malentendus s’accumulent, tandis que les gémissements des blessés résonnent en arrière-plan. Les drones de reconnaissance survolent la zone, intensifiant ainsi la tension au fil du film.
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Un film comme témoignage
Senzow décrit son œuvre ‘Real’ non pas comme un simple documentaire, mais comme un véritable document. ‘C’est une heure et demie de vidéo capturée presque par accident, qui illustre en un seul plan la vie quotidienne des soldats dans une tranchée.’
L’impact de ‘Real’ sur le public ne dépend plus de lui. De nombreux spectateurs sont profondément touchés par la puissance et l’intensité du film dès la première projection. ‘Je me sens dévasté. Je n’ai pas de mots. Nous devons agir. C’est ce que je ressens’, confie un spectateur.
Un moment chargé d’émotion à la première
Lors de la première à Kiev, tous les survivants de cette mission étaient présents, ainsi que les proches des disparus. C’était un moment particulièrement émouvant lorsque Senzow les a présentés à la fin du film.
Parmi eux se trouve Schuja, qui apparaît fréquemment dans ‘Real’ et semble étonnamment serein dans toutes les situations. Personne dans son unité n’a cédé à la panique. Il attribue cela à l’adrénaline et à la concentration sur la survie. Après la projection, Schuja déclare ne pas ressentir de négativité en regardant le film.
‘Je ne peux pas percevoir les émotions des autres spectateurs. Nos expériences sont différentes. Pendant la guerre, j’ai vécu des situations bien plus terrifiantes’, explique-t-il.
En visionnant ce film, il constate qu’il dépeint une journée ordinaire en temps de guerre. Rien de réellement dramatique ne s’y passe. Mais pour ceux qui viennent de la vie civile, c’est une révélation troublante. ‘Mais moi, je ne ressens pas cela’, conclut Schuja.