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Le choix de Pierre-Olivier Costa, actuel directeur de cabinet de Brigitte Macron, pour prendre la direction du Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem), fait bruisser le petit monde de la culture.
L’ancien chef de cabinet d’Emmanuel Macron pendant sa première campagne présidentielle, qui a ensuite officié comme conseiller spécial du président puis auprès de la première dame, a été nommé lundi par le ministère de la Culture pour diriger le musée à partir du 12 novembre.
Depuis l’annonce, nombre d’observateurs et acteurs du milieu s’étonnent du choix effectué par la Rue de Valois. Juriste de formation, Pierre-Olivier Costa a officié plusieurs années à la Réunion des musées nationaux, à la direction du développement des médias rattachée à Matignon ainsi que comme chef de cabinet du président du Centre Pompidou. Toutefois, ses qualifications ne justifient pas, aux yeux de plusieurs hauts fonctionnaires et spécialistes de l’art, une désignation à la tête d’un établissement public composé de plus de 130 employés.
Un CV jugé léger
Le parcours de Pierre-Olivier Costa tranche avec ceux de ses deux prédécesseurs. Bruno Suzzarelli et Jean-François Chougnet, énarques, ont payé l’ensemble de leur carrière aux politiques culturelles. Le premier fut notamment directeur de l’administration générale au ministère tandis que le second a été conseiller au cabinet du ministre Jack Lang et a dirigé la Grande Halle de la Villette et le musée Coleção Berardo à Lisbonne.
Pierre-Olivier Costa « n’a pas du tout d’expérience de management, il n’a jamais dirigé, il n’a jamais rien eu à voir avec le patrimoine, il n’a jamais rien eu à voir avec les musées, il n’a aucune notion d’histoire de l’art. Il n’a jamais exercé au ministère de la Culture un rôle qui lui donne de l’expérience du fonctionnement de ce ministère », observe un ancien directeur au ministère de la Culture.
Le communiqué du ministère souligne les « engagements de Pierre-Olivier Costa dans la sphère culturelle et muséale, et qui est porteuse de nouveaux projets pour le musée », une formulation qui a fait grincer plusieurs observateurs. « Au-delà de certaines apparences, c’est quelqu’un qui n’a absolument aucune carrière au sein du ministère de la Culture », juge un haut fonctionnaire de la Rue de Valois qui connaît bien l’intéressé.
Contacté, Pierre-Olivier Costa a renvoyé POLITICO vers le service de presse du ministère, qui n’a pas répondu.
À Marseille, ville chère à Emmanuel Macron qu’il présente comme « laboratoire de la République », le choix de l’Elysée semble faire écho aux qualités et défauts de l’établissement phocéen. Inauguré en 2013 par François Hollande, le Mucem « est finalement une assez belle coquille dont le contenu ne fait pas consensus », d’après un de ses cadres, ni catastrophé ni enthousiasmé par la nomination.
« La dimension scientifique et la place des collections ne sont absolument pas au cœur de l’identité du musée », ajoute ce même cadre qui l’explique notamment par le fait que les collections qui viennent historiques du Proche-Orient et d’Afrique du Nord ont été affectés au musée du quai Branly.
Manque de transparence
Pour ses détracteurs, outre le cursus du futur président du Mucem, c’est aussi la manière qui ulcère. Aucun avis de vacance et encore moins d’appel à candidatures n’a été publié à la suite de l’annonce récente du départ de Jean-François Chougnet. Le cabinet de la ministre Rima Abdul-Malak nous précise que ce processus n’est pas systématique et qu’elle a bien reçu plusieurs candidats pour le poste. Le ministre a déclaré au Figaro que Pierre-Olivier Costa « a proposé un projet ouvrant le Mucem sur les enjeux de société, dont la jeunesse, la santé ou la biodiversité, le tout dans un esprit pluridisciplinaire ».
Un argument loin de convaincre les sceptiques. « On est dans une nomination totalement discrétionnaire, c’est du pur copinage, s’indigne une conservatrice expérimentée. Ne pas être conservateur n’est pas une honte, mais on ne remplace pas le grand bonhomme de la culture qu’est Chougnet comme cela. On le fait partir pour faire un cadeau. Le haut fonctionnaire de la Rue de Valois abonde : « Pour aller sortir une personnalité de cette nature, évidemment c’est plus simple s’il n’y a pas d’appel à candidatures, parce que rien dans sa carrière et sa personnalité ne le prédestinait à exercer ces fonctions.
Hormis le Mucem, les rumeurs autour d’une candidature des anciens ministres Jean-Michel Blanquer et Jean-Baptiste Lemoyne pour prendre la présidence du château de Versailles ne contribuent pas à apaiser un milieu où les recrutements aux grands postes se font souvent dans l’ opacité. « Le problème, c’est qu’il y a des nominations à la tête d’établissements publics qui sont des hocets de la République, où l’on nomme des gens pour leur faire plaisir car on ne sait pas où les caser », observe Didier Rykner, historien de l’art et fondateur du site La Tribune de l’art.
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