La France se retrouve pour la première fois avec des coûts d’emprunt supérieurs à ceux de la Grèce, marquant un tournant inquiétant pour son gouvernement. Alors que des tensions politiques émergent, notamment avec le Front Populaire et le Rassemblement National menaçant le budget de Michel Barnier, la perception des investisseurs se dégrade. La situation financière de la France, avec une dette à 112 % du PIB et un déficit de 6 %, soulève des inquiétudes quant à sa solvabilité, désormais comparable à celle de la Grèce.
Pour la première fois, la France fait face à des coûts d’emprunt supérieurs à ceux de la Grèce, une nation autrefois en faillite. Alors que la coalition Ampel en Allemagne connaît des turbulences, le gouvernement français à Paris se retrouve à un tournant critique, pris entre les extrêmes de gauche et de droite.
Jeudi matin, une atmosphère de tension a envahi le palais de l’Élysée à Paris. Les écrans affichaient une réalité inquiétante pour le gouvernement français : les rendements des obligations d’État françaises à dix ans ont atteint 3,02 %, dépassant pour la première fois ceux des obligations grecques similaires, qui s’élevaient à 3,01 %. Bien que cette panique ait été de courte durée, la France a ressenti ce que signifie être perçue par les marchés comme un débiteur à risque, au même titre que la Grèce.
Ce moment d’angoisse historique représente un tournant pour la France. Avec des coûts d’emprunt légèrement au-dessus de 3 %, le pays n’est pas encore en situation critique où l’emprunt de nouvelles dettes deviendrait insoutenable. Ces chiffres sont bien loin des rendements à dix ans de la Grèce pendant la crise de l’euro en 2011, qui dépassaient les 30 %. Cependant, cette situation met en lumière la façon dont la crise budgétaire en France modifie la perception des risques par les investisseurs, qui considèrent désormais la France comme un des débiteurs les plus à risque de la zone euro.
Un gouvernement de Barnier en péril dès lundi
Dès lundi, la situation pourrait basculer. Le Front Populaire, une coalition de gauche, a annoncé son intention de renverser le gouvernement minoritaire de Michel Barnier au Parlement s’il tentait de faire adopter son budget. Parallèlement, le Rassemblement National de Marine Le Pen menace de soutenir une motion de censure si ses exigences ne sont pas satisfaites. Le Pen devient ainsi un acteur clé dans ce jeu politique. Barnier a déjà tenté d’apaiser les tensions en abandonant ses projets d’augmentation de la taxe sur l’électricité, mais cela ne semble pas suffisant. Elle exige également que Barnier lie les retraites à l’inflation et abandonne les propositions de remboursement des faibles coûts des médicaments par l’État français.
Barnier se retrouve donc dans une impasse. Pour faire passer son budget, il a besoin d’une majorité, mais la situation financière précaire de la France ne laisse aucune place pour des programmes de bien-être, qu’ils soient de gauche ou de droite. Il doit réaliser des économies de 60 milliards d’euros à travers une combinaison de réductions d’impôts et de coupes budgétaires. La France, avec une dette d’environ 112 % de son produit intérieur brut (PIB), doit faire face à un déficit d’environ 6 %.
La lutte autour du budget français est un véritable casse-tête, qui offre un aperçu des défis auxquels pourrait faire face le futur gouvernement en Allemagne. Bien que, selon les sondages actuels, ni l’extrême droite AfD ni le BSW populiste de gauche ne semblent capables de faire pression sur le gouvernement allemand comme le fait le gouvernement de Barnier en France, la situation financière à Berlin apparaît bien plus stable, avec un taux d’endettement d’environ 65 %.
La France, un nouveau point focal de l’instabilité dans la zone euro
Face à cette crise politique latente et à la menace d’une nouvelle secousse dans la zone euro, la France a été progressivement mise à l’écart sur les marchés. En réalité, la solvabilité de Paris se trouve désormais au même niveau que celle de la Grèce, et même derrière celle du Portugal, de l’Irlande et de l’Espagne, pays qui avaient autrefois été au cœur de la crise de l’euro. Leurs coûts d’emprunt sont aujourd’hui inférieurs à ceux de la France, et même l’Italie, perçue comme un pays en difficulté avec sa dette, n’est plus très éloignée de la France. L’écart de rendement entre les obligations françaises et italiennes à dix ans a été réduit à seulement 40 points de base, alors qu’il était deux fois plus important il y a deux mois.
Plus que le niveau actuel de la dette ou les rendements obligataires, c’est la tendance des finances publiques françaises qui suscite de vives inquiétudes. Alors que l’Irlande, le Portugal et la Grèce ont réussi à réduire leur dette ces dernières années, la France semble suivre une trajectoire inverse. ‘Même si le gouvernement parvient à atteindre ses objectifs de consolidation, la France continuera à afficher un déficit budgétaire élevé’, déclare un analyste de Barclays au ‘Telegraph’. ‘Il apparaît que la politique française va bientôt entrer en conflit avec les marchés obligataires’, cite un autre stratège d’investissement dans le ‘Financial Times’. ‘Nous avons une idée de l’issue probable.’