La douleur d’un père turc symbolise la tragédie du tremblement de terre


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Kahramanmaras (Turquie) (AFP) – C’était un moment encapsulant la douleur indicible du tremblement de terre turc : un père tenant la main de sa fille de 15 ans, la seule chose visible après que son corps a été écrasé par le béton.

Mesut Hancer était assis seul dans le froid glacial sur un tas de briques cassées qui étaient autrefois sa maison, inconscient du monde et submergé par le chagrin.

Sa fille, Irmak, était morte. Mais il a refusé de la laisser partir, caressant les doigts qui sortaient d’un matelas sur lequel la fille dormait lorsque le premier tremblement d’avant l’aube a frappé lundi.

Il n’y avait pas d’équipes de secours. Les survivants se frayaient frénétiquement un chemin à travers les décombres pour retrouver des êtres chers, des morceaux de leurs maisons jetés dans la rue jonchée de débris.

Des cadres de lit gisaient sur des balcons brisés. Des vêtements et des jouets déchirés racontaient l’histoire de vies perdues.

Il était trop tard pour Irmak, l’une des quelque 20 000 personnes dont la mort a été confirmée dans le tremblement de terre le plus puissant qui ait frappé la Turquie et la Syrie en près d’un siècle.

Mais Adem Altan, un photographe chevronné de l’AFP qui s’est précipité sur les lieux depuis Ankara, ne pouvait détacher ses yeux du père immobile et silencieusement en deuil.

Il a braqué sa caméra sur Hancer à 60 mètres (200 pieds) de distance. C’était un moment délicat. Mais au lieu de chasser Altan, le père l’a appelé.

« Prends des photos de mon enfant », cria Hancer d’une voix basse et tremblante.

‘J’étais sans voix’

Le père voulait que le monde voie son chagrin et celui de sa nation. Et il l’a fait.

La photographie de l’AFP a fait la une des principaux journaux du monde, dont le Financial Times et le Wall Street Journal.

Alors que le photographe de l’AFP Adem Altan prenait des photos, Hacer l’a exhorté à photographier sa fille © Adem ALTAN / AFP

« Pendant que je prenais des photos, j’étais tellement triste. Je n’arrêtais pas de me répéter ‘quelle douleur immense’. Je ne pouvais pas m’empêcher de pleurer », se souvient Altan.

« J’étais sans voix. »

Altan a demandé à Hancer son nom, puis le nom de sa fille.

« Il parlait avec difficulté, donc je ne pouvais pas trop lui parler », a déclaré Altan.

Altan ne pouvait pas poser trop de questions car tout le monde devait observer le silence pour entendre s’il y avait des survivants sous les décombres.

Le photographe de l'AFP Adem Altan a reçu des milliers de messages de personnes du monde entier souhaitant apporter leur soutien
Le photographe de l’AFP Adem Altan a reçu des milliers de messages de personnes du monde entier souhaitant apporter leur soutien © Volkan NAKIBOGLU / AFP

Photographe pendant 40 ans, dont 15 à l’AFP, Altan savait que la photographie représentait la douleur de la Turquie.

Mais son impact mondial l’a surpris. Il a été partagé des centaines de milliers de fois en ligne.

Altan a reçu des milliers de messages de personnes du monde entier souhaitant offrir leur soutien.

« Beaucoup m’ont dit qu’ils n’oublieront jamais cette image », a-t-il déclaré.



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