L’Europe prévoit d’investir jusqu’à 800 milliards d’euros dans l’armement, entraînant une hausse des actions militaires. Cependant, le financement de ces dépenses pose des questions, notamment sur la dépendance aux importations d’équipements militaires et les risques d’une surévaluation des entreprises. Malgré des prévisions de croissance économique liée à l’augmentation des dépenses militaires, les inquiétudes persistent quant à l’endettement et aux tensions géopolitiques qui pourraient affecter le marché.
Investissement Européen dans l’Armement : Un Avenir Économique Incertain
L’Europe se prépare à injecter des centaines de milliards d’euros dans le secteur de l’armement, entraînant une hausse spectaculaire des actions des entreprises militaires. Cependant, la question se pose : comment financer ces dépenses pour renforcer la sécurité dans un monde en mutation ? L’argent destiné à l’industrie de l’armement peut-il vraiment stimuler la croissance économique comme certains le prédisent ? Quels sont les sentiments des investisseurs à ce sujet ?
Analyse du Marché de l’Armement
Les tensions géopolitiques mondiales et l’anticipation d’une augmentation substantielle des dépenses militaires par les États européens ont propulsé les titres des entreprises d’armement à la hausse. Folker Hellmeyer, économiste en chef chez Netfonds, souligne que l’UE envisage de mobiliser jusqu’à 800 milliards d’euros pour l’armement dans les années à venir. Bien que cela crée une base solide pour les entreprises, le marché est devenu très compétitif, et une correction de 15 à 20 % est envisageable.
Des études, comme celle d’EY, indiquent que l’augmentation des dépenses de défense de 2 à 3 % pourrait entraîner une croissance économique de 0,7 %, ainsi que la création de 660 000 nouveaux emplois. Cette dynamique pourrait-elle expliquer l’enthousiasme observé sur le Dax ? En partie oui, car la production d’armement génère des retombées économiques et des emplois. Toutefois, ces dépenses sont davantage considérées comme des dépenses de consommation à court terme plutôt que comme des investissements durables, laissant l’Europe et l’Allemagne à la traîne en matière d’investissements dans l’économie réelle.
Il est également important de noter qu’environ 80 % des biens d’armement sont importés, ce qui pose des questions sur la capacité de production locale. La dépendance de l’Europe à l’égard de l’importation de matériel militaire souligne une fragilité qui pourrait être atténuée par une diplomatie efficace face à des tensions géopolitiques.
Concernant Rheinmetall, bien que ses actions aient récemment franchi la barre symbolique des 1 000 euros, sa capitalisation boursière de 51,5 milliards d’euros et son ratio cours/bénéfice de 35 soulèvent des préoccupations quant à une surévaluation. Les entreprises du secteur, en raison de la faible concurrence, ont le pouvoir de fixer des prix élevés, ce qui rappelle la situation des fabricants de vaccins pendant la pandémie.
Le financement de ces centaines de milliards d’euros pour l’armement repose essentiellement sur l’endettement, ce qui soulève des inquiétudes sur la capacité des marchés obligataires à faire face à un éventuel afflux massif d’obligations. La situation de l’Allemagne, en raison de son frein à l’endettement, est de plus en plus préoccupante, avec un taux de dette publique atteignant environ 80 % dans un contexte de croissance économique défaillante.
Enfin, la question des tarifs imposés par Trump et leurs implications pour le commerce international soulève des inquiétudes. Bien que les réactions des États-Unis et d’autres pays soient attendues, le risque d’une guerre commerciale totale demeure une préoccupation majeure qui n’est pas encore pleinement intégrée dans les marchés.
En résumé, alors que le marché boursier allemand connaît des fluctuations importantes, il est crucial de rester vigilant face aux défis économiques et géopolitiques qui se profilent à l’horizon. Le récent mouvement des marchés pourrait être interprété comme une correction saine plutôt qu’un retournement de tendance, les grandes entreprises, avec leur pouvoir de fixation des prix, continuant d’influencer l’inflation et la dynamique économique générale.