La France échange le pipeline MidCat contre un nouveau projet déjà controversé


Les dirigeants espagnol, portugais et français se sont mis d’accord jeudi 20 octobre pour remplacer le projet malheureux MidCat – un gazoduc destiné à relier l’Espagne et la France – par un nouveau « corridor d’énergie verte » qui serait, au moins théoriquement, capable de transporter de l’hydrogène.

Au cours des dernières semaines, les Français d’une part, les Espagnols, les Portugais et les Allemands d’autre part, avaient clairement exprimé leurs vues divergentes sur l’avenir du gazoduc MidCat.

La France a jugé le projet inutile et a demandé aux autorités espagnoles et allemandes de prouver son utilité pour faire face à la crise énergétique et renforcer les infrastructures d’énergie verte.

Mais à Bruxelles, en marge d’un sommet européen, le président français Emmanuel Macron, le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez et le Premier ministre portugais António Costa sont parvenus à un accord pour remplacer MidCat par un nouveau projet de « couloir d’énergie verte », surnommé BarMar.

Contrairement à MidCat, BarMar « bénéficierait de financements européens », Macron a dit avant le sommet de jeudi.

L’impasse du pipeline MidCat met à l’épreuve la solidarité énergétique de l’UE

L’appel de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen à une plus grande « solidarité énergétique » de l’UE lors de son discours sur l’état de l’Union pourrait être difficile à réaliser, comme le montre déjà le projet de gazoduc franco-espagnol MidCat – en attente en raison de l’opposition continue de la France.

BarMar, le « couloir de l’énergie verte »

L’Europe s’oriente donc vers le développement d’un nouveau gazoduc qui devrait contribuer à la fois à « l’achèvement du marché européen de l’énergie » et au « renforcement de la transition énergétique dans le cadre du Green Deal », en ouvrant une voie au transport par voie maritime. gaz renouvelable entre Barcelone et Marseille, a annoncé l’Elysée.

Entre autres gaz renouvelables, le projet ouvre la voie au transport d’hydrogène « vert ».

Cependant, Phuc-Vinh Nguyen, chercheur en politique énergétique à l’Institut Delors, a déclaré à EURACTIV France que « pour le moment, le projet est flou ».

Selon lui, « l’absence de calendrier annoncé, et surtout le fait qu’on parie à nouveau sur l’hydrogène sans avoir précisé ses usages prioritaires, fait planer le doute ».

Comme d’autres experts, Nguyen reste sceptique sur l’argument du transport d’hydrogène vert censé justifier le développement de ce nouveau projet.

Nicolas Goldberg, responsable énergie senior chez Columbus Consulting, tweeté qu ‘«il semble moins pharaonique et moins fossilisé que MidCat à première vue. Nous verrons ».

« Nous ne sommes pas pressés »

Et la présidente du régulateur français (CRE), Emmanuelle Wargon, a déclaré à EURACTIV France dans une récente interview que « si le problème est l’hydrogène, alors nous ne sommes pas pressés ».

Nguyen a fait valoir que, d’autant plus qu’en ce moment « le transport de l’hydrogène est difficile et technique […], il est plus logique de le consommer là où il est produit ». Sans parler de la demande importante en électricité d’origine renouvelable que nécessite la production d’hydrogène vert, a-t-il ajouté.

Selon la présidence française, le gazoduc devrait encore avoir la capacité de transporter, de manière « limitée », du gaz naturel, « une source d’énergie temporaire et transitoire ».

Le gazoduc MidCat est peut-être abandonné mais pas son caractère gazier, qui était au cœur du conflit autour de son redéveloppement, comme l’a rappelé l’eurodéputée française des Verts/ALE Marie Toussaint. Twitter.

« Macron s’est affirmé comme un défenseur du climat en s’opposant à MidCat, mais vient d’accepter une nouvelle connexion gazière maritime », a-t-elle tweeté.

Par ailleurs, le collectif « Non à MidCat » a souligné que le projet reste « une aberration pour le climat et la biodiversité », car « les fonds marins méditerranéens entre Barcelone et Marseille sont extrêmement riches et menacés ». [and] bénéficie d’un haut niveau de protection de l’environnement… », rapporte France3 régions.

Pour le moment, le projet n’a été qu’annoncé, sans détails concrets. Un accord devra être ratifié par les dirigeants les 8 et 9 décembre à Alicante, en Espagne.

La semaine prochaine, Emmanuel Macron devrait également rencontrer le chancelier allemand Olaf Scholz, qui était favorable au projet MidCat, a confirmé l’Elysée.

[Edited by Zoran Radosavljevic]





Source link -42