La Guinée équatoriale accueille jusqu’à 200 conseillers militaires russes, chargés de protéger le président Teodoro Obiang, au pouvoir depuis 1979. Ce déploiement s’inscrit dans la stratégie russe d’accroître son influence en Afrique, malgré les sanctions internationales. Les entreprises américaines, autrefois dominantes, voient leur intérêt diminuer. La présence militaire russe pourrait renforcer la sécurité de la dynastie Obiang, alors que le pays produit aujourd’hui moins de pétrole qu’il y a deux décennies.
Selon plusieurs rapports, jusqu’à 200 conseillers militaires russes ont été déployés en Guinée équatoriale, un petit pays d’Afrique centrale riche en pétrole. Dirigé de manière autoritaire par le président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo depuis 1979, ce dernier est, à 82 ans, le dirigeant le plus ancien du continent africain. Son fils, Teodoro Obiang Mangue, occupe le poste de vice-président depuis 2016.
Une Présence Russe Accrue
D’après l’agence de presse Reuters, des sources non identifiées rapportent que ces conseillers militaires, qualifiés de formateurs, ont pour mission de protéger le président Obiang. Ce dernier a accédé au pouvoir par un coup d’État en 1979 et a survécu à de nombreuses tentatives de renversement. La Russie a intensifié son influence militaire sur le continent africain ces dix dernières années, en déployant des conseillers et des troupes dans des pays comme la République centrafricaine, le Mali, le Niger, le Burkina Faso et le Mozambique. L’envoi de militaires en Guinée équatoriale s’inscrit dans une stratégie plus large du Kremlin, qui cherche à renforcer ses liens avec des régimes politiques instables, comme l’analyse l’expert Lanre-Peter Elufisan, co-auteur du « Blood Gold Report ». Ce rapport met en lumière comment le gouvernement russe, avec le soutien de paramilitaires, génère des milliards de dollars grâce à l’exploitation des ressources naturelles en Afrique.
Impact des Sanctions Internationales
Le politologue français Thierry Vircoulon souligne que certaines entreprises pétrolières russes avaient tenté de s’implanter dans le secteur pétrolier africain avant l’invasion de l’Ukraine, en établissant des coentreprises avec des entreprises occidentales. « Ces initiatives étaient principalement situées dans le golfe de Guinée, la zone de production pétrolière la plus importante d’Afrique », précise Vircoulon. Cependant, ces projets d’investissement ont été interrompus par les sanctions internationales imposées à la Russie à cause de la guerre en Ukraine. Vircoulon, qui travaille à l’Institut français des relations internationales, est également co-auteur de l’étude « The Grey Zone », qui examine l’engagement militaire et criminel de la Russie en Afrique.
Avec cette nouvelle présence en Guinée équatoriale, Moscou renforce son influence dans le golfe de Guinée. Les bases de cette coopération ont été établies lors de la visite du président Obiang à Moscou en août dernier, où il a discuté avec le président russe Vladimir Poutine des opportunités de collaboration dans les domaines de la défense et de l’économie. Le 27 septembre, l’agence de presse Interfax a rapporté que les deux nations ont examiné les modalités d’entrée des entreprises russes dans le secteur pétrolier et gazier de la Guinée équatoriale.
Un Intérêt Américain en Déclin
Dans les années 2000, des entreprises énergétiques américaines telles qu’Exxon Mobil Corp. et Marathon avaient investi des milliards dans ce pays d’Afrique centrale. Cependant, l’intérêt des États-Unis pour la Guinée équatoriale a diminué avec l’augmentation de leur propre production énergétique. Actuellement, la Guinée équatoriale produit environ 80 000 barils de pétrole brut par jour, un chiffre bien inférieur au pic de plus de 300 000 atteint il y a deux décennies.
Teodorín Obiang, le fils d’Obiang et vice-président, est connu pour son mode de vie extravagant et passe régulièrement du temps en France et en Suisse depuis plusieurs années. En juillet 2021, la Cour de cassation française a confirmé sa condamnation pour détournement et blanchiment d’argent public. Cette décision a mis fin à un combat juridique de plus de dix ans concernant des actifs volés d’une valeur d’environ 140 millions de francs suisses. La présence militaire russe pourrait renforcer la sécurité de la dynastie Obiang.