La gestion de crise des pénuries de puces sur la table des négociateurs de l’UE


Les représentants des principales institutions de l’UE discuteront lors d’une réunion technique vendredi 17 mars d’un texte de compromis, obtenu par EURACTIV, sur le mécanisme de surveillance et de réponse à la crise de l’approvisionnement en semi-conducteurs dans la prochaine loi sur les puces.

Le Chips Act est une proposition législative visant à renforcer la capacité de l’UE en matière de semi-conducteurs. Un élément crucial du projet de loi est le soi-disant Pilier III, qui met en place un mécanisme de prévention et de gestion des pénuries de semi-conducteurs.

La législation en est actuellement à la dernière phase du processus législatif, où le Parlement européen, le Conseil et la Commission se réunissent dans des soi-disant trilogues pour parvenir à un accord final.

Mécanisme d’alerte précoce

Les législateurs de l’UE ont introduit le principe selon lequel la gestion des crises devrait être basée sur une cartographie stratégique à long terme que la Commission européenne doit mener en consultation avec les autorités nationales et les représentants des entreprises.

L’idée est que cet exercice de cartographie identifierait les indicateurs d’alerte précoce qui déclencheraient la phase de crise.

Les parties prenantes concernées de l’industrie seront invitées à contribuer à la définition d’un tel mécanisme d’alerte précoce. Le compromis maintient que les demandes d’informations doivent être volontaires et par le biais de données disponibles qui ne couvrent pas commercialement sensibles.

Principaux acteurs du marché

Les autorités nationales compétentes devraient identifier les principaux acteurs du marché établis sur leur territoire national qui jouent un rôle essentiel dans la chaîne d’approvisionnement des semi-conducteurs, tandis que l’exécutif de l’UE identifierait les acteurs critiques au niveau mondial.

La Commission souhaite limiter sa participation à cette cartographie et exclure les acteurs de l’industrie des discussions sur le suivi, la prolongation et la sortie de la phase de crise.

Mesures préventives

Selon le document, la Commission et les autorités nationales compétentes seraient chargées de s’informer mutuellement si elles disposent d’informations fiables sur les risques de perturbations graves dans l’approvisionnement en puces.

Une réunion extraordinaire de l’European Semiconductor Board, un organe réunissant des représentants nationaux, serait convoquée pour discuter de la gravité des perturbations et de l’opportunité d’activer la phase de crise et d’initier des achats conjoints préventifs de semi-conducteurs, de produits intermédiaires ou de matières premières.

La Commission consulterait également les pays tiers concernés pour rechercher des solutions aux perturbations. Les autorités nationales seraient invitées à évaluer l’état de préparation de leurs acteurs clés et de leurs entités critiques.

Secteurs critiques

Un point essentiel marqué pour discussion concerne la liste des secteurs critiques qui pourront bénéficier des mesures d’urgence. Cette liste est tirée de la directive sur les entités critiques, qui comprend des organisations telles que les fournisseurs d’énergie et les banques, avec l’ajout de la défense.

Un point de discorde est de savoir s’il doit y avoir une référence directe à la directive ou si la liste des secteurs critiques doit être incluse dans l’annexe de la loi sur les puces. La différence est qu’une annexe pourrait être modifiée indépendamment de la directive.

Phase de crise

La procédure d’activation de la phase de crise reste très controversée. Le Parlement a défini la phase de crise comme une « menace immédiate pour les citoyens, ainsi que pour le fonctionnement, la sécurité et la défense des infrastructures, de l’économie et des institutions critiques de l’Union ».

Pour la Commission, le concept devrait être limité aux graves perturbations de la chaîne d’approvisionnement des semi-conducteurs provoquant des pénuries importantes qui empêchent l’approvisionnement ou la maintenance des produits essentiels utilisés par les secteurs critiques.

En tout état de cause, lorsque les conditions seront remplies, la Commission devrait demander aux gouvernements de l’UE d’activer la phase de crise à la majorité qualifiée. Le comité européen des semi-conducteurs évaluerait ensuite l’impact attendu de l’imposition éventuelle de mesures de protection et conseillerait sur d’autres mesures efficaces.

Les législateurs européens veulent prescrire qu’avant que les entités de ces secteurs critiques puissent bénéficier de ces mesures d’urgence, elles doivent prouver qu’elles ont fait leurs devoirs en matière de prévention des risques éventuels, une autre disposition à laquelle s’oppose la Commission.

La collecte d’informations

Suite à l’activation de la phase de crise, la Commission devrait lancer des demandes d’informations aux principaux acteurs du marché, en passant par les autorités du pays d’accueil. L’exécutif européen devrait fournir un moyen sûr de collecter et de stocker ces informations.

Pour le Parlement, en cas de fuite de ces informations confidentielles, la Commission ou l’autorité nationale compétente devrait ouvrir une enquête. L’entité concernée aurait le droit de ne pas partager d’autres informations jusqu’à ce qu’une solution soit mise en œuvre.

Commandes prioritaires

Suite au déclenchement de la phase de crise, la Commission pourrait émettre des ordonnances prioritaires pour obliger les installations européennes de puces ayant bénéficié d’aides d’État à produire les semi-conducteurs nécessaires aux secteurs critiques via des ordonnances prioritaires.

La société de puces devrait avoir la possibilité de donner son avis sur la faisabilité de la commande. La Commission doit adopter un acte d’exécution détaillant les modalités pratiques de fonctionnement de ces arrêtés.

Achats courants

La Commission pourrait acheter des produits pertinents pour la crise pour les pays de l’UE qui souhaitent participer aux achats conjoints. Le mandat de cet achat commun serait basé sur un accord signé avec les États membres participants.

[Edited by Zoran Radosavljevic]





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