La Géorgie face à un scrutin décisif : un choix crucial entre l’Occident et la Russie

La Géorgie face à un scrutin décisif : un choix crucial entre l'Occident et la Russie

Le 26 octobre, les électeurs géorgiens ont participé à des élections parlementaires cruciales, marquées par une opposition croissante au parti au pouvoir, accusé de se rapprocher de la Russie. Les sondages prévoient une potentielle coalition d’opposition pro-européenne, tandis que des incidents de violence et des accusations de fraude ont terni le scrutin. La présidente pro-européenne a souligné l’importance de ce vote pour l’avenir démocratique de la Géorgie, alors que des réformes majeures sont envisagées si l’opposition réussit.

Les électeurs géorgiens se sont mobilisés le samedi 26 octobre pour des élections cruciales qui façonneront l’avenir européen de cette jeune démocratie. Ce scrutin est marqué par des inquiétudes croissantes concernant la dérive du parti au pouvoir vers des influences russes.

Un affrontement décisif entre l’opposition et le parti au pouvoir

Cette élection parlementaire met en lumière une coalition inédite d’oppositions pro-européennes qui s’oppose au rêve géorgien, actuellement au pouvoir et accusé de nuire à la démocratie tout en fléchissant vers Moscou. Bruxelles a clairement indiqué que les résultats de ce vote auront un impact significatif sur les ambitions de Tbilissi, candidat à l’adhésion à l’Union européenne.

Les sondages dans ce pays de quatre millions d’habitants suggèrent que les partis d’opposition pourraient rassembler suffisamment de voix pour former une coalition et remplacer le rêve géorgien, dirigé par le puissant milliardaire Bidzina Ivanishvili.

Alexandre Guldani, un étudiant de 18 ans, a exprimé son choix : ‘Bien sûr, j’ai voté pour l’Europe. Je préfère vivre en Europe plutôt qu’en Russie. J’ai donc voté pour le changement.’

La présidente pro-européenne, Salome Zurabishvili, a souligné que ce vote ‘déterminera l’avenir de la Géorgie’, tandis que Tina Bokuchava, présidente du parti d’opposition Mouvement national uni, a promis une ‘grande journée de victoire nationale’.

Des incidents perturbateurs et des accusations de fraude

La Commission électorale centrale a rapporté 133 incidents de violations, tandis que Zurabishvili a évoqué des ‘incidents de violence troublants’ dans plusieurs bureaux de vote. Des vidéos montrant des altercations entre des hommes non identifiés à l’extérieur d’un bureau de vote à Tbilissi ont circulé sur les réseaux sociaux. De plus, l’opposition a diffusé des images d’un supposé bourrage d’urnes dans le village de Sadakhlo.

Bokuchava a dénoncé les actions des ‘voyous de Bidzina Ivanishvili’, affirmant qu’ils étaient désespérés et prêts à tout pour conserver le pouvoir, y compris intimider les électeurs et frapper les observateurs. En revanche, Mamuka Mdinaradze, un leader du parti au pouvoir, a qualifié ces accusations de ‘provocation’ orchestrée par l’opposition, tandis que la commission électorale a annulé tous les votes de ce bureau.

Le rêve géorgien a exprimé sa confiance quant à la possibilité de remporter une majorité écrasante des 150 sièges au parlement, incitant à une ‘mobilisation maximale’ de ses partisans.

Les bureaux de vote ont fermé à 16h00 GMT, avec des résultats préliminaires attendus dans la nuit. L’analyste Gela Vasadze a averti que si le parti au pouvoir s’efforçait de rester aux commandes indépendamment du résultat, des troubles post-électoraux pourraient survenir.

Au pouvoir depuis 2012, le rêve géorgien a d’abord suivi une politique libérale pro-européenne, mais a récemment changé de cap, alimentant des théories du complot sur un ‘parti de guerre mondial’ qui contrôlerait les institutions occidentales.

Un enjeu majeur pour la démocratie géorgienne

Le vote de ce printemps sur une loi controversée sur ‘l’influence étrangère’, ciblant la société civile, a engendré des manifestations massives et a été critiqué comme une tentative de museler la dissidence. Cette loi a conduit Bruxelles à suspendre le processus d’adhésion de la Géorgie à l’UE, tandis que Washington a imposé des sanctions à plusieurs responsables géorgiens.

Le parti au pouvoir a également intensifié une campagne contre les minorités sexuelles, suite à des mesures récentes interdisant la ‘propagande’ LGBTQ et annulant les mariages entre personnes de même sexe réalisés à l’étranger.

Des sondages récents indiquent que l’opposition pourrait obtenir une majorité de voix suffisante pour prendre le pouvoir, avec une coalition potentielle incluant le Mouvement national uni de l’ancien président emprisonné Mikheil Saakashvili et Akhali, un nouveau parti dirigé par d’anciens membres de l’UNM. Ensemble, ils ont élaboré une plateforme politique pro-européenne visant de vastes réformes électorales, judiciaires et de maintien de l’ordre.

Ils se sont engagés à former un gouvernement intérimaire multipartite pour mettre en œuvre ces réformes si leur coalition remporte suffisamment de sièges au parlement, avant de convoquer de nouvelles élections.

Un sondage récent mené par Edison Research a révélé que 34 % des électeurs soutiendraient le rêve géorgien, tandis que les alliances d’opposition pourraient atteindre 53 % des voix.